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Pakistan : Sharif revendique la victoire électorale

12 mai 2013, 09:19

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Pakistan : Sharif revendique la victoire électorale

L'ancien Premier ministre Nawaz Sharif a revendiqué la victoire de son parti la Ligue musulmane (PML-N, opposition) aux élections législatives organisées samedi au Pakistan.

 



Alors que le dépouillement des bulletins se poursuivait plusieurs heures après la fermeture des bureaux de vote, Sharif a dit espérer disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale et ne pas avoir à former une coalition de gouvernement.

 



"Les résultats continuent d'arriver mais ceux dont nous disposons confirment que nous sommes le parti le plus important pour l'instant", a dit Sharif devant ses partisans en liesse.

 



"Prions pour que demain matin nous soyons en position de ne pas avoir besoin de l'appoint de partenaires de coalition", a ajouté l'ancien Premier ministre qui pourrait obtenir un troisième mandat à la tête du gouvernement du Pakistan.

 



Le décompte provisoire donnait dans la nuit de samedi à dimanche 119 sièges sur les 272 en jeu pour la Ligue musulmane et cette avance signifie que Sharif est quasiment assuré de reprendre les rênes du pouvoir après avoir été déposé par un coup d'Etat en 1999.

 



Il avait ensuite été emprisonné et s'était exilé.

 



La question en suspens est de savoir si le PML-N fortement implanté au Pendjab disposera d'assez d'élus pour gouverner seul ou s'il devra chercher des alliés dans une coalition, scénario qui pourrait compliquer la mise en oeuvre de réformes.

 



Ces premiers résultats apparaissent comme un revers pour le Parti du peuple pakistanais (PPP), au pouvoir depuis cinq ans, et qui avait dirigé le pays en s'appuyant sur une majorité simple de 124 élus.

 



Le décompte partiel lui donnait 34 députés samedi soir.

 



Le parti de l'ancien joueur de cricket, Imran Khan, le Tehrik-i-Insaf (PTI), pourrait venir brouiller les cartes et pourrait même arriver en deuxième position grâce à sa popularité parmi les jeunes électeurs urbains.

 



Le PTI a fait campagne sur la lutte contre la corruption et sur l'arrêt des attaques de drones américains en territoire pakistanais. Il est venu perturber l'équilibre traditionnel entre PML-N et PPP du président Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto.

 



PERCÉE DU PTI

 



Qui que soit le vainqueur de ces élections, la tâche du futur gouvernement s'annonce ardue dans un pays confronté à l'insurrection des taliban, une corruption endémique, des coupures d'électricité et un vieillissement avancé des infrastructures pour cet Etat disposant de l'arme nucléaire. L'un des premiers chantiers sera la négociation d'un prêt de plusieurs milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI).

 



"La victoire de Nawaz dit deux choses à propos du Pakistan", a commenté un journaliste pakistanais. "La première est que le peuple pakistanais préfère le confort du statu quo à l'incertitude de la révolution. La deuxième est que toutes les routes du centre passent par le Pendjab et au Pendjab les gens votent à droite et sont conservateurs", a-t-il expliqué.

 



"Il n'en reste pas moins que pour un parti comme le PTI qui est vraiment arrivé sur la scène politique il y a deux ans, il s'agit d'une performance remarquable", a-t-il noté.

 



La campagne électorale s'est déroulée dans un climat violent. Un attentat contre les locaux du Parti national Awami (PNA) a fait onze morts et une quarantaine de blessés à Karachi, quelques heures après l'ouverture du scrutin. Trois autres explosions qui ont fait deux blessés y ont retenti par la suite et la presse locale a fait d'état d'une fusillade.

 



Un échange de tirs a par ailleurs fait quatre morts dans la province du Baloutchistan. Une autre représentation du PNA, mouvement laïque et nationaliste, a été détruite dans le Nord-Ouest, où plusieurs blessés sont signalés.

 



Enfin une explosion a également fait un nombre indéterminé de victimes à Peshawar, chef lieu de la province de Khyber Pakhtunkhwa, l'une des zones tribales du Nord-Ouest où les taliban sont omniprésents.

 



TENSIONS POSSIBLES AVEC LES MILITAIRES

 



Depuis avril, les actes de guérilla imputés à la milice islamiste ont fait plus de 120 morts et l'insécurité a contraint bon nombre de candidats à renoncer à mener campagne ouvertement. Les extrémistes, pour lesquels les élections ne servent que les intérêts des "infidèles", ont interdit aux Pakistanais de se rendre aux urnes.

 



Si les militaires, longtemps tout puissants, ont tenu à se poser en simples observateurs, ce serait une erreur d'en déduire qu'ils ont perdu de leur influence sur la vie politique. Quel que soit le prochain gouvernement du Pakistan, ses pouvoirs seront limités.

 



Pour ce qui est de la politique étrangère et de la défense, l'armée aura toujours la haute main sur les décisions, notamment en ce qui concerne les relations chaotiques avec Washington, alors que les soldats de l'Otan poursuivent leur retrait de l'Afghanistan voisin, et avec l'Inde, autre puissance nucléaire militaire de la région.

 



Pour de nombreux spécialistes, la victoire de Nawaz Sharif pourrait amener une période de grandes tensions entre le pouvoir civil et l'armée.

 



Les puissants services de renseignement de l'armée (Inter-Services Intelligence, ISI) sont considérés comme un "Etat dans l'Etat", qui maintient sous sa coupe de nombreux hommes politiques.