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Réunion : Les casinos résistent à la crise et misent sur l’avenir

18 mai 2012, 00:00

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Réunion : Les casinos résistent à la crise et misent sur l’avenir

Avec plus de 500 000 entrées et un produit des jeux dépassant les 45 millions d’euros en 2011, les trois casinos réunionnais réunis se placent en 4e position du classement des casinos français. Ayant plutôt bien résisté à la crise qui a frappé le secteur ces dernières années, ils comptent encore investir en 2012 pour se maintenir à ce niveau honorable.


eux trois réunis, les casinos de Saint-Pierre, Saint-Denis et Saint-Gilles se placeraient en quatrième position au classement national des 195 casinos français, derrière Enghien, Aix-en-Provence et Charbonnières, mais devant Amnéville, Deauville, Bordeaux, et nombre d’autres prestigieux établissements de jeux du pays.

Avec un produit brut des jeux (PBJ, équivalent du chiffre d’affaire pour les casinos) global de 45 443 529 euros et 523 151 entrées comptabilisés sur l’exercice 2010-2011, la Réunion et ses 800 000 habitants s’affichent donc comme une terre où il fait bon jouer, et offrir du jeu.

Alors que le secteur en général sort timidement d’une période de forte baisse de l’activité (-20 % sur les exercices de 2008 à 2010), les casinos réunionnais ont plutôt bien résisté à la crise qui a frappé leurs confrères métropolitains, entraînant encore la fermeture d’un établissement l’an dernier. "Depuis 2007, les lois sur les contrôles d’identité à l’entrée des casinos, la crise économique, et surtout la loi sur le tabagisme passif ont fait très mal aux casinotiers", explique Jean-Charles Ottavi, qui vient de prendre la tête du casino de Saint-Denis. "Mais à la Réunion, comme souvent les îles en général, Corse ou Antilles par exemple, les gens ont un tempérament joueur et continuent malgré tout de fréquenter les casinos."

C’est en effet l’un des points forts des casinos de l’île : ils peuvent compter sur une clientèle majoritairement locale, et être ainsi moins dépendants des aléas du tourisme. "La preuve, c’est que nous n’avons même pas été impactés par la crise du chikungunya en 2006, contrairement aux secteurs de l’hôtellerie", abonde Jean-Louis Dubrana, directeur responsable du casino de Saint-Pierre depuis 2004.

« Miraculeux, vu la crise »

Depuis pratiquement 15 ans, le casino du Sud pointe en tête des casinos de l’île, se maintenant autour de la 40e place au classement national. En 2011, il est descendu de la 41e à la 42e place, avec un PBJ en recul de 2,79 %, à 16 522 486 euros et environ 200 000 entrées dans l’année. "Un léger tassement, reconnaît M. Dubrana. Mais l’année semble redémarrer un peu mieux. Surtout, nous sommes déjà très contents de nous maintenir à ce niveau. Vu le contexte économique et le pouvoir d’achat des gens, c’est miraculeux."

Et si le casinotier n’envisage pas d’agrandir un parc de machine à sous qui en compte déjà 115, "pour ne pas diminuer l’offre de jeu", l’année 2012 sera celle d’un vaste programme de réhabilitation immobilière concernant les bâtiments abritant le casino et l’hôtel contigu Le Sterne. Premier coup de pioche attendu début 2e semestre 2012, "pour remercier notre clientèle par plus de confort, et maintenir ainsi notre leadership sur le département."

Car derrière, ça pousse. Avec un ambitieux projet immobilier, une offre de jeux plus importante et un nouvel accent mis sur le volet restauration (lire par ailleurs), la nouvelle direction du casino de Saint-Denis entend bien remettre le chef-lieu "à la place qui devrait être la sienne", explique Jean-Charles Ottavi. Fort d’une belle progression en 2011, ayant fait passer l’établissement de la 55e à la 49e place du classement national (PBJ en hausse de 5,44 % à 15 262 058 euros, pour 189 537 entrées), Saint-Denis revient sur les talons de la capitale du Sud. Et la volonté de la municipalité d’accompagner cette expansion vient encore d’être démontrée, avec une délibération autorisant l’achat de 120 machines à sous supplémentaires, pour un parc à 250 "bandits manchots".

Poker plus sûr

Saint-Gilles, après une belle poussée de la 71e place en 2009 à la 62e place du classement national en 2010, reste le troisième des casinos réunionnais, et gagne encore une place en 2011 (61e), avec un produit brut des jeux évalué à 13 658 985 euros pour 133 314 entrées comptabilisées. Son directeur, Gilles Asencio, note "une tendance à la stabilisation", malgré une légère baisse du nombre d’entrées, et n’évoque pas de projet de modification majeur pour les années à venir. Il note en revanche la belle tenue des tables de poker (le casino en compte cinq de plus), ayant généré un produit des jeux avoisinant les 400 000 euros en 2011.

Un développement du poker auquel la Réunion n’a pas échappé avec la mode du Texas Hold’Em, et qui se ressent également dans l’activité des casinos. Les autorités insistent d’ailleurs pour recommander aux joueurs d’utiliser les tables des casinos, plus sures que les tables clandestines qui se sont multipliées ces dernières années un peu partout dans l’île. Des cercles où l’on n’est jamais à l’abri de tricheurs ou de mauvais payeurs, sans voie de recours possible.

Les jeux de tables restent néanmoins loin derrière les machines à sous en ce qui concerne le produit brut des jeux de la Réunion dont elles représentent près de 95 %. En cumulé, les Réunionnais ont fait gagner aux casinos 43 565 882 euros avec les machines à sous en 2011, pour "seulement" 1 877 647 euros aux jeux de tables.

Sébastien Gignoux

(Source : Le Journal de l’île de la Réunion)