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Meera Mohun : «J’aurai Rs 383 de royalties»

1 juillet 2013, 00:00

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Meera Mohun : «J’aurai Rs 383 de royalties»

La présidente du conseil d’administration de la Mauritius Society of Authors (MASA) revient sur la pomme de discorde que constitue le paiement des royalties aux artistes locaux. Tout en reconnaissant que la MASA retient 30 % de cette redevance pour des frais administratifs, elle en appelle à plus d’humanité à l’égard des employés de la société.

 

Revoilà l’époque du paiement des royalties. Vous attendiez-vous à une nouvelle vague de mécontentement à ce propos ?

 

C’est comme une dose de médicament : trois fois l’an. Je ne suis pas étonnée…

 

Pourtant, la MASA a même appelé la police dimanche (30 juin), pendant que les employés mettaient la dernière main à cet exercice de paiement…

 

Je n’étais pas présente dans les locaux de la MASA quand cela s’est passé. Je ne peux vous donner de détails. Ce que je sais, c’est qu’un groupe d’artistes est venu, qu’ils ont forcé l’entrée et ont commencé à demander aux employés : «Komie overtime ou pe ganye la ?» Les employés ont été malmenés…

 

En fait, dès jeudi (NdlR : le 27 juin), les royalties devant être payées ont été approuvées par le conseil d’administration. Vendredi, on était en train de faire les chèques. Mais le comble, c’est que samedi, au cours des dernières vérifications, on s’est aperçus qu’il y avait 1 075 entrées erronées. Lerla ki pou fer ? Kapavdir pa pou fer distribision ? Imaginez ces gens qui font des heures supplémentaires et délaissent leur famille pour venir travailler.

 

Si c’est pour gagner plus…

 

A la MASA, cela ne marche pas comme ça. Il y a les conditions dans lesquelles ils travaillent, les pressions qu’ils subissent. Les années précédentes aussi, les employés faisaient des heures supplémentaires, mais on n’en entendait pas parler. Kifer zispandan sa enn lane la ki outann koz sa ?

 

Est-ce qu’il y a des artistes qui recevront des chèques de Rs 60 lors de cette distribution ?

 

Moi, j’aurai Rs 383 de royalties cette fois. Je suis réaliste. Je n’ai pas fait d’album depuis 2006, donc mes droits «mécaniques» sont nuls. Le conseil d’administration avait décidé que si un membre obtenait moins de Rs 500, nou pa fer so lapay. Et que la somme serait remise à la prochaine distribution. Ceux qui tiennent malgré tout à toucher leur redevance, même si elle est moindre, seront payés en liquide.

 

Pourtant, en décembre, il y a eu des témoignages d’artistes disant qu’ils ont eu des chèques de moins de Rs 100…

 

L’artiste doit nous rapporter ce chèque-là.

 

Vous n’avez jamais vu de chèque de ce montant ?

 

Je n’ai pas signé de chèque de ce montant. Il y a beaucoup de manipulations, de fausses informations qui circulent.

 

Sur le fond, la question des artistes c’est : est-ce que l’on puise de leurs royalties pour payer des heures supplémentaires aux employés de la MASA ?

 

Il y a 30 % des royalties que la MASA retient comme frais administratifs.

 

Depuis un an et demi que vous êtes en poste, avez-vous pu rétablir ce quota de 30 % ? Car une partie des problèmes financiers de la MASA a commencé quand l’institution, endettée, a dépassé ce quota…

 

Nous faisons le maximum pour éviter de dépasser ce quota. Quand il y a une distribution, nous ne pouvons pas faire autrement que de travailler jusqu’à la dernière minute. Vous savez que quand il a fallu faire la distribution de décembre dernier, pa ti pekonpran mem kouma ti pe fertravay avan. Pena ni latet nilipie. C’est pourquoi, nous avions demandé aux artistes six mois pour mettre de l’ordre.

 

Y êtes-vous parvenue ?

 

Nous avons mis à jour le répertoire des oeuvres. Metou pa finn fini. Depuis 2008, aucun paiement n’a été fait aux sociétés de droits d’auteurs étrangères.

