Publicité

Réunion : La réouverture du sommet des cratères à nouveau en question

13 janvier 2009, 01:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

A l’initiative de la préfecture, une nouvelle reconnaissance a été menée hier matin au sommet du Piton de la Fournaise dans la perspective de sa réouverture au public. Ce n’est pas tant la stabilité des plates-formes d’observation envisagées dès le mois d’avril 2008 qui fait débat, mais la question de la responsabilité des autorités en cas d’accident.

Philippe Le Moing-Surzur, directeur de cabinet du préfet, a mouillé sa chemise hier matin, en montant à pied au sommet du piton de la Fournaise. Après des mois d’atermoiement, et confrontée à la fréquentation sauvage et grandissante du site la préfecture a pris par la main tous les partenaires concernés par ce site emblématique de la Réunion, attraction numéro 1 pour les visiteurs locaux et de l’extérieur, interdit au public depuis une vingtaine de mois. Après avoir déjà annoncé plusieurs fois en 2008 que la réouverture au public du sommet du volcan était en très bonne voie ou même pour “bientôt”, comme les conclusions des précédentes reconnaissances le laissaient envisager, on n’ose cependant plus trop se prononcer aujourd’hui. Philippe Le Moing-Surzur promettait cependant hier soir une réponse pour “dans quelques semaines”. Le principe de plates-formes d’observation déjà reconnues sur le bord est du cratère Dolomieu, surplombant près de 300 mètres de vide, n’est pas remis en cause, d’autant que les dernières éruptions n’ont pas affecté leur stabilité, même celle du 15 décembre dernier, pourtant précédée d’une sismicité intense. Plutôt bon signe. Des travaux de purge y avaient été envisagés dès l’an dernier, pour neutraliser des pans instables en bordure de rempart. Ces pans n’ont semble-t-il pas vraiment bougé depuis. Le tracé d’un itinéraire d’accès bis, par rapport à celui existant avant l’éruption d’avril 2007, est prévu, plus éloigné du bord du cratère. Un pancartage explicatif des risques liés aux vastes zones menacées d’effondrement sur le pourtour du sommet devra également être réalisé, délimitant les zones autorisées et interdites.

Informations et bonnes pratiques

Ces précautions visent évidemment à assurer l’accès des visiteurs dans des conditions de sécurité acceptables. Ces aménagements auraient pu être entrepris dès le milieu de l’année 2008. Mais le frein est venu d’ailleurs. En cas d’accident, ce serait l’Etat qui porterait le chapeau. Le préfet, tenu de garantir la sécurité de la population l’ONF, gérant du site, ont déjà eu à répondre d’un accident tragique en 2003. Echaudés, ils n’avaient pas envie de donner les verges pour se faire battre. C’est pourquoi hier, il y avait du monde au bord du cratère Dolomieu : des représentants officiels du tourisme de l’île (Région) aux experts géologues en passant par les secouristes et le conseil général, chacun a été invité à se mouiller. Résumé par Philippe Le Moing-Surzur, cela donne : “On a partagé une analyse commune cela a permis à chacun, à partir de sa compétence personnelle, d’expliquer sur site ses analyses et ses conclusions”. En quelque sorte, la décision de réouverture qui sera prise l’aura été en toute connaissance de cause, chacun devra assumer. Le public, lassé de cette fermeture prolongée, et qui a montré qu’il était prêt à passer outre les interdictions d’accès, au prix de risques non calculés, devra lui aussi assumer les risques inhérents à la pratique de la montagne mais en limitant l’exposition aux dangers grâce à l’écoute des recommandations et au respect des bonnes pratiques. Se mettre en difficulté est une faute, rappelle le directeur de cabinet du préfet. Olivier Robinet, directeur du parc national, présent lors de la reconnaissance d’hier, compte sur l’information la plus large possible - plutôt absente jusqu’alors, puisque l’interdiction d’accès au sommet était censée empêcher toute exposition au danger. Sur le plan pratique, le public aura le dernier mot, de toute façon.

François Martel-Asselin
(Source : Le journal de l’île de la Réunion)

Le journal de lle de la Runion