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Réunification des bleus: lorsque Grégoire joue au facilitateur et au pacificateur

6 septembre 2009, 00:00

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Réunification des bleus: lorsque Grégoire joue au facilitateur et au pacificateur

 
«La réunification des bleus s’insère dans la logique d’unir la nation mauricienne coûte que coûte… même à travers la politique.» C’est ainsi que le père Jocelyn Grégoire justifie le rôle qu’il a joué dans le raccommodage entre le PMSD et le PMXD.

Le rapprochement entre les deux formations a eu lieu jeudi soir à l’issue d’un bureau politique du PMSD qui a vu la démission d’Eric Guimbeau.

Le président de la Fédération Créoles Mauriciens (FCM), Jocelyn Grégoire, pour sa part, déclare qu’il a agi pour bien le commun du PMSD et du PMXD. Il reprend, à cet effet, une partie du manifeste de la FCM où est définie la démarche politique du mouvement: «Chacun a une idéologie politique, mais tous doivent agir dans l’intérêt commun.» Le père Grégoire se défend, toutefois, d’être l’artisan de ce rapprochement entre les frères ennemis. Il insiste sur le fait que cette réunification a été voulue par les deux leaders. «Mon rôle de facilitateur a été rempli avec le départ du PMSD du bloc du MMM/UN», explique-t-il.

Cependant, au sein de la FCM et de l’église, certaines voix s’élèvent contre l’initiative de leur président. Ce qui n’émeut pas outre-mesure le principal concerné. «Ma tête n’est pas mise à prix comme le prétendent certains. Jamais, je n’ai pris position au nom de l’église catholique. Surtout lorsque j’ai commencé le dialogue avec les bleus», s’insurge, à cet effet, le président de la FCM.
Quant aux éventuels rapprochements d’autres forces politiques, le père Jocelyn Grégoire confie qu’il répondra présent si on fait appel à lui. «Si Paul Bérenger demande mon intervention, je serais prêt à l’aider», soutient-il.


Ils sont nombreux à se poser la question de savoir quel est le sens de la l’action politique du prêtre Grégoire? A cette question, les membres de la Fédération Créoles Mauriciens, de leur côté, ont des appréciations diverses.

La Fédération Créoles Mauriciens se retrouve, en effet, dans une situation confuse depuis que son président a accepté de participer à un dîner politique. Des membres influents du mouvement, agacés, ont même choisi de ne plus répondre à leurs téléphones portables de peur de tomber sur un journaliste…

La frontière de l’action entre l’homme d’église et le citoyen brouille les lectures. D’une part, certains ne comprennent pas l’initiative de l’homme d’église. De l’autre, ils sont un certain nombre à accepter que l’un des prêtres de l’église puisse choisir d’être un homme ayant une action politique.

«Il ne s''est pas présenté en tant que prêtre ni au nom de la FCM mais en tant qu''ami des bleus. Le père Grégoire a réuni la famille bleue. On est fier de lui. Il ne pouvait y avoir une discussion sans guérir les blessures. Le père Grégoire a réuni une famille qui s''est brisée depuis quatorze ans. Nous le félicitons. L''église a rappelé ses principes mais le père Jocelyn Grégoire n’a pas participé à ce dîner en tant que prêtre.» Ce point de vue est celui d’Edley Chimon, membre de l’exécutif de la FCM. Selon lui, la FCM n''a rien à reprocher au père Jocelyn Grégoire. Jocelyn Grégoire a fait ce qu''il avait à faire.

De Jimmy Harmon, l’un des «accompagnateurs» de la FCM, certaines nuances s’imposent. Il parle ainsi d''une maladresse et d’une erreur de parcours du père Grégoire. «Il ne faut pas que les acteurs de la cause créole remettent en question l''engagement de la FCM», précise-t-il cependant.

«L''église a rappelé les principes de distance entre la religion et la politique. Le père Grégoire a exprimé sa position, un membre de la FCM s''est également exprimé. Il faut, à présent, réfléchir à la suite à donner au mouvement en toute sérénité», estime Jimmy Harmon.

Reste désormais à savoir quelle suite le président de la FCM souhaiterait donner à son action…

Natacha Martin/Florian Lepoigneur