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Philippines: Le sénateur Benigno Aquino favori à l’élection présidentielle

10 mai 2010, 00:00

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Philippines: Le sénateur Benigno Aquino favori à l’élection présidentielle

Les bureaux de votes ont ouvert aux Philippines, pour la première élection utilisant des machines à voter, après un contretemps électronique de dernière minute, et des violences qui ont fait des dizaines de morts. Selon les sondages, le sénateur de l''''opposition Benigno Aquino III (photo) est donné favori.
 
Quelque 50 millions de Philippins inscrits sur les listes électorales sont appelés aux urnes, ce lundi 10 mai, dans 17.600 bureaux pour une élection présidentielle dont le fils de l''ancienne présidente et icône de la démocratie Corazon Aquino devrait sortir gagnant, après avoir fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille.

Le scrutin présidentiel s''accompagne d''élections générales devant désigner près de 18 000 représentants à tous les niveaux de la vie politique de l''archipel.

A la tête du pays depuis 2001, la présidente Gloria Macapagal Arroyo, dont le mandat a été éclaboussé par des scandales de corruption, n''était pas autorisée à se représenter.

Le favori à sa succession est, selon les sondages, le sénateur de l''opposition Benigno Aquino III, fils de l''ancienne présidente Corazon "Cory" Aquino, qui instaura la démocratie aux Philippines après le renversement du dictateur Ferdinand Marcos en 1986, et du chef de l''opposition Benigno Aquino Sr, tué en 1983 lors de son retour d''exil des Etats-Unis par des hommes de Marcos.

Crédité de 42% des intentions de vote selon un dernier sondage publié trois jours avant le scrutin, il devance largement ses principaux adversaires, l''ancien président Joseph Estrada (20%), forcé à la démission en 2001 et condamné pour corruption avant d''être gracié par la présidente Arroyo en 2007, ainsi que le sénateur d''opposition Manuel Villar (19%), l''homme politique le plus riche du pays.

Candidat du Parti libéral (LP), Benigno "Noynoy" Aquino, 50 ans, s''est dit vendredi confiant de sa victoire, à la condition que les électeurs "puissent voter et que leurs votes soient comptabilisés correctement".

Il a en effet dit craindre des risques de fraude, alors que la commission électorale a assuré que les cartes mémoire de plus de 76.000 machines défectueuses seraient remplacées à temps pour permettre la tenue du premier scrutin électronique dans cette démocratie de 90 millions d''habitants.

La commission électorale a rejeté la semaine dernière une requête de six des neuf candidats à la présidentielle, dont M. Aquino, demandant un comptage manuel des votes en cas de défaillance technique des machines.

"Noynoy" Aquino, élu à la chambre basse (Congrès) en 1998 avant de rejoindre le Sénat en 2007, a fait campagne sur un programme de lutte contre la corruption qui gangrène l''archipel, tout comme la pauvreté et la violence, qui a fait une centaine de morts durant la campagne.

Entré tardivement en campagne, après la mort de sa mère en août 2009, il a aussi promis de restaurer la crédibilité du Congrès et de la justice de son pays.

Jouant sur son image d''intégrité -son nom n''a jamais été associé à aucun scandale-, il a affirmé dans une interview à l''Associated Press son intention, en cas de victoire, de poursuivre les responsables corrompus "dans les semaines suivantes" et de mettre en place une commission d''enquête sur la présidente sortante.

Selon des analystes, le succès de M. Aquino reflète le désir des Philippins de combler un vide moral. "Outre son électorat de base, il a su rallier les partisans d''autres candidats et les indécis", explique l''analyste politique Ramon Casiple à l''AP. "Après la mort de Cory, beaucoup ont pensé que Noynoy pouvait être le bon".

"Il est perçu comme une chance de changement", renchérit l''ancien président du Sénat Franklin Drilon, membre comme lui du Parti libéral.

Ses détracteurs pointent toutefois son maigre bilan politique et lui reprochent de se reposer sur l''héritage de ses parents, considérés comme deux icônes de la démocratie.

Un temps au coude à coude avec M. Aquino dans les sondages, Manuel Villar, 60 ans, qui a fait fortune dans l''immobilier avant d''être élu au Congrès, a perdu de sa crédibilité après avoir été accusé par ses adversaires d''avoir usé de son influence pour s''enrichir.

Bien que très populaire parmi les pauvres -un tiers des 90 millions d''habitants vit avec un dollar par jour-, l''ancienne star de cinéma Joseph Estrada, 73 ans, pâtit lui toujours de sa mauvaise réputation à la suite de sa condamnation pour corruption.
Les bureaux de vote ferment à 18h (10h GMT). Les premiers résultats sont attendus aux alentours de minuit lundi (16h GMT)