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Maurice rejette le projet d’une compagnie d’aviation liée à un trafiquant d’armes russe

18 juillet 2012, 00:00

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Maurice rejette le projet d’une compagnie d’aviation liée à un trafiquant d’armes russe

Le Bureau du Premier ministre a mis son véto, il y a une semaine, à un projet commun russo-mauricien. Il s’agit d’une compagnie de charters qui avait demandé un permis d’opération. Celle-ci aurait été utilisée comme paravent par un réseau international de trafic d’armes. Des lieutenants du trafiquant russe Victor Bout (photo) étaient derrière ce projet.

L’argent n’est pas tout. Maurice a mis son veto à un projet d’une compagnie d’aviation derrière laquelle se cachaient deux anciens lieutenants d’un trafiquant d’armes russe notoire. Celui-ci, Viktor Bout, l’homme qui a inspiré le film « Lord of War » et dont le rôle a été campé par Nicolas Cage, a été condamné à 25 ans de prison aux Etats-Unis en avril dernier.

La firme de charters aurait loué un avion immatriculé aux Etats-Unis et aurait opéré à partir de l’aéroport de Plaisance sans être inquiétée. C’est ce que révèle le quotidien américain New York Times dans son édition de ce mercredi 18 juillet 2012,  en publiant les extraits d’une conférence de presse tenue à New-York, la veille, par l’organisation Conflict Awareness Project. 

Le New York Times cite une lettre adressée par l’ambassadeur mauricien auprès des Nations-Unies, Milan Meetarbhan, au  Conflict Awareness Project qui a mené une enquête sur les activités du réseau de Viktor Bout. Dans sa lettre, Milan Meetarbhan indique que les autorités mauriciennes n’ont pas voulu prendre le risque qu’Island Air Systems utilise Maurice comme paravent pour s’engager dans des transactions illicites avec des zones de conflit.

Cependant, ajoute-t-il, l’enquête menée au niveau local n’a pas démontré que tel aurait été le plan des deux anciens bras droits de Viktor Bout, Sergei Denisenko et Andrei Kosolapov. Le Civil Aviation Department, tombant sous le Bureau du Premier ministre mauricien, a ainsi refusé d’accorder un « Air Operation Certificate » à la compagnie Island Air Systems.

A l’Hôtel du gouvernement, l’on confirme à lexpress.mu que le projet, en joint-venture avec des Mauriciens, a été « bloqué » il y a une semaine. « On avait des doutes sur la crédibilité des promoteurs russes », fait ressortir notre interlocuteur. 

En fait, Maurice semble avoir pris la bonne décision.  Si Port-Louis avait accordé un certificat d’opération à Island Air Systems, celle-ci aurait pu profiter des failles dans le droit international pour  contourner l’embargo imposé par les Nations Unies sur la vente d’armes et les sanctions américaines, écrit Conflict Awareness Project dans son rapport, en citant des pays tels que l’Angola, l’Iran, le Soudan, la Syrie, la Somalie et la République Démocratique du Congo.

Si tel était le projet des promoteurs, il impliquerait des firmes et des individus en Afrique du Sud, en Australie, aux Etats-Unis ainsi qu’en Finlande. Toutefois, Andrei Kosolapov déclare au New York Times que son projet visait uniquement à proposer des vols charters et non à s’engager dans le trafic d’armes. « Tout a été fait selon les règles, » dit-il.

Le rapport de Conflict Awareness Project allègue également que Moscou était au courant de ce projet, selon les dires d’Andrei Kosolapov. Le New York Times note également que le ministre russe des Affaires étrangères a mené campagne contre la décision d’une cour fédérale de Manhattan de condamner Viktor Bout à 25 ans de prison, soutenant que le jugement est « biased » et « d’ordre politique ».

Dans un autre article publié par le quotidien britannique The Guardian ce mardi 17 juillet, sa correspondante basée à New-York explique que l’organisation Conflict Awareness Project est dirigée par une ancienne enquêtrice des Nations-Unies sur le trafic d’armes, Kathi Lynn Austin.

Conflict Awareness Project a souligné dans son enquête que les trafiquants ont trouvé de nouvelles techniques pour le transport d’armes. Au lieu de vieux avions-cargos russes, ils se rabattent sur des vols commerciaux d’avions fabriqués en Occident.