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Peine de mort: Ameer Meea interrogera le Premier ministre sur ses intentions au Parlement

14 mars 2011, 00:00

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Peine de mort: Ameer Meea interrogera le Premier ministre sur ses intentions au Parlement

Le député Adil Ameer Meea souhaite un débat sur la peine de mort à l’Assemblée nationale. Il invitera Navin Ramgoolam à éclaircir sa position lors de la première séance parlementaire de l’année, mardi prochain 22 mars.

La rentrée parlementaire approche à grand pas. Les députés de l’opposition affutent leurs armes. Les déclarations successives du chef du gouvernement sur la réintroduction prochaine de la peine de mort après chaque crime atroce pousse le jeune député de l’opposition, Adil Ameer Meea, à le pousser à prendre officiellement position.

Il adressera une question à Navin Ramgoolam lors de la première séance parlementaire de l’année prévue pour le mardi 22 mars prochain.

«Un Premier ministre ne peut pas jouer sur le registre de l’émotionnel à chaque fois que le sentiment d’insécurité gagne du terrain ou que l’atrocité d’un crime émeuve la population. Il faut absolument qu’il éclaircisse sa position. C’est cela l’objet de mon interpellation», affirme le député du Mouvement militant mauricien (MMM).

Il demandera au Premier ministre, dans un premier temps, s’il a vraiment l’intention de soumettre un projet de loi sur le sujet au Parlement. Navin Ramgoolam sera également invité à préciser s’il a déjà établi un calendrier de travail par rapport à ce projet.

Adil Ameer Meea souhaite, ainsi, provoquer un débat à l’Assemblée nationale sur le sujet. Cependant, le parlementaire refuse lui-même de prendre position pour le moment sur ce thème très controversé.

«Pour le moment je ne me prononce pas pour ou contre la peine capitale. Mais il est temps que ce débat fasse son entrée au Parlement», estime-t-il.

Le Premier ministre est revenu avec l’idée de la réintroduction de la peine de mort le 13 janvier dans une déclaration à l’Irish News. Le journal irlandais interrogeait Navin Ramgoolam dans le cadre du meurtre de Michaela Harte commis le 10 janvier dernier dans une chambre de l’hôtel Legends.

Entre-temps, les abolitionnistes ont commencé à s’organiser. Ainsi, la branche mauricienne d’Amnesty International organise une conférence à l’Institut français de Maurice (IFM) le 19 avril prochain. Amnesty International a invité un conférencier de choix, en l’occurrence le professeur de droit Robert Badinter. Ce dernier axera son intervention sur le thème de la conférence sur : L’abolition universelle de la peine de mort.

Ancien ministre de la Justice du gouvernement de François Mitterrand, Robert Badinter est connu sur le plan international pour son engagement contre la peine capitale. En septembre 1981, il prononce un discours mémorable à l’Assemblée nationale française pour réclamer l’abolition de la peine de mort en tant que Garde des sceaux. Le projet de loi sera effectivement adopté.

Abolitionniste convaincu, il a continué son combat sur le plan international et il est devenu depuis un des symboles du combat contre la peine de mort.

A Maurice, Jack Bizlall du Mouvement Premier  Mai a déjà annoncé la couleur. Il se prépare d’ores et déjà à militer contre la proposition de Navin Ramgoolam.

«Si éventuellement Ramgoolam insiste dans ses projets, il faudra le pousser à se rétracter. Nous devrons mener un combat contre lui», avait prévenu le syndicaliste-politicien lors d’une conférence de presse le vendredi 21 janvier 2011.

Jack Bizlall estime que la réintroduction de la peine capitale serait un recul en matière des droits humains. Il s’insurge aussi contre l’attitude du Premier ministre sur ce sujet. Il se demande de quel droit le chef du gouvernement s’arroge le pouvoir de décider de son propre chef d’aller de l’avant avec une telle décision alors qu’il n’a pas été élu avec un mandat pour le faire. Il qualifie les déclarations de Navin Ramgoolam  d’intempestives, relevant de la propagande politique.

La peine capitale, héritée de l’ère coloniale, a été appliquée pour la dernière fois en 1987 à Maurice. En 1994 le Mouvement socialiste mauricien, alors dirigé par sir Anerood Jugnauth, contracte une alliance avec le Parti mauricien social démocrate (PMSD) qui propose de nommer l’ancien chef-juge sir Maurice Rault au poste d’Attorney General.

Ce dernier pose comem condition à son entrée au gouvernement l’abolition de la peine de mort. La loi est suspendue pour accueillir le PMSD dans les rangs du gouvernement. Depuis, rien n’a changé. La législation autorisant la peine de mort n’a pas été abolie mais simplement suspendue.