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Mayotte : campagne contre les violences sexuelles sur mineurs

9 décembre 2010, 00:00

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Mayotte : campagne contre les violences sexuelles sur mineurs

L’agence Luvi Ogilvy participe à une  campagne visuelle sur un sujet grave: la lutte contre les abus sexuels sur les mineurs, indique notre confrère mahorais Malango Actualités.    

C’est en discutant avec Faouzia Cordji, la présidente de l’ACFAV (Association pour la condition Féminine et d’Aide aux Victimes) que Thierry Galarme, directeur de l’agence de communication Luvi Ogilvy, a eu l’idée d’une prestation bénévole autour d’un sujet qui touche Mayotte : « les abus sexuels, dont les gourouas (une relation sexuelle sans pénétration, ndlr) ou autres par lesquels les oncles initient leurs nièces. Au moment où Mayotte devient département, et à l’ère de l’ADSL, ces pratiques doivent cesser ».

L’ACFAV,  présente à Mayotte depuis  11 ans, milite auprès des femmes, des hommes et des enfants victimes de violences et d’abus sexuels. Elle les accompagne dans leurs souffrances, les conseille dans leurs démarches juridiques pour faire valoir que ce sont avant tout des victimes et non des monstres. Car à Mayotte, « quand une femme est violée, elle le porte toute sa vie : placée à la fin lors des mariages, héritant de la plus petite maison » dira Thierry Galarme, et, selon Faouzia Cordji, « souvent on mariait la fille à son violeur, ou le père violeur payait un homme pour marier sa fille qui passait pour une « pute toute sa vie ». Et les mères ? « Elles ne réagissent pas car réalisent qu’elles n’ont d’autres moyens financiers que de rester avec le père violeur ».

« Des visages sans bouche au milieu du silence »

Impossible d’échapper à la campagne en cours : spots télé en français et shimaoré du 10 au 19 décembre et affichage sur des panneaux 4x3 en janvier 2011, entre autres. Un panel de partenaires s’est uni pour offrir une diffusion simultanée de photos et spots marquants. Une campagne qui devrait marquer les esprits et les cœurs : des visages d’enfants sans bouche, symbolisant le silence qui entoure cette violence sexuelle, le tout en noir et blanc. La voix qui suit le silence pesant qui émane du spot TV est sobre et grave. « Le but est de faire réfléchir les auteurs des méfaits et  les victimes ne doivent plus ressentir la honte ».

Faouzia Cordji, présidente de L’ACFAV, se rappelle :   « lorsque j’ai commencé à m’occuper des droits des femmes, je recevais des lettres de menace de la part d’hommes qui me traitaient de Satan, me souhaitant de rester paralysée à vie chez moi. J’ai plus de respect pour les animaux qui ont la notion de la maturité de leur femelle que pour ces pères, beaux-pères ou oncles qui font du mal à leurs enfants ».

Elle ne reçoit plus de lettre de menace et les pères commencent à lui amener des enfants qui ont été violés, mais les violences sont encore légion, les instituteurs et professeurs des écoles ont tous des exemples d’enfants dessinant ou mimant l’acte sexuel…

Il faut noter que les enfants filmés ou photographiés à l’occasion de la campagne ne sont pas mahorais : « le problème des mahorais avec l’image et la lourdeur du sujet ne le permettaient pas », indique les responsable de l’agence Luvi Ogilvy.