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Philippines : Le dénouement d’une prise d’otages à Manille fait neuf morts

24 août 2010, 00:00

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Philippines : Le dénouement d’une prise d’otages à Manille fait neuf morts

La police philippine a abattu le lundi 23 août un ancien policier qui a retenu pendant plusieurs heures en otage une quinzaine de touristes dans un autocar en plein centre de Manille.

Les autorités philippines ont annoncé la mort de huit otages. De son côté, avant la publication de ce bilan, la Chine avait fait savoir qu''''au moins sept ressortissants de Hong Kong avaient été tués au cours de cette prise d''otages, et que deux autres personnes avaient été grièvement blessées.

Le chef de la région administrative chinoise, Donald Tsang, a critiqué la gestion par les autorités philippines d''une crise dont les téléspectateurs ont pu suivre le dénouement en direct.

Lourdement armé, le preneur d''otage, un ex-policier de 55 ans, Rolando Mendoza, avait pris le contrôle de l''autocar en début de journée avec 25 personnes à bord, sur une grande artère du principal parc de la capitale philippine.

"Le preneur d''otages a été tué. Il a choisi la confrontation avec nos hommes", a dit à la presse le colonel de police Nelson Yabut. Les autorités affirmaient ne vouloir employer la force qu''en dernier recours.

"Lors de notre premier assaut, le capitaine Mendoza était couché au milieu du couloir et a tiré sur un de nos agents. Lors de notre second assaut, nous l''avons tué", a-t-il ajouté.

Trente membres des commandos de la police philippine équipés notamment de gaz lacrymogènes et de bombes anesthésiantes ont participé à l''opération.

« Gestion décevante »

Au cours de la seconde tentative, Mendoza s''est dirigé vers la porte de l''autocar où des tireurs l''ont abattu, a raconté le colonel Yabut. "Nous avons tout fait pour négocier et parvenir à un dénouement pacifique, mais il ne nous a pas laissé le choix", a-t-il assuré.

Avant d''entrer par l''avant du véhicule, les policiers en ont retiré un corps et quelques minutes plus tard, on a pu voir plusieurs otages descendre du véhicule.

Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, sept ressortissants de Hong Kong ont été tués. Huit autres otages ont été blessés, dont deux grièvement. "Je trouve décevante la façon dont cela a été géré, notamment le dénouement", a dit Donald Tsang, qui dirige la région administrative chinoise, lors d''une conférence de presse.

À l''occasion d''une conférence de presse organisée tard dans la soirée, à minuit, le président philippin Benigno Aquino III, a expliqué que les négociateurs pensaient initialement que la situation se résoudrait d''une manière pacifique, et que Mendoza ne manifestait au début aucun signe de violence à l''égard des otages ou de lui-même.

"Malheureusement, tout cela a changé et ce de manière rapide", a-t-il déploré, avant d''annoncer qu''une enquête serait ouverte afin de déterminer les raisons de la détérioration subite de la situation, précisant que le rôle des médias dans la couverture de cet événement serait examiné à la loupe.

La prise d''otage a duré onze heures. Elle a connu son épilogue plus d''une heure après le début de l''intervention policière. Les forces de sécurité ont tiré sur les pneus du véhicule pour l''immobiliser, puis des commandos ont brisé les vitres avant d''encercler l''autocar. Le chauffeur avait pris la fuite après la première rafale de tirs.

« Les balles volaient dans tous les sens »

Vingt-cinq personnes se trouvaient à bord lorsque Rolando Mendoza, qui réclamait sa réintégration dans la police, s''est rendu maître du véhicule. Neuf d''entre elles, six ressortissants de Hong Kong et trois Philippins, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été progressivement relâchées.

Le preneur d''otages semblait enclin à négocier durant la journée - il avait demandé de la nourriture pour les otages et du carburant pour faire fonctionner la climatisation. Mais l''ancien officier, armé d''un fusil mitrailleur M-16 et d''armes légères, a fini par menacer de tuer les touristes.

Disant voir les forces spéciales encercler le véhicule, il avait prévenu lors d''une interview donnée par téléphone à une radio locale: "Je sais qu''ils me tueront. Je leur dis de partir parce qu''à tout moment, je peux leur faire la même chose."

Une des survivantes de la prise d''otages a raconté à des journalistes de Hong Kong que son mari s''était sacrifié en tentant d''empêcher par la force Mendoza de tuer les occupants de l''autocar.

"Les balles volaient dans tous les sens. J''ai cru que j''allais mourir (...) C''était trop tard, pourquoi avons-nous dû attendre plusieurs heures avant que quelqu''un vienne nous aider?", s''est-elle interrogée.

Selon le frère du preneur d''otages, Gregorio, interrogé par une chaîne de télévision locale, Mendoza était outré par son limogeage. Les médias ont rapporté qu''il avait été relevé de ses fonctions pour divers motifs, dont des faits d''extorsion, et avait ainsi perdu ses droits à la retraite.

"Son problème c''est qu''il a été limogé injustement. La procédure requise n''a pas été suivie, il n''a pas été entendu, il n''y a pas eu d''appel", a dit Gregorio.

A la porte de l''autocar était collé un papier avec la mention manuscrite: "GROSSE ERREUR A CORRIGER. UNE TRES MAUVAISE DECISION".

(Source : Reuters)