 

Selon une lettre signée de l’«officer in charge» de la MASA, Shiv Boodhun, les royalties de Michael Jackson n’ont pas été payées…

 

C’est pire, Michael Jackson n’était pas dans notre système. Ni Lata Mangeshkar, ni Francis Cabrel et tant d’autres. Cela vous montre à quel point il y a du pain sur la planche.

 

Et les artistes locaux ? La MASA a-t-elle répertorié les albums de Serge Lebrasse, Michel Legris et les autres?

 

Ils sont dans notre système mais il faut vérifier s’il est à jour. Nous avons justement organisé des portes ouvertes pour inviter les artistes à nous donner tous les détails de leur parcours. Par exemple, si vous avez une chanson dont le titre est L’Amour, elle est loin d’être la seule. Donc, si elle n’a pas été bien répertoriée, ou pougayn kas ar «mo» L’Amour. C’est ce qui explique pourquoi la remise en ordre prend beaucoup de temps.

 

Quelle somme êtes-vous en train de payer pour la distribution de royalties de juin ?

Cela tourne autour de Rs 8 millions, artistes locaux et étrangers confondus.

 

La plus grosse part est-elle locale ou destinée à l’international ?

 

Le pourcentage des oeuvres locales tourne autour de 10 %. Le reste concerne l’international. Toutefois, quand nous avons fait nos calculs, nous avons trouvé que le fait de payer 10 % n’encouragerait pas les artistes locaux. C’est pourquoi nous sommes tombés d’accord sur 35 %, comme une subvention. Ainsi, c’est 45 % que recevront les artistes locaux alors que 45 % iront aux artistes étrangers et 10 % constitueront des réserves, en cas d’imprévus.

 

Vous avez décidé d’envoyer les chèques par la poste. C’est pour éviter les attroupements et les manifestations d’insatisfaction ?

 

Il faudra habituer les membres à ce système qui est pratiqué de par le monde. Ce n’est qu’à Maurice que les artistes viennent faire queue et sont en colère parce qu’ils ont attendu longtemps. C’est un supplice pour eux. Kanariv ler dezene, zot trouv bannanploye pe ale, zot pe res atann.

 

Comment se portent les finances de la MASA ?

 

Depuis que je suis en poste, j’ai décidé de ne pas voyager. J’ai reçu des invitations, notamment de la CISAC (Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs), mais je n’y suis pas allée. Les hauts cadres non plus n’ont pas voyagé, à part la personne qui est allée suivre une formation concernant le paiement des royalties. Elle est allée en Suisse pendant un mois et c’est la CISAC qui a pris en charge le paiement du billet d’avion, du logement et du cours. La MASA n’a donné à cette personne qu’un per diem. En outre, depuis que je suis là, il n’y a pas eu de «gros» cas où il a fallu payer des frais légaux.

 

Autre reproche des artistes et membres de la MASA : le nombre d’employés de la société. Est-ce qu’il y a eu un audit et sont-ils en surnombre ?

 

La question a déjà été soulevée avec le ministère des Arts et de la Culture. Mais humainement parlant, pa kapav metdeor koumsa.

 

En dehors de la dimension humaine, avez-vous pensé au coût financier ?

 

Mo pou dir ou, mwa mo trouv mank dimoun (rires) :dans les finances, dans ledépartement de la distribution.Il y a des circonstancesoù je me demande pourquoinous n’arrivons pas à accomplir telle ou telle tâche.Je me dis que c’est peut-êtreparce que nous manquonsde bras. Tou zafer pa kapavnek pez enn take. Là, nousavons surtout travaillé sur lacollecte des droits d’auteurs.

 

Est-ce que les mauvais payeurs ont mis la main à la poche ?

 

Je ne citerai pas de noms, mais certains l’ont fait.

 

Des compagnies de téléphonie, des stations de radio, des établissements hôteliers ?

 

Mo pa pou dir. Depuis janvier, des officiers sont sur le terrain pour établir le contact. Sauf qu’une fois l’argent récolté, quand on cherche l’ayant droit dans le système, celui-ci n’est pas à jour. C’est cela le problème.