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Mirella Palmyre : Boucs, moutons et politique…

7 juillet 2010, 00:00

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Mirella Palmyre : Boucs, moutons et politique…

Quel lien y a-t-il entre la race caprine et la politique? A priori, aucun. Pour Mirella Palmyre, adjointe au lord-maire, ces bêtes ont cependant constitué son premier auditoire lorsqu’elle n’avait que sept ans et imitait les politiciens. Portrait d’une femme éprise de politique.

Mirella Palmyre a la parole facile et adore rire. Cette femme de 43 ans qui a assuré pour la première fois l’intérim au poste de lord-maire il y a une quinzaine de jours nous reçoit à son domicile de Roche-Bois.
Ils sont 32 à vivre dans la cour familiale, soit ses parents Rosedelima et Jonnhy Bégué, ses cinq soeurs et son frère et leurs compagnons respectifs.

Bien que sa mère soit encore forte, c’est Mirella, la cadette des enfants Bégué, qui assume le rôle de mère, veillant à ce que tout aille bien dans sa famille élargie. Mirella a toujours su ce que signifie le mot «pauvreté ». Son père a travaillé comme docker. Ce fervent supporter du Parti Travailliste (PTr) encourage sa femme et ses enfants à planter des légumes et à élever des animaux, soit des porcs, des volailles, des chèvres et des moutons.

Mirella qui n’a à l’époque que sept ans, a la charge des chèvres, boucs et moutons qu’elle emmène brouter après l’école dans les pâturages environnants. Un jour de campagne électorale, sa mère l’envoie acheter quelque chose à la boutique du coin. Un meeting politique s’y tient. Mirella est subjuguée par les orateurs qui interviennent avec tant d’aisance devant un auditoire conquis.

Elle capte tout avidement dans l’espoir de le restituer devant ses soeurs. Son père qui passe par là doit lui donner une chiquenaude pour qu’elle se secoue et regagne la maison. Déçue par la réaction de ses soeurs, qui refusent de l’écouter parce qu’elle «fatig latet», Mirella a alors la brillante idée de faire son premier meeting avec les bêtes qu’elle emmène brouter l’après-midi. Comme un des boucs a un pelage rouge et qu’il voit mal, elle le nomme «Ti Ramgoolam». Elle appelle un des moutons blancs «Ti Bérenger». Et c’est debout sur une grosse pierre, avec «Ti Ramgoolam» et «Ti Bérenger» et le reste du troupeau comme auditoire, qu’elle se met à restituer tout ce qu’elle a entendu. C’est ainsi qu’elle est devenue férue de politique.

Mirella termine son cycle primaire dans des conditions très difficiles car lorsque le vrac est institué, son père se retrouve au chômage. Elle et ses soeurs se partagent un pain, un cartable, de même que leur matériel scolaire et elles doivent marcher de Roche-Bois à la rue de la Poudrière pour se rendre à l’école. Mirella passe au secondaire mais ne prend pas part aux examens de Form V car ses parents n’ont pas les moyens de s’acquitter des frais y relatifs.

Elle est obligée de se tourner vers l’usine et d’y entrer comme tricoteuse. Puis, Mirella rencontre celui qu’elle épousera, Bill Palmyre, cordonnier de son état. Elle lui donnera deux enfants : Ludovic, 25 ans, marié, père de famille et vivant à Manchester, en Angleterre, et Hansley, 13 ans, fréquentant le collège Bhujoharry. C’est aussi à l’époque de sa rencontre avec Bill qu’elle se met à faire du social, intéressant les firmes privées au sort peu enviable des habitants de Roche-Bois affectés par la pauvreté.

Par le biais de sa mère, agent du PTr, Mirella rencontre Siddick Chady et devient son agent. Voyant à quel point elle s’intéresse à la politique, il la recommande pour qu’elle entre dans l’exécutif du parti. C’est chose faite en 1997. Soutenue par Chady et Ah Fat Lan Hee Choy, Mirella passe ensuite au bureau politique en 2005. Année où elle est pressentie comme candidate aux municipales. Vu son bagout et son désir de transformer les régions de Port-Louis qui méritent de l’être, elle se fait aisément élire.

Nommée adjointe au maire depuis 2009, son rêve secret est de devenir la première magistrate de la capitale. Elle voudrait aussi relever plusieurs défi s : redorer le blason de Roche-Bois et d’autres régions périphériques de Port-Louis et inculquer aux parents l’importance capitale de l’éducation pour leurs enfants. «Ce n’est qu’avec l’éducation qu’on vaincra la pauvreté», dit-elle.

En passant, si vous vous demandiez qui est le «Billy» que le Premier ministre cite régulièrement lors de ses meetings publics, ce n’est autre que le mari de Mireille, qui a effectué toute sa scolarité primaire avec Navin Ramgoolam…

Marie-Annick SAVRIPÈNE