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Nucléaire, l’Iran à nouveau sur le gril

8 novembre 2011, 00:00

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L’Agence internationale de l’énergie atomique rendra, mardi, son nouveau rapport sur les activités de Téhéran. Les Occidentaux veulent durcir les sanctions et Israël menace. Blaise Gauquelin&nbsp analyse la situation dans Libération.fr. Extraits.<BR><BR>Les services de renseignements des pays occidentaux sont sûrs de leur coup : ils affirment avoir des preuves contre l’Iran qu’ils ont&nbsp communiquées à leurs gouvernements et à l’AIEA.Mais qu’ont-ils donc découvert qu’on ne sache pas déjà ? <BR><BR>D’abord, il y a cette image satellite inédite de la base iranienne de Parchin, située à une trentaine de kilomètres de Téhéran. Selon un diplomate qui partage les vues américaines, on distinguerait un conteneur en acier, de la taille d’un autobus. Il servirait à tester des explosions. Et puis il y a ces modèles informatiques d’ogives nucléaires, retrouvés dans les ordinateurs des scientifiques iraniens. <BR><BR>La France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et Israël estiment que ces éléments nouveaux doivent permettre de confondre ce qu’ils appellent les&nbsp « mensonges »&nbsp de Téhéran et d’humilier publiquement le régime iranien à l’occasion de la sortie du prochain rapport de l’AIEA, ce mardi. Selon plusieurs sources, les documents des Occidentaux ont été toutefois renvoyés dans les annexes par le directeur général de l’Agence, le Japonais Yukiya Amano, ce qui amoindrit leur portée. Et exaspère la Maison Blanche. <BR><BR><STRONG>Le véritable enjeu<BR></STRONG>Israël attend de voir. Par la voix de son Président, Shimon Pérès, l’Etat hébreu se disait quand même, samedi, «plus proche de l’attaque militaire que de l’option diplomatique». Le Royaume-Uni laissait filtrer les rumeurs d’une intervention américaine et disait s’y préparer. Pour la France, Alain Juppé propose l’adoption - en moindre mal et afin d’éviter «l’irréparable» - d’un nouveau train de sanctions.<BR><BR>«<EM>Le voilà donc, le véritable enjeu qu’on nous cachait encore</EM>», analyse le représentant d’un petit pays de la Communauté des Etats indépendants (qui regroupe 11 ex-Républiques soviétiques). «<EM>Obama et Sarkozy veulent vendre à Moscou et Pékin les sanctions économiques les plus dures jamais adoptées contre l’Iran, ils veulent étouffer le régime avant de se représenter aux élections, et comme ils savent qu’ils n’arriveront jamais à faire passer cela au Conseil de sécurité après les débordements de l’Otan en Libye, ils nous font du chantage : adoptez nos sanctions, sinon on ne vous promet pas de pouvoir retenir Nétanyahou.»<BR><BR></EM><STRONG>Propagande occidentale ?<BR></STRONG>Si les Occidentaux ont choisi de taper dur avant la sortie du rapport, c’est qu’ils soupçonnent la Chine, gros importateur de pétrole iranien, d’avoir fait pression sur l’AIEA pour que les documents sur le site de Parchin soient relégués à la douzaine de pages de notes techniques qui accompagnent le rapport. La Russie aurait également multiplié les initiatives afin que l’Agence laisse le temps nécessaire aux Iraniens pour trouver une « <EM>nouvelle pirouette</EM> ». La semaine dernière, les «<EM>preuves</EM>» rassemblées par les services de renseignements ont été soumises à Téhéran, qui, sans surprise, a immédiatement dénoncé une «propagande occidentale» basée sur des documents <EM>«fabriqués».<BR></EM><BR>Le rapport de l’AIEA sera remis ce mardi aux délégations des 35 pays représentés au sein de cet organisme international. Selon Pierre Canesa, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), on instrumentalise la sortie du document. «<EM>Aujourd’hui, le patron de l’Agence est coincé, analyse ce spécialiste des questions stratégiques. Si son rapport n’est pas assez dur envers Téhéran, on l’accusera d’avoir caché des preuves sous la pression des Russes et des Chinois. S’il pointe, en revanche, réellement les Iraniens du doigt, on dira qu’il a cédé aux pressions des Américains et des Français.»<BR><BR></EM><STRONG>Attention au retour de bâton<BR></STRONG>En tout cas, la pression ne devrait pas retomber avant le 17 novembre, date à partir de laquelle se décidera un éventuel renvoi du dossier iranien devant le Conseil de sécurité de l’ONU, à New York. «<EM>Mais attention au retour de bâton, s’inquiète Thierry Coville, un autre chercheur à l’Iris. On ne va plus parler que de nouvelles sanctions, ce sera bien pratique. Obama a beaucoup de choses à faire oublier. Il y a la crise aux Etats-Unis, l’adhésion de la Palestine à l’ONU. Mais lui et ses alliés font semblant d’oublier qu’il y a un large consensus en Iran sur le dossier nucléaire, soutenu par l’opposition, et qu’un alourdissement des sanctions ne fera pas forcément tomber le régime.»<BR><BR></EM>Thierry Coville estime que mettre les Iraniens dos au mur pourrait surtout les conduire à sortir du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Au cœur du Moyen-Orient, ils vogueraient alors en électron libre, en dehors de tout contrôle, comme la Corée du Nord.<BR><BR><EM>&nbsp«L’Egypte est sur le point de renouer ses relations diplomatiques avec l’Iran, rappelle par ailleurs le chercheur à ceux qui jugent les mollahs plus isolés que jamais. Dès la mort de Kadhafi, la nouvelle Libye s’est empressée d’appeler Téhéran. Dans beaucoup de pays, la sympathie populaire envers les Iraniens, seuls face aux puissances nucléaires, reste intacte.»<BR><BR></EM>Photo ( Reuters) : Le président Mahmoud Ahmadinejad, en 2007, lors d''''une visite à l''usine d''enrichissement nucléaire de Natanz, 350 km au sud de Téhéran.<BR><BR><STRONG><EM>Source : Blaise Gauquelin, correspondant de Libération.fr à Vienne. <BR></EM></STRONG>