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Prolifération d’institutions tertiaires : une campagne qui frôle la dérive marchande

4 mars 2012, 00:00

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Prolifération d’institutions tertiaires : une campagne qui frôle la dérive marchande

Dans son objectif d’avoir un diplômé par famille, le gouvernement accueille favorablement la hausse du nombre d’institutions tertiaires à travers le pays. Toutefois, qu’en est-il de ces « universités » qui se sont lancées dans une réelle compétition pour attirer le maximum d’étudiants ?

Le pays connaît depuis peu une « prolifération » considérable du nombre d’institutions tertiaires. Une tendance coïncidant avec le programme gouvernemental de faire de Maurice à la fois un Regional Knowledge Hub, ainsi qu’un Centre of Higher Learning. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’étudiant en quête d’une formation tertiaire a l’embarras du choix. A ce jour, la Tertiary Education Commission (TEC) recense au total 67 institutions tertiaires, dont 57 dans le domaine privé.

Celles-ci offrent tout type de programmes dans un nombre considérable de disciplines telles que la gestion, la comptabilité, la médecine, la médecine dentaire et la technologie. Un phénomène qui s’inscrit également dans le concept d’un diplômé par famille, initié par le ministre de l’Enseignement supérieur, Rajesh Jeetah. Dans cette optique, le gouvernement souhaite attirer pas moins de 100 000 étrangers sur le sol mauricien.

Ceci dit, pour ces institutions, tous les moyens sont bons pour attirer la « clientèle » face à la rude compétition. Quitte à se lancer dans de grandes campagnes de publicité dans les écoles secondaires ou lors d’événements estudiantins. Le dernier en date est la Mauritius International University and Career Expo organisée par le Rotary Club de Grand Baie tenu le jeudi 9 février au port-franc à Mer-Rouge.

Un évènement ayant accueilli au moins 80 participants. Cette foire internationale a vu des exposants des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Malaisie, de la Chine, de l’Inde, de l’Australie, de l’Ile de la Réunion. Mais les institutions mauriciennes étaient également à l’honneur lors de cette exposition.

Interrogé par lexpress.mu, Dharmanand Fokeer, directeur général de l’Université de Technologie, dit ne pas aimer l’expression « prolifération d’institutions tertiaires ». « A une certaine époque, on utilisait le terme prolifération pour qualifier la hausse du nombre d’institutions secondaires. Ce, alors que des gens qui habitaient dans les villages devaient voyager des kilomètres et des kilomètres pour aller au collège, en ville. Cela, par la suite, a été bénéfique pour tout le monde de voir la construction de ces collèges », explique-t-il.

Dharmanand Fokeer est également d’avis que ces « universités » représentent l’avenir de l’éducation. « Le tertiaire affiche sa présence devant le domicile de tout un chacun. On peut dire que cette campagne de marchandisation peut être bénéfique car ces institutions ont encore besoin d’encadrement », ajoute-t-il.

Campagne d’affichage dans les lieux publics où dans la presse, en passant par des brochures distribuées ici et là. La compétition est bel et bien réelle. En quoi les universités publiques et privées sont-elles différentes ? Pour certains, c’est la crédibilité qui oppose les diplômes entre les deux types d’institution.

Dans le cas d’un protocole de collaboration, l’Université de Maurice, elle-même, est habilitée à décerner des diplômes. Elle est également responsable de la qualité et des normes académiques des diplômes accordés en son nom. Les normes académiques des diplômes décernés dans le cadre d’un accord de collaboration avec d’autres institutions doivent être comparables à celles des diplômes délivrés par l’Université de Maurice.

D’autres sont convaincus que les diplômes délivrés dans les institutions privées ne soient pas reconnus à l’étranger. Cela a été le cas en décembre dernier avec les révélations du « Times of India » affirmant que l’University Grants Commission, en Inde, a établi que les diplômes délivrés par l’Eastern Institute for Integrated Learning in Management (EIILM), à Maurice, ne peuvent être reconnus. Des allégations fortement réfutées par le ministre Rajesh Jeetah.

Selon la Tertiary Education Commission Act et l’Education and Training Act de 2005, aucune institution privée n’a pas le droit d’offrir des cours, en utilisant le terme « Université » ou un terme identique à celui d’une université qui existe déjà, sans l’accord de la TEC.

Le gouvernement est d’avis que pour répondre à ses objectifs, le plus important reste l’espace et les équipements nécessaires pour le développement de ces universités. Eddy Jolicoeur, de l’Université de Maurice, affirme, pour sa part, qu’il y a un manque de Career Guidance pour des étudiants à l’issue de leurs études tertiaires.

Qu’en est-il de cette marchandisation qui prend de l’essor ? La TEC ainsi que le gouvernement ne souhaitent pas faire marche arrière et semblent déterminés à répandre cette pratique à travers le pays. L’objectif étant d’offrir l’enseignement supérieur à un maximum de personnes. Pourtant, Eddy Jolicoeur est d’avis que certaines institutions manquent encore de planification.