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Mondiaux de Berlin : Bolt, symbole du triomphe de l''école du sprint jamaïcaine

21 août 2009, 00:00

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Mondiaux de Berlin : Bolt, symbole du triomphe de l''école du sprint jamaïcaine

Si les exploits d''''Usain Bolt doivent beaucoup à ses capacités physiques hors norme, ils témoignent aussi de la réussite de l''école du sprint jamaïcaine qui se nourrit de la fierté des origines et de le soif de revanche sur l''histoire de ces descendants d''esclaves.

"C''est notre origine, nous sommes fils de la douleur", expliquait-il avant les Jeux de Pékin, "fier d''être jamaïquain" pour rappeler que ses ancêtres avaient été esclaves dans sa paroisse natale de Trelawny, qui en comptait quelque 30.000 au début du XIXe siècle.

Sur la route des bateaux négriers vers les Amériques, le port de Falmuth était la première escale et les propriétaires de l''île bénéficiaient ainsi du meilleur choix pour leur main d''oeuvre.

"Le noir de notre drapeau, c''est la souffrance passée, le jaune, le soleil qui se lève, et le vert signifie que tout est possible, l''espoir", rappelle Olivia Grange, ministre des sports, qui a fait le déplacement à Berlin.

Désormais le sprint est la référence du "made in Jamaica".

Vice-championne du monde du 100 mètres, Kerron Stewart se souvient de l''émotion qu''avait engendrée le premier record du monde (9.77) d''Asafa Powell, sur la ligne droite, le 14 juin 2005 à Athènes. "C''était un exemple. Nous avons certes du talent, mais on travaille aussi beaucoup. C''est aussi, évidemment, un moyen d''ascension sociale", explique la jeune femme.

Herbet Elliott, membre de la commission médicale de la Fédération internationale d''athlétisme (IAAF), a été un bon coureur jamaïquain de 400 mètres dans les années soixante.

Depuis 1946

"L''acte de naissance de notre pays, c''est véritablement les Jeux Panaméricains de Barranquilla (Colombie), en 1946. Nous avons montré notre force athlétique, deux ans avant les Jeux de Londres où nous avons pu participer sous notre drapeau", explique M. Elliott.

Arthur Wint, déjà un géant, Herb MCKenley et George Rhoden y dominèrent les épreuves de sprint, comme d''ailleurs quatre ans plus tard à Helsinki.

"L''élan a ensuite été brisé pour des raisons économiques. Ce qui explique aussi pourquoi nos meilleurs éléments ont émigré", explique ce témoin. Donovan Bailey (Canada), Linford Christie (Grande-Bretagne) et le réprouvé Ben Johnson (Canada) s''illustrèrent ainsi sous les maillots d''autres pays.

Née à Kingston, l''Américaine Sanya Richards, reine du tour de piste depuis plusieurs saisons, a aussi quitté, à 12 ans, "la terre du bois et de l''eau".

"Nous sommes un +melting pot+, avec non seulement des noirs, mais aussi des gens originaires d''Espagne, de Chine, d''Inde, de Jérusalem", souligne Herbet Elliott.

"Maintenant, nous pouvons offrir à nos talents de bonnes conditions d''entraînement et d''étude. Il y a beaucoup de petits Bolt qui s''annoncent", prédit Mme Grange.