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Poids lourds importés : des bombes à retardement sur nos routes

8 avril 2012, 00:00

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Poids lourds importés : des bombes à retardement sur nos routes

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les quatre accidents fatals survenus depuis le début d’année impliquant des poids lourds sont dus à des problèmes dans leur système de freinage. Ce qui soulève la question de contrôle de ces véhicules avant d’être mis sur nos routes…

Qu’ils pèsent 20 ou 40 tonnes, les poids lourds semblent avoir du mal à s’adapter sur nos routes. La majorité d’entre eux, importés d’Europe, sont des véhicules de seconde main. Selon des experts, la durée de vie d’un tel véhicule ne dépasse pas les dix ans. Un avis que partage Akash, chauffeur de camion dans une firme locale depuis 20 ans. « Un camion importé, pesant dans les 30 tonnes, ne peut pas continuer à rouler sur nos routes après dix ans. Il faut savoir que nos routes ne sont pas adaptées pour cela », poursuit-il.

Pour certains, la responsabilité d’assurer que ces véhicules restent en bon état repose sur le conducteur lui-même. « Le chauffeur ne fait pas que transporter une marchandise d’un point à l’autre. Son rôle consiste également à s’assurer que les passagers et lui-même soient en sécurité », soutient Akash.

Et pour cela, la police conseille au propriétaire des poids lourds de respecter les normes de maintenance. « Il est conseillé à tous les conducteurs de poids lourds d’effectuer leurs exercices de maintenance chaque six mois », soutient-on du côté de la Traffic Branch.

En ce qu’il s’agit de l’importation des poids lourds, la loi stipule que comme pour un véhicule normal, l’exportateur, à l’étranger doit présenter un certificat d’inspection, assurant que le véhicule ne comporte aucun problème technique. « Arrivé à Maurice, c’est autour du ministère du Commerce d’entrer en jeu certifiant la qualité du véhicule. Après avoir traversé cette étape, le camion devra être enregistré auprès de la National Transport Authority (NTA) avant d’être mis sur la route », explique Zaïd Ameer, le président de l’Imported Vehicles Dealers Association (DIVA).

Pour Sanjeev Mardaymootoo, président de l’Association des camionneurs indépendants, les raisons pour lesquelles le taux d’accidents fatals impliquant des poids lourds connaît une hausse considérable, c’est que les routes ne sont pas adaptées à de tels véhicules. « Les véhicules à Maurice évoluent, mais les infrastructures routières restent les mêmes. Ajoutons à cela le fait que de nombreux conducteurs sont trop jeunes, manquent d’expérience. C’est un travail qui requiert une certaine expérience », soutient-il. Quatre accidents fatals impliquant des poids lourds ont été répertoriés depuis le début d’année. Parmi les plus récents, celui survenu à Sorèze, le samedi 31 mars, qui a fait deux morts. Selon le témoignage de l’un des survivants de l’accident, le camion frigorifique de la firme Innodis a subi une défaillance dans son système de freinage depuis La Flora.

Les proches de Clifford Lascarie, l’une des victimes de cet accident, soupçonnent un manque de rigueur et de vigilance par rapport aux mesures de sécurité pour le système de freinage du véhicule. D’autres disent que les conducteurs sont souvent contraints de « s’occuper d’abord de la livraison de la marchandise ». Des allégations fortement réfutées par le propriétaire qui assure que toutes les mesures de sécurité ont été prises avant même que le camion ne démarre.