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Mare Chicose : le relogement se fait prier et les habitants désespèrent

10 octobre 2010, 00:00

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Mare Chicose : le relogement se fait prier et les habitants désespèrent

Le Vice Premier ministre Rashid Beebeejaun a récemment effectué une visite à Mare-Chicose afin de constater l’avancement des travaux pour la production d’énergie à partir de déchets. Mais, la présence du Centre d’enfouissement technique (dépotoir) continue à préoccuper les villageois…

L’odeur fétide des déchets, le pullulement de mouches et autres bestioles, problèmes cutanés et respiratoires, déversement d’eau sale, le va-et-vient quotidien de véhicules lourds et puants dans le village…c’est ça, la vie à Mare Chicose.

«Nous ne pouvons pas ouvrir nos fenêtres avec cet odeur, nous avons du mal à respirer et ça coupe l’appétit… sans parler la présence de tas de mouches», affirme Sanja, mère de deux enfants en bas âge. «L’eau sale provenant du centre d’enfouissement coule sur la route, c’est dégoutant après pour circuler. Cette eau sale nous donne des démangeaisons», lâche une autre habitante. «Nous devrions être délocalisés mais, les années passent et nous sommes toujours là», confie Etwary, père et grand-père.

Les conséquences de l’installation du Centre d’Enfouissement Technique (CET) de Mare Chicose, à Rose-Belle, en 1997, sont innombrables, selon les habitants du village de Mare Chicose. Suite aux protestations de ces derniers depuis, ainsi que les conclusions d’un Environnