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Politique monétaire: «Je rejette les attaques du ministère des Finances» dit Bheenick

9 février 2014, 21:40

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Politique monétaire: «Je rejette les attaques du ministère des Finances» dit Bheenick

«Personne n’a dit qu’on va augmenter le Key Repo Rate pour éponger les excès de liquidités.» C’est ce qu’affirme le gouverneur de la Banque de Maurice, qui rejette les attaques du ministre des Finances. Ce dernier avait indiqué que le niveau élevé des excès de liquidités serait davantage aggravé avec une hausse du taux directeur.

 

La hache de guerre est loin d’être enterrée entre le gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), Rundheersing Bheenick, et le ministre des Finances, Xavier-Luc Duval. Le dernier communiqué du Grand Argentier, publié dans un quotidien le vendredi 7 février, a mis de l’huile sur le feu. Il est adressé exclusivement au patron de la BoM, s’attaquant frontalement à sa politique monétaire. Rundheersing Bheenick n’a pas tardé à rejeter ces attaques.

 

Xavier-Luc Duval avait fait la remarque que le niveau élevé des excès de liquidités serait davantage aggravé avec une hausse du taux directeur. Ce que Rundheersing Bheenick a jugé être une mauvaise lecture. «Personne n’a dit qu’on va augmenter le Key Repo Rate pour éponger les excès de liquidités. Nous savons que ce problème est structurel à Maurice et doit être réglé par d’autres outils dont l’émission des instruments. Ce que nous avons fait pendant plusieurs années», souligne le patron de la BoM.

 

Il affirme qu’il n’a pas demandé un chèque en blanc pour stériliser les excès de liquidités. Il l’avait fait mi-2012 en intervenant presque quotidiennement sur le marché de forex. La BoM a acheté près de 1 milliard de dollars sur les 3 milliards de dollars que constituent les réserves du pays en devises. Cette opération a entraîné une augmentation des coûts financiers énormes à la trésorerie de la BoM mais a aussi augmenté les excédents de liquidités vu qu’elle a dû émettre le montant correspondant de ces devises en roupies.

 

Rundheersing Bheenick ajoute que la BoM est allée plus loin en proposant des produits avec des périodes de maturité allant de 21 jours à plus de 5 ans. Et de rappeler que la récente mission du FMI a proposé que cette opération soit assurée conjointement par le Trésor public en émettant des Bons du trésor. D’autant plus que, selon Jaywant Pandoo, Head of Financial Operations à la BoM, c’est le ministère des Finances qui est en partie responsable de ces excès de liquidités en raison de ces emprunts massifs en devises étrangères auprès des marchés financiers internationaux.

 

Quant aux critiques de Xavier-Luc Duval sur ses supposées «préoccupations maladives» par rapport à l’inflation, Rundheersing Bheenick s’en défend. La BoM doit s’assurer que l’inflation demeure à un niveau soutenable. Et d’ajouter que la mission Petri propose «l’Inflation targeting comme une des solutions à ce problème dans l’ébauche de son rapport Articles IV». Enfin, le gouverneur note que si le ministère des Finances trouve que la BoM «has continuously overstated expected inflation», le Trésor public ne fait pas mieux par rapport à ses estimations sur l’inflation ou la croissance, qui sont la plupart du temps à côté de la plaque. 

 

Jusqu’où ira la confrontation entre ces deux hommes-clés des politiques monétaire et économique du pays ? D’aucuns pensent qu’il est temps pour le Premier ministre de jouer à l’arbitre.