Kennedy St-Pierre a découvert la boxe depuis une dizaine d’années. A 17 ans, il dévoile peu à peu son potentiel. Lors de la quatrième édition du Trophée Mohammed VI tenue du 17 au 22 mai à la salle couverte de Benchekroun au Maroc, le Mauricien surprend.

Il décroche le bronze chez les 69 kg. C’est sa toute première médaille sur la scène internationale. La satisfaction est énorme, mais ce qui lui rend encore plus fier, c’est qu’il disputait seulement sa deuxième compétition internationale après les Championnats du monde des Jeunes en Azerbaïdjan (24 avril au 3 mai). Il n’est même pas passé par les tournois régionaux comme ceux de la Commission jeunesse et sports de l’océan Indien.

En demi-finale du tournoi marocain, Kennedy St-Pierre perd de justesse contre le futur vainqueur de la compétition, le Marocain Adil Bella, qui gagne par un point à rien (1-0). Avec le public acquis à sa cause, tout comme les juges, le boxeur du pays hôte l’emporte malgré la domination de son adversaire.

« Il a dicté son rythme tout au long des trois rounds alors que le Marocain était toujours en retrait. C’est St-Pierre qui aurait dû être déclaré vainqueur avec, au minimum, deux points d’avance », commente l’entraîneur national, Jude Bazile.

Lors du tournoi marocain, Kennedy St-Pierre s’est transcendé. « J’ai découvert un potentiel latent. A Marrakech, il a explosé et il a encore une marge de progression conséquente », commente Judex Bazile. Pour Kennedy St-Pierre, le déclic a été naturel. « Aux Championnats du monde des Jeunes, j’ai eu du mal à entrer dans mon combat mais au Maroc, je suis allé droit au but. Le fait que les entraîneurs me fassent confiance une seconde fois d’affilée m’a mis en confiance », lâche Kennedy St-Pierre.

Le pugiliste débute sa campagne à Marrakech le 19 mai contre l’Egyptien Hosam Abdin.

Sur le papier, l’Egyptien de 24 ans est largement favori de par son expérience et son palmarès. « Quand je me suis retrouvé face à lui, je savais qu’il avait plus d’expérience. Déjà, il me paraissait plus vieux et puis il cognait fort. Mais jamais je n’ai eu peur. Je suis monté sur le ring pour gagner », lâche le boxeur de Tranquebar.

Pourtant, Kennedy St-Pierre avait face à lui un gros morceau. L’Egyptien compte une médaille de bronze aux Jeux d’Afrique. Aux Jeux olympiques de Beijing en 2008, il s’est classé cinquième de sa catégorie et compte deux participations aux Championnats du monde en 2007 et 2009. Lors des deux éditions, il s’incline au second tour. Et en prenant connaissance du palmarès de celui qu’il a vaincu par trois points à rien (3-0), Kennedy St-Pierre s’étonne. « Ah, bon ! », s’exclame-t-il avant un court silence. Le 27 mars dernier, Kennedy St-Pierre a, également, démontré qu’il n’était pas de ceux à tergiverser pour obtenir ce qu’il veut.

C’était à l’occasion de la finale des 69 kg des Championnats de Maurice Elites. En quelques secondes, il envoie son adversaire, France Augustin, au tapis pour s’octroyer le titre de champion de Maurice.

Bruno Julie reverdit

 Pour Judex Bazile, l’assiduité qu’a montrée le boxeur à l’entraînement depuis le début de l’année porte ses fruits. « Le potentiel est là, mais il devra maintenir le rythme pour continuer à progresser », insiste Judex Bazile.

L’étape marocaine permet à l’entraîneur national de prendre ses repères pour les Jeux du Commonwealth qui auront lieu du 3 au 14 octobre en Inde.

«Au cours de cette compétition, tout comme lors des Championnats du Commonwealth, nous avons noté que beaucoup de boxeurs optent pour une boxe plus défensive. Richarno Colin (64 kg) et Jonathan Sutton (60 kg) ont des difficultés à établir une stratégie face à ce type de boxe.Nous allons continuer à travailler », explique-t-il.

Parmi les bilans individuels de chaque boxeur, on note la progression de Bruno Julie vers son meilleur niveau. C’est lui qui décroche la deuxième et dernière médaille de Maurice au Maroc. Elle est, également, en bronze. Mais après un passage à vide pour cause de blessure, le médaillé de bronze olympique de 31 ans rassure. On peut toujours compter sur lui. «

Tout doucement, j’arrive à me situer. Aux Jeux du Commonwealth, je serai certainement dans le bon rythme », explique-t-il.

Mais, que ce soit pour les chevronnés ou encore les jeunes talents, le besoin de frottements internationaux est primordial. « Plus on croise des boxeurs de différents pays, plu les boxeurs gagnent en expérience.

Mais tout n’est qu’une question de sous », constate Judex Bazile. En attendant, les boxeurs et les techniciens restent concentrés. Huit pugilistes seront désignés pour représenter le quadricolore aux Jeux indiens.