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Mayotte se bat pour ne pas être un département « au rabais »

12 octobre 2011, 00:00

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Mayotte se bat pour ne pas être un département « au rabais »

Depuis plus de trois semaines l’île de Mayotte, nouveau département français, connaît des affrontements sans précédent. En ligne de mire pour les manifestants, la baisse des prix d’une dizaine de produits de consommation courante et le besoin d’être considérés comme des citoyens français à part entière.
 
Chaque village s’organise comme il peut. Si les syndicalistes mènent les négociations en haut lieu, dans la rue les syndicats passent au second plan. La population mahoraise s’est appropriée la lutte contre la vie chère.

Depuis trois semaines maintenant, cette île  au milieu du canal du Mozambique, situé entre l’Afrique et Madagascar, vit au rythme des heurts. Boutiques fermées. Administrations désertées. C’est toute une économie qui se retrouve au ralenti dans ce département français tout neuf.
 
Pouvoir d’achat et travail

Le mouvement a débuté le 27 septembre à l’initiative de la CGT Mayotte et de la CFDT.
 FO et la CFE-CGC ont rejoint la table des négociations par la suite. La tension a augmenté, particulièrement la semaine dernière avec des affrontements à coups de galets et de cocktails Molotov. Samedi soir, les négociations ont une nouvelle fois échoué.
 
Ce que veulent les syndicats ? Ils demandent la baisse des prix de produits de consommation courante. Rivo Rakotondravelo, représentant du syndicat enseignant SNUIPP  qui ne  participer pas au mouvement, estime que le  problème est ailleurs. « Il faut parler de pouvoir d’achat. De travail », affirme-t-il.
 
La départementalisation de Mayotte était pourtant porteuse de tous les espoirs. Mais voilà, les Mahorais estiment qu’ils sont des Français de seconde zone. (…)Le smic ne représente que 85% du smic métropolitain, soit 1 069,77 euros. Il n’y a pas de RMI à Mayotte. Et les allocations familiales sont nettement inférieures à ce qui se pratique sur d’autres territoires françaisd’outre-mer.
 
A titre de comparaison, une famille avec cinq enfants percevra 582,80 euros par mois sur l’île voisine de La Réunion contre 140 euros à Mayotte. Il existe aussi un fossé pour l’allocation de rentrée scolaire : 275 euros pour un enfant à La Réunion et 103 euros à Mayotte.

Aucune évolution nette dans l’immédiat
 
La départementalisation devait apporter son lot d’aides et permettre une augmentation du pouvoir d’achat. A terme, peut-être. Mais dans l’immédiat aucune évolution nette. L’Etat a souhaité aller progressivement pour « accompagner le développement économique de l’île », explique-t-on en préfecture. Ainsi le RSA, l’allocation de logement social ou de parent isolé ne seront perçues que dès l’année prochaine. Mais elles ne représenteront que 25% des prestations versées dans un département français classique. Voilà qui énerve et pousse de nombreux Mahorais à parler de « département au rabais ».

(Source : Nicolas Goinard, Rue89.com. )