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Mayotte - immigration clandestine : un notable comorien reste en prison

18 mai 2011, 00:00

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Mayotte - immigration clandestine : un notable comorien reste en prison

Un petit-neveu de l’ancien président Abdallah, assassiné en 1989, est en prison à Mayotte. Faidine Ahamadi  est accusé d’être  l’un des piliers d’une filière de trafic de clandestins entre les Comores et Mayotte.

La justice française le maintient en détention, dans le cadre d’une vaste information judiciaire démarrée en février 2010, quelques semaines après un nouveau drame de l’immigration clandestine survenu entre Anjouan et Mayotte. Le 29 décembre 2009, trois ressortissants comoriens trouvaient la mort dans le naufrage d’un kwassa-kwassa effectuant la traversée. De gros moyens d’investigations sont alors mobilisés, à travers le groupe d’intervention régional de Mayotte et la police aux frontières.

En avril, alors que plusieurs arrestations ont déjà eu lieu, un renseignement anonyme, couplé à des témoignages de passagers rescapés, désigne Faidine Ahamadi  comme l’un des piliers d’une filière de trafic de clandestins. Il  est interpellé le 29 avril 2010 dans un avion à destination de Moroni mais en transit à Dzaoudzi, à son retour d’un voyage d’affaires en Chine via le Kenya.

On lui attribue la possession de neuf barques “Yam” de 5 ou 6 mètres, sur lesquels les candidats à l’immigration « illégale » s’entassent pour des sommes variant de 200 à 400 euros. Mais après avoir reconnu les faits en garde à vue chez les gendarmes, Faidine Ahamadi revient sur ses aveux devant le juge d’instruction. Mardi, devant la chambre de l’instruction de Saint-Denis, il contestait son placement détention. Entendu en visioconférence depuis la prison de Majicavo, l’homme prétend seulement être “un commerçant de Moroni qui vend des moteurs de barques, des vêtements, des chaussures…” Ses aveux en garde à vue ? “Des propos mal retranscrits par la traduction”, assure son avocat, Me Ahamada.

Mais  l’avocat général François Basset demande la confirmation du placement en détention de celui qui apparaît “comme un organisateur important d’un réseau étoffé de passeurs de clandestins.” “Sa détention est impérative pour empêcher des pressions sur les témoins et les passagers escroqués, et assurer sa représentation devant la justice.”

En défense, Me Ahamada soulignera que son client “est mis en cause par un témoin anonyme et des clandestins en situation irrégulière, reconduits depuis, il n’y a rien d’autre dans ce dossier, pas même un mandat d’arrêt autorisant son interpellation dans un avion.” Et d’assurer que son client “qui vient très régulièrement à Mayotte, est disposé à venir pointer à la gendarmerie et verser une caution de 4 000 euros”, une jolie somme pour les Comores… Pas assez toutefois pour s’assurer la clémence des magistrats français, craignant que le notable comorien ne s’envole définitivement.

A noter que les Comoriens qui souhaitent se rendre à Mayotte doivent obtenir un visa d’entrée puisque  l''''île, quoi que revendiquée par l’Union des Comores, est considérée par la France comme son territoire. Pour contourner cet obstacle (l’obtention d’un visa) de nombreux Comoriens ont recours à des embarcations appelées « kwassa-kwassa » ( photo)  pour tenter d’entrer  à Mayotte « clandestinement », au risque de perdre leur vie en mer.

Source : Le Journal de l’île de la Réunion, 18 mai 2011.