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A Réduit : Les entomologistes mauriciens préparent une guerre contre la mouche de fruits

29 avril 2012, 00:00

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A Réduit : Les entomologistes mauriciens préparent une guerre contre la mouche de fruits

Le service d’entomologie du ministère de l’Agro-industrie a fait d’immense progrès dans le domaine de la lutte contre la mouche de fruits qui menace les récoltes de fruits et celle des légumes. Il mettra incessamment à l’épreuve la compétence acquise dans le domaine de la rupture de la chaîne de reproduction des mouches grâce à une méthode biologique dite la Technique de l’Insecte Stérile (TIS).


Ce n’est ni un canular encore moins un poisson d’avril. Maurice est fin prête pour engager sa prochaine guerre biologique. D’ici deux mois dans une localité du nord de Maurice aura lieu le lancement d’un projet pilote de réduction de la population de la mouche des fruits. L’événement a été en préparation depuis au moins cinq ans.

La mouche que les autorités veulent neutraliser  est une véritable gangrène pour le secteur de la production et de la commercialisation de fruits locaux grâce. Avec la collaboration des Américains, les services mauriciens auront recours à l’utilisation d’insectes rendus stériles. C’est donc à une lutte biologique, que se livrera le département d’entomologie du ministère de l’Agro industrie située à Réduit placé sous la houlette du Dr Shradanand Permalloo, Divisional Scientific Officer.

Ce dernier est passionné par son métier. « Si je n’étais pas affecté aux travaux d’entomologie, je ne sais pas si je serais resté en poste aussi longtemps. J’aime ce travail », dit-il.

En même temps le Dr Permalloo est rassuré quant à l’avenir du département qu’il dirige. « Ce qui m’enchante le plus, c’est que l’avenir est assuré. Monsieur Preeaduth Sookar sera le prochain officier à obtenir son doctorat et sera élevé au rang de docteur en entomologie», avance-t-il.

Avec la carte géographique de l’île pour  repérer tout point où les insectes nuisibles sévissent, les pamphlets prêts à être distribués, le bureau de l’employé chargé de distribuer gratuitement les protéines et les pièges à mouches de fruits, les divers documents placés à différents points de la salle, on se croirait dans le bureau d’un chef d’une armée préparant une opération militaire pour traquer un ennemi.

Sauf qu’ici, la cible n’est pas un criminel,  mais  deux types de mouches de fruits :  le Bactrocera zonata, le Ceratitis rosa, originaire du Natal, Afrique du Sud et le Ceratitis capitata de la Méditerranée. Ces insectes constituent une sérieuse menace pour la goyave, le jujube, la pêche, le cœur de bœuf et la mangue « bibasse ».

Par contre les mouches de la catégorie Bactrocera invadens déjà présentes aux Comores et à Madagascar mais pas encore à Maurice sont une menace pour la banane mais peuvent aussi en faire autant à l’ananas ou au letchi.

Cependant, le centre nerveux du département d’entomologie, c’est le laboratoire situé dans un bâtiment d’un étage à environ 150 mètres des bureaux. Au rez-de-chaussée, ce sont les installations pour l’élevage des mouches de fruits dans le cadre de la Technique de l’Insecte Stérile (TIS).

C’est une population de quelque deux millions de mouches génitrices. Elles vont produire les œufs qui seront irradiés au moment où ils atteindront l’étape de pupe, c’est-à-dire le stade intermédiaire entre leur état de larve et celui d’une mouche adulte. Elles seront certes des adultes mais stériles pour leurrer les femelles vivant à l’état sauvage. L’objectif consiste à provoquer artificiellement une rupture dans leur cycle de reproduction.

Autrement, si un accouplement normal est enclenché, la mouche femelle dépose ses œufs dans le fruit et dans un ou deux jours, c’est l’éclosion. En l’espace de 10 à 15 jours, la larve se nourrissant de la chair du fruit passe par une transformation en trois étapes avant de s’enterrer pour se transformer en pupe et atteindre dans un délai de 9 jours, la taille d’une mouche adulte prête à faire des ravages. Une mouche femelle  est capable de pondre jusqu’à 1000 œufs.

A l’étage du bâtiment à Réduit, a lieu l’élevage de mouches stériles pour combattre les ravageurs de légumes. Même approche mais avec quand même une particularité. La séparation de pupe mâle et femelle est indispensable.

Grâce à une bourse, Preeaduth Sookar est parvenu à en maîtriser la technique après six mois de recherche. La séparation des pupes se fait à l’aide d’un équipement sophistiqué installé dans un bâtiment séparé.

Un peu plus loin, c’est l’entrepôt qui abrite l’appareil d’irradiation. Site sous haute surveillance grâce une porte blindée dont l’accès est rigoureusement contrôlé et à un dispositif de surveillance relié directement au système de sécurité d’une société locale et à celui d’un organisme de contrôle basé aux Etats-Unis.

Tout est prêt pour le lancement de l’offensive dans six mois.  On peut se montrer optimiste pour la production fruitière à l’avenir.