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Me Robert Ahnee: «On ne pouvait pas prétendre ignorer les risques d’inondations»

8 avril 2013, 19:06

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Me Robert Ahnee: «On ne pouvait pas prétendre ignorer les risques d’inondations»

Dans sa lettre ouverte au Directeur des poursuites publiques (DPP), plaidant une enquête judiciaire avec pleins pouvoirs, Me Robert Ahnee conclut que les autorités ne pouvaient ignorer le risque d’inondation à Port-Louis et dans les tunnels du front de mer.

 

L’ancien juge Robert Ahnee, piégé dans les inondations le samedi 30 mars, liste une série de décisions annoncées par les autorités qui prouvent que ces dernières ne pouvaient «prétendre ignorer les risques d’inondations dans la région de Port-Louis, en général, et au Caudan en particulier, et le danger de permettre l’accès aux tunnels piétonniers en cas de pluies torrentielles».

 

Me Robert Ahnee fait ressortir que le Conseil des ministres, qui s’est réuni le 13 novembre 2009 sous la présidence du Premier ministre, avait annoncé deux décisions. L’une concernant le fait «que les alertes aux inondations seraient sujettes, entre autres, à la nature des pluies précédentes, la perméabilité du sol, le débit d’évacuation des eaux accumulées et les conditions climatiques prévalant dans la région de Maurice». L’autre qui fait état de «l’institution d’un National Disaster Management Centre sous l’égide du Bureau du Premier ministre responsable, entre autres, de la gestion de l’information, la prévision, l’alerte précoce, la diffusion de l’information et la gestion des opérations d’urgence».

 

L’ancien juge rappelle également que le Conseil des ministres, qui s’est réuni le 11 novembre 2011, avait «encore pris note que le National Disaster and Operations Coordination Centre, mis en place aux Casernes centrales et opérationnel depuis décembre 2010 sous la responsabilité directe du commissaire de police, coordonnerait les opérations de secours en cas de catastrophe naturelle ou de crise».

 

Me Robert Ahnee revient aussi sur les épisodes de ce début année, depuis l’alerte de pluies torrentielles du 13 février. Ce jour-là, sous les directives du Bureau du Premier ministre, les fonctionnaires et employés du secteur étaient appelés à partir avant l’heure. Et, c’est en se fondant sur ces faits que l’ancien juge conclut que les autorités ne pouvaient prétendre ignorer le danger des inondations.
 


Poursuivant son raisonnement sur la part de responsabilité des pouvoirs publics dans la catastrophe du samedi 30 mars, Me Robert Ahnee souligne que «La Réunion était en état de vigilance fortes pluies depuis la veille et que cette information avait été transmise aux autorités locales. Il n’y eut ici aucun avertissement en temps utile, encore moins d’alerte précoce.»

 

«Il n’y pas eu non plus de diffusion de directives après deux heures d’averses continues et plus de 100 millimètres de pluies enregistrées dans la capitale,» regrette l’auteur de la lettre au DPP.

 

L’ancien juge pointe du doigt ceux qui ont la charge d’alerter et de protéger les citoyens. Ils ont, selon lui,  «non seulement manqué aux règles élémentaires de prévention mais se sont aussi rendus coupables de défaut de diligence normale. » Du coup, ajoute-t-il, ils pourraient tous « être passibles de poursuites pour homicide involontaire par imprudence et/ou négligence, crime punissable d’emprisonnement».