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No.8: Opposition de styles entre le MMM-UN-PMSD et le Mouvement Socialiste Militant

26 février 2009, 13:00

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No.8: Opposition de styles entre le MMM-UN-PMSD et le Mouvement Socialiste Militant

Les deux principaux camps à la partielle au No. 8 ont développé des stratégies distinctes pour convaincre l’électorat.

Chacun joue sur un registre précis. Lequel va porter ses fruits? La réponse le 2 mars prochain. Entre-temps, décodons les mécanismes mis en place.

Le Mouvement Militant Mauricien (MMM) a choisi de faire campagne «propre». Du moins de ce qui est visible, on peut difficilement reprocher à l’énième alliance de Paul Bérenger de ne pas respecter le Code de conduite électoral. Très peu de banderoles et d’oriflammes alors que les fameuses bases sont presque inexistantes. Le MMM laisse le champ libre au Mouvement Socialiste Militant (MSM) de Pravind Jugnauth. A celui-ci, par exemple, d’occuper les panneaux prévus pour les affiches.

Par contre, l’alliance MMM, Union Nationale (UN) et Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD) privilégie des invitations en forme d’affichettes que le candidat, Ashock Jugnauth, et les agents distribuent, eux-mêmes, aux électeurs. «Je n’ai jamais vu une campagne aussi propre», affirme, en ce sens, Ashock Jugnauth pour bien marquer la différence d’approches entre les deux camps.

Même s’il est lui-même à sa quatrième tentative au No. 8, s’il est un vieux routier féru aux méthodes anciennes, il veut bien se prêter au jeu d’une campagne «propre». «On s’est engagés à respecter le Code de conduite et, entre autres, l’article 5 qui parle du respect de l’environnement», enchaîne Ajay Gunness, membre du bureau politique mauve. Partant de ce postulat, c’est visiblement le MSM qui «salit» la circonscription…

Le discours aussi a été toiletté. Les orateurs mauves s’évertuent à livrer un discours qui ne ne descend pas en-dessous de la ceinture. Du moins, ils s’efforcent à le faire. Et ils n’y parviennent pas toujours. Tant on est habitué, au sein de la classe politique mauricienne, à un argumentaire qui se limite à des règlements de compte personnels et à des équations strictement sectaires. Jusqu’ici, au sein de l’alliance MMM-UN-PMSD, l’effort est à dénoncer une politique gouvernementale qui se signalerait par son incapacité à répondre à la crise financière mondiale et à la valeur intrinsèque du candidat Ashock Jugnauth.

Cette alliance veut se démarquer. Tant au niveau du discours qu’à celui des pratiques électorales. Ainsi, Paul Bérenger refuse la polémique avec «la présidence par respect pour l’institution», suite à la sortie de sir Anerood Jugnauth contre lui. Il affirme qu’il ne suivra pas Pravind Jugnauth sur ce terrain et qu’il se refuse à tout commentaire. Il n’empêche que, depuis la sortie de SAJ, il ne cesse de dire qu’il ne réagira pas. L’important à l’évidence, c’est de se signaler dans sa manière de mener campagne. En laissant entendre qu’il respecte la présidence, qu’il fera campagne en respectant des règles, Paul Bérenger vise un électorat précis.

Une certaine jeune classe moyenne de la circonscription est la cible première de ce type de campagne. Et surtout ceux qui sont appelés à voter pour la première fois. Dont tous ces jeunes de la circonscription qui travaillent à Ebène depuis peu. Soit ceux qui ne partagent pas nécessairement le réflexe d’une ruralité qui rime avec appartenance ethnique et politique. Mise à part l’assise évidente d’un Ashock Jugnauth qui occupe la circonscription depuis 1989, Paul Bérenger semble parier sur un électorat jeune qui pourrait être plus sensible à une nouvelle approche en politique.

Si le MMM table sur «un nouvel électeur», le MSM, lui, reprend des recettes qui ont fait leur preuve. Il faut ratisser large. Pour cela, s’il faut être présent à des réunions sectaires, s’il faut «ravitailler les bases», s’il faut obtenir le soutien de ceux avec lesquels on ne partage aucune affinité, on ne s’en privera pas.

En effet, Pravind Jugnauth brasse large. Un peu de tout dans la marmite sans recette précise semble lui convenir. Il n’est pas étonnant que la formule «moralité pas rempli ventre» n’ait subitement surgi du magasin des accessoires idéologiques lors de cette campagne. Il s’agit prioritairement de s’allier les électeurs de tous bords. D’ailleurs, le candidat orange l’a maintes fois dit: «je fais appel aux électeurs de tous bords». Entendons que ce n’est pas le temps de se montrer sélectif ou exigeant. Le soutien direct ou indirect de la Voice of Hindu, d’un mouvement créole ou musulman quelconque voire de quel que groupe «socioculturel» que ce soit ne peut être balayé d’un revers de la main.

Ce qui finit inévitablement par créer une certaine ambivalence dans le discours et la posture de Pravind Jugnauth. Entre le leader qui voulait faire la politique autrement et le candidat qui veut à tout prix être élu, il y a le vide d’un message cohérent. C’est ce qui amène un candidat à participer à une réunion sectaire pour dire qu’il n’est pas communal. C’est ce qui le contraint à accepter le soutien des lieutenants du gouvernement sur le terrain, tout en affirmant que, s’il est élu, il siègera dans l’opposition. Message brouillé? La duplicité fait toujours recette en politique…

Un exemple. C’est ce qui s’est passé lundi dernier au Mohit Hall à une réunion du Groupe de réflexion créole (GRC). Pravind Jugnauth avait un souci majeur: il fallait convaincre l’auditoire qu’il n’est pas un sectaire. La semaine dernière au même endroit, Pravind Jugnauth avait participé à une réunion de la All Vaish Congress (AVC) où il n’avait, cette fois-ci, pas senti le besoin de se défendre d’être un sectaire.

Peut-on pour autant dire que le MSM tient deux langages différents? Ce serait plutôt le même discours mais adaptable selon l’auditoire. Face au public du GRC, ce n’est pas Pravind Juganuth qui tire à boulet rouge sur le leader du MMM. Le privilège revient alors à Sheila Grenade et Mireille Martin mais, même là, on y va en douceur. Par contre, devant d’autres publics, le discours va se moduler différemment. Ainsi devant les membres de AVC, c’est le leader Pravind Jugnauth qui fustige Paul Bérenger, «le menteur, le traître. Celui qui croit qu’il vit encore au 17e siècle».

Il s’agit de gagner une élection. Les deux camps déploient leurs argumentaires ou, plutôt, masquent le vide de leurs discours en ayant recours aux postures les plus électoralistes imaginables.

C’est une partielle provoquée à partir d’un jugement de deux instances de justice. Pour l’instant, on ne retiendra que le seul fait qu’aucun camp ne fait justice à cet électorat de Quartier Militaire-Moka…