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Pédophilie alléguée au MITD : l''absence d''une plainte fragilise l''affaire

29 décembre 2012, 00:00

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Pédophilie alléguée au MITD : l''absence d''une plainte fragilise l''affaire

Malgré un rapport inquiétant de la Child Development Unit (voir fac-similé), l''''enquête sur un cas de pédophilie alléguée à la MITD pourrait rester sans suite. L''élève est revenue sur ses propos. Seule l''épouse du prof dénonce.

Cela fait plus d’un an que cette affaire traîne. La Child Development Unit ( CDU) a été alertée, la question a même été évoquée au Parlement. Mais toujours pas de développement.

Ce qui bloque ? D’abord, la police n’est en présence d’aucune plainte par rapport à ce cas. Il y a bien eu un rapport de la CDU. Mais impossible d’aller de l’avant, puisque la jeune élève, qui avait dans un premier temps admis avoir entretenu une liaison avec son enseignant du MITD, est revenue sur ses propos.

Comment avancer alors ? disent des sources proches de la police. Il y a les dénonciations de l’épouse de l’enseignant. « J’avais discuté avec un politicien pour lui dire que mon mari ti pe fer move garson », souligne la femme, âgée de 34 ans. Mais, finalement, son mari fera simplement l’objet d’un transfert vers un autre établissement scolaire du MITD. C’était le 3 septembre 2011.

Comment l’épouse a- t- elle eu vent de cette « liaison » de son mari ? Par des SMS « indécents » sur son portable, affirme- t- elle. Mais il y aussi le fait qu’il « m’a avoué avoir eu des relations sexuelles avec son élève ! » allègue- t- elle.

A partir de là, son mariage vole en éclats. Son mari obtient la garde de leur fils. Elle, s’acharne à dénoncer ce cas. En novembre 2011, soit quelques jours après avoir déserté le toit conjugal, elle dit avoir envoyé une lettre à la CDU ainsi qu’au Premier ministre, au Commissaire de police et à la ministre de l’Egalité des genres, Mireille Martin.

Rien n’y fera. « J’ai essayé de porter plainte, mais la police a toujours insisté pour que la mineure en question m’accompagne au poste de police » , explique- t- elle. Ce qui était, ditelle, impossible, car lorsqu’elle aurait parlé avec la mineure au téléphone, cette dernière aurait catégoriquement nié entretenir une relation amoureuse avec l’enseignant. « Sa mère m’a traitée de menteuse. Son père a déclaré qu’il ne comprenait rien à cette affaire » , soupire la trentenaire.

Mais il reste les « aveux » de la jeune fille à sa psychologue. Un mois avant que l’épouse de l’enseignant envoie des lettres à la CDU, l’adolescente, qui avait 14 ans au moment de sa présumée liaison, s’était confié à sa psychologue.

Volontairement. Selon ses dires, en 2011, elle aurait accompagné l’enseignant, âgé de 31 ans, dans un pensionnat à Bonne- Terre, où ils auraient eu des rapports sexuels non protégés à huit reprises.

L’enquête sur ce cas aurait alors pu prendre une nouvelle tournure.

Sauf que, selon une source policière, le père de l’adolescente a, en guise de Precautionary Measure , indiqué à la police de Beau- Bassin que sa fille n’a jamais eu de relations sexuelles avec son enseignant.

L’affaire n’avancera donc pas plus. Et ce, même si la psychologue du MITD a, dans son rapport, aff rmé que l’enseignant, qui ne « pouvait contenir ses pulsions sexuelles, représentait un danger pour les élèves du MITD » . Cela, car à aucun moment, il n’est mentionné qu’elle a tenté de recueillir la version de l’enseignant avant de tirer ses conclusions.

De plus, elle a tenté d’alerter les parents de la jeune fille. Ces derniers ne se sont toutefois pas montrés réceptifs face à ces allégations.

Le père a même affirmé que « sa lekol la fer enn ta palab » . L’affaire a, cependant, bel et bien été référée à la CDU. Mais il semble qu’elle n’ira pas plus loin.

Car, revirement de situation : la jeune fille s’est rétractée et a nié toute liaison avec l’enseignant. Pourtant, un mois après sa rencontre avec la psychologue, au cours d’une réunion avec cette dernière en présence d’officiers du MITD et de sa mère, elle avait répété ses confidences.

Elle ne tiendra pas la même version lorsqu’elle a été interrogée par les officiers de la CDU. Cette unité n’a, de ce fait, aucune raison de référer l’affaire à la police.

La jeune fille n’a même pas été examinée par un médecin légiste qui aurait pu préciser si elle était sexuellement active ou pas. Ce qui, indirectement, aurait pu constituer un début de preuve.

Une source proche d’une des brigades des mineurs de l’île souligne que la police n’est pas autorisée à entamer une enquête si ni la présumée victime ni ses parents ne viennent de l’avant. Les différentes versions de l’adolescente auront également fi ni par la rendre peu crédible.

Autre élément qui aurait pu faire avancer toute l’enquête : une déclaration du propriétaire du pensionnat où l’adolescente affirmait, dans un premier temps, s’être rendue en 2011. Mais, un tour sur les lieux permet de comprendre qu’il n’y a pas d’espoir de ce côté- là non plus. Le propriétaire, que l’express a rencontré, soutient que l’ « auberge a été convertie en différentes maisons » et n’opère officiellement plus depuis 2009. Alors qu’à l’intérieur, des panneaux numérotés indiquent toujours les directions des chambres... Les « faiblesses » de cette affaire ne sont pas inconnues de la famille de l’enseignant, qui a quitté son poste au MITD en novembre dernier. « On doit se défendre sur la base de quoi ? » lâche avec sarcasme un des proches. En attendant, l’épouse de l’enseignant espère que justice sera faite par le Fact Finding Committee dont avait fait mention le ministre Bunwaree à l’Assemblée nationale, le 20 novembre dernier.