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Mary-Love Vert: l’art au service des asociaux
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Mary-Love Vert: l’art au service des asociaux
Passionnée par les matières artistiques, Mary-Love Vert s’est spécialisée en arts plastiques en France et de là en art-thérapie. Pour son plus grand bonheur.
Cette Quatre-bornaise de 31 ans a toujours aimé les arts graphiques, la décoration et tout ce qui est manuel. «Ce n’est pas pour me flatter mais c’est à croire que ma main est magique», explique-elle. Mary-Love Vert décrète un jour à ses parents qu’elle va revoir l’aménagement et la décoration de la maison familiale. Sa mère, femme au foyer, et son père, camionneur, n’y voient pas d’inconvénient. C’est ainsi que cette benjamine de six enfants commence par décorer une à une les pièces de la maison, les repeignant selon son humeur, ajoutant ci et là quelques ornements pour qu’au final tout le monde soit content.
Elle est non seulement encouragée par ses proches à persévérer dans les arts graphiques à l’école mais aussi par ses enseignants du collège London. Elle les écoute et choisit l’art comme une de ses principales matières d’études en Form VI. Ne voulant pas y renoncer au profit d’une autre carrière, à la fin de son cycle secondaire, elle donne un coup de main à sa soeur qui est coiffeuse et orne les salles de mariage afin d’économiser sou pour sou et partir en France faire des études supérieures en art.
Mais au lieu de tenter l’entrée à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris, elle se fait inscrire pour une licence en arts plastiques auprès de l’université de Mestre. «Je n’avais personne pour me conseiller. C’est en arrivant à Mestre que j’ai réalisé mon erreur. J’ai failli tout abandonner pour rentrer. Mais après, je me suis dit que je n’avais pas fait tout ce chemin pour rien et je me suis accrochée.»
Mary-Love Vert a fort à faire entre les petits boulots qu’elle exerce pour vivre et ses 11 cours théoriques et deux cours pratiques. Mais les dits cours lui ouvrent les portes de l’histoire de l’art, des grandes périodes artistiques, des peintres et sculpteurs célèbres. Sa licence obtenue, elle veut embrayer une maîtrise. C’est en discutant avec une de ses amies qu’elle découvre que l’art peut être thérapie. «J’ai été fascinée car d’habitude, ce sont mes mains qui créent. Réaliser que l’art peut devenir un processus thérapeutique et que je ne suis qu’un instrument dans ce processus m’a plu.»
Après des recherches sur les filières existantes, elle se fait admettre à l’AFRATAPEM, centre privé d’enseignement et de recherche en art-thérapie, reconnu par l’Education nationale française et considéré comme une référence internationale dans son domaine. Là, elle entame un mastère visant à faire d’elle une intervenante spécialisée en art-thérapie. Elle explique sa spécialité. «Il s’agitde l’exploitation d’un potentiel artistique à visée humanitaire et thérapeutique. Les personnes à qui l’art-thérapie s’adresse sont les enfants en difficulté scolaire et à problèmes, les personnes âgées enfin de vie, les malades du Parkinson, de l’Alzheimer, les détenus, les femmes battues, les accidentés, toute personne rendue pour une raison ou une autre asociale, dépressive et prostrée.»
C’est dans une maison de retraite pour les personnes en fin de vie que Mary-Love effectue un long stage. Elle doit en premier lieu établir un contact avec la personne âgée. «Le premier contact peut prendre des mois car ces personnes ont souvent été abandonnées par leurs enfants et ont le sentiment que leur vie est terminée. Si la personne ne veut pas établir le contact, je respecte sa décision, tout en revenant à la charge le lendemain. Une fois que le contact est établi, je discute longuement avec elle pour connaître sa vie et savoir ce qu’elle aimait faire et mieux bâtir sur ce qui existait.»
En d’autres termes, si la personne aimait tricoter autrefois, l’intervenante spécialisée en art-thérapie va lui porter des aiguilles à tricot et du fil pour l’inciter à y reprendre goût. Si l’intervenante apprend que le patient aimait la musique, elle va reproduire des sons et des rythmes en tapant par exemple dans ses mains ou sur des verres avec des baguettes ou même en lui faisant écouter des disques.
«Lorsque j’ai su qu’une personne âgée avait aimé les chansons de Dalida dans sa jeunesse, je lui ai chanté ces chansons jusqu’à ce qu’elle les reprenne en choeur avec moi. S’il s’agit d’un accidenté ayant du mal à bouger ses mains, je vais essayer la peinture. Être intervenante spécialisée en art-thérapie demande d’avoir une solide base en arts plastiques.»
Parfois, l’intervenante spécialisée en art-thérapie doit remonter aux souvenirs d’enfance pour trouver un détonateur. «Nous n’essayons pas de chercher la raison derrière l’introversion mais nous faisons tout pour que la personne retrouve confiance en elle et qu’elle recommence à s’intéresser à la vie. C’est un métier passionnant mais en même temps compliqué caril faut réagir immédiatement. Nous avons un schéma et si une stimulation ne fonctionne pas, il faut essayer autre chose. Mon rôle s’arrête lorsque j’ai réussi à faire la personne s’intéresser à nouveau au monde qui l’entoure.»
De par ses qualifications, Marie-Love Vert ne peut exercer en tête à tête. Elle doit travailler en Collaboration a v e c d’autres spécialistes encadrant les personnes devenues asociales. Cela peut être des médecins, des auxiliaires de vie, des enseignants spécialisés.
Voulant avoir un jour son cabinet et mener des consultations en tête à tête, Mary-Love Vert doit encore étudier en vue d’obtenir un autre diplôme en art-thérapie. En attendant d’avoir les moyens pour le faire, elle a regagné le pays et cherche désormais du travail. «D’ici deux à trois ans, je repartirai en France pour me spécialiser en art-thérapie. Enattendant, je suis prête à travailler à Maurice avec les personnes ayant besoin d’une intervenante spécialisée en art-thérapie.»
À bon entendeur…
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