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Onze ex-boursiers poursuivis pour ne pas être rentrés à Maurice à la fin de leurs études

9 février 2011, 00:00

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Onze ex-boursiers poursuivis pour ne pas être rentrés à Maurice à la fin de leurs études

Onze ex-boursiers sont dans le collimateur de l’Etat. Ces derniers ne sont pas rentrés au pays après leurs études et sont mis en demeure pour rembourser Rs 500 000 à l’Etat. Une mesure légitime, selon d’anciens boursiers et hommes de loi. (photo : Anil Gayan et Iqbal Rajahbalee s''expliquant sur ces cas).

Pour le ministère de l’Education, que le bond est un document approuvé par le State Law Office, qui indique que si le bénéficiaire ne se présente pas aux cours et ne les complète pas ou, si à la complétion, il ne rentre pas à Maurice six mois après la complétion de ses études pour y travailler pendant cinq ans, il doit rembourser Rs 500 000 à l’Etat. Selon le libellé du bond, si le boursier veut poursuivre d’autres études ou prolonger son séjour, il doit faire une demande et obtenir l’aval du ministère.

Cependant, une fois que les boursiers vont étudier à l’étranger, beaucoup d’entre eux ne rentrent pas au pays après leurs études. D’où la décision de l’Etat de prendre les devants et de faire servir une mise en demeure à onze boursiers de la cuvée 95/96.

En signant le contrat, le lauréat s’engage aussi à ne pas changer de filière d’études sans l’autorisation du ministère et à soumettre un Progress Report de l’université. Il doit aussi poursuivre ses études en conformité avec les règlements de l’université étrangère.

Les bourses d’Etat, notamment le SSR National Scholarship, couvrent les frais universitaires, d’hébergement à un tarif approuvé pour une durée de 5 ans, pour un diplôme en médicine et un billet d’avion en classe pour l’aller et le retour au début et à la fin des études. Les mêmes consignes s’appliquent dans le cas du State of Mauritius Scholarship qui couvre les frais pour trois à quatre ans.

Pour l’homme de loi Subhash Lallah, la cause est entendue : «Quand les boursiers ont signé, ils l’ont fait de leur plein gré. Il est donc normal que ces derniers doivent se plier aux règlements stipulés dans le document

«Le gouvernement mauricien paie les frais de leurs études et eux doivent travailler ici pendant cinq ans c’est dans l’intérêt du pays. Maintenant, venir dire que cette mesure est anticonstitutionnelle ne tient pas car les boursiers ont pris un engagement en signant le contrat. Il faut qu’ils le respectent», ajoute Me Lallah.

«Quand l’Etat a investi pour nous, il faut lui être redevable. C’est cela le sens du patriotisme», déclare un autre homme de loi, Anil Gayan, lui-même boursier de l’Etat en 1969. Selon lui, les autorités aussi prennent un engagement en assurant les frais d’études des boursiers à l’étranger, et les étudiants doivent en faire autant.

Mais dans la réalité, plusieurs boursiers ne reviennent pas une fois qu’ils sont à l’étranger. Pendant leurs études, beaucoup commencent déjà à travailler car la bourse ne couvre pas toutes leurs dépenses.

Iqbal Rajahbalee, avocat et ex-élève du collège Royal de Port-Louis, a décroché une bourse en 1975. Selon lui, la bourse couvrait les frais universitaires et incluait une petite somme pour le logement ainsi qu’une allocation pour les vêtements chauds et les livres.

«La bourse de l’Etat était moindre que les frais réels. Il fallait travailler pour pouvoir continuer à étudier», confie-t-il. Aussi, dès qu’il était en vacances, il se mettait au travail. Idem pour Anil Gayan, qui a été vendeur et plongeur à l’hôtel.

Si ces deux avocats sont rentrés à Maurice après leurs études de droit, d’autres ont préféré rester à l’étranger. Résultat : aujourd’hui, ils se retrouvent poursuivis par l’Etat. Une mesure qui avait déjà annoncée depuis quelques années.

En 2011, l’action légale a été mise en route. Pour Anil Gayan, il incombe de responsabiliser les étudiants car «l’Etat donne ce qu’il peut donner». Il faut donc savoir en faire bon usage. Iqbal Rajahbally, lui, suggère une clause additionnelle au ‘bond’ entre l’Etat et le boursier. «Le gouvernement pourrait compléter sa consigne en garantissant un poste dans le secteur public. Ainsi, on éviterait de perdre les boursiers et cela les encouragerait à revenir », souligne-t-il.

Notons que les frais pour un redoublement en cas d’échec ne sont pas compris dans la bourse d’études. Quant aux bourses additionnelles, elles offrent un grant ne dépassant pas Rs 590 000 annuellement pour une période maximale de trois à quatre ans. Si les frais universitaires dépassent ce seuil, les lauréats doivent réunir les fonds nécessaires de leur côté.