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Maroc : La piste kamikaze écartée dans l''attentat de Marrakech

30 avril 2011, 00:00

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L''''attentat à la bombe de Marrakech, qui a fait quinze morts dont sept Français selon un bilan encore provisoire, n''avait toujours pas été revendiqué vendredi soir mais la piste islamiste est principalement évoquée.

L''explosion, qui a fait en outre 23 blessés, s''est produite jeudi à l''heure du déjeuner au premier étage du café-restaurant Argana, sur la célèbre place Djemaa el Fna, en bordure de la médina, particulièrement prisée des touristes.

L''identification des corps est particulièrement difficile. Mais selon Paris, sept Français ont été tués. Le ministère marocain de l''Intérieur a ajouté que deux Canadiens et un Néerlandais figuraient aussi parmi les personnes tuées.

"J''ai eu mon collègue marocain, qui m''a expliqué que les identifications étaient difficiles, que certains corps étaient très abîmés. Le bilan provisoire est de 15 morts, dont sept Français", précise le ministre français de l''Intérieur, Claude Guéant, dans une interview à paraître samedi dans Le Journal du dimanche.

Outre ces ressortissants étrangers, deux Marocains ont été tués, écrit par ailleurs le ministère marocain dans un communiqué publié par l''agence de presse officielle Map.

 Le Maroc n''avait pas connu une attaque aussi meurtrière depuis mai 2003, lorsque des attentats commis par des extrémistes islamistes avaient fait 45 morts à Casablanca, dont douze kamikazes.

"Selon les enquêtes préliminaires, il semble qu''il s''agisse d''un acte terroriste provoqué par un engin explosif", a déclaré le ministre de l''Intérieur, Taieb Cherkaoui, cité par la Map.

A Paris, Claude Guéant a précisé qu''il n''y avait "pas eu intervention d''un kamikaze". "Quelqu''un a déposé un sac au sol et il y a eu déclenchement à distance", poursuit-il dans le JDD, ajoutant que l''engin était composé de nitrate d''ammonium, de TATP et de pentrite et que des clous avaient été ajoutés à la bombe pour en maximiser l''impact.

Pour les experts des questions de sécurité, l''opération rappelle d''autres tentatives islamistes déjouées par les forces de l''ordre marocaines ces dernières années.

"Une majorité de complots est détectée au stade préliminaire parce que les autorités marocaines entretiennent un réseau d''informateurs très efficace au niveau de la rue", estime Anna Murison, de la société de conseil Exclusive Analysis.

"Cependant, la récurrence des complots (...) fait qu''il est probable qu''un petit nombre passe au travers des mailles du filet."
Le mouvement islamiste interdit Justice et Charité, du cheikh Abdessalam Yassine, a dénoncé après l''attentat un "acte lâche et criminel" mais a souligné que les autorités ne devaient pas utiliser ce drame pour porter atteinte aux droits de l''homme.

"L''objectif de cet attentat est de répandre la peur et de perturber le mouvement de protestation populaire au Maroc", dit-il.
L''explosion pourrait porter un coup sévère au secteur clé du tourisme du pays, qui doit déjà faire face aux conséquences des soulèvements populaires qui secouent les pays d''Afrique du Nord et ont incité les touristes à changer de destination.

Le roi Mohamed VI s''est engagé à réformer la Constitution pour tenter de contenir les manifestations marocaines, calquées sur les révolutions égyptienne et tunisienne qui ont eu raison en début d''année de leurs dirigeants respectifs.

Dans une vidéo diffusée sur Youtube la semaine dernière, des hommes se présentant comme des membres d''Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont menacé de s''attaquer aux intérêts marocains pour protester contre la détention de militants islamistes.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire de police, procédure habituelle pour un attentat à l''étranger quand des Français sont touchés. Huit enquêteurs français ont été dépêchés sur place, dit-on au ministère de l''Intérieur.

(Source: Reuters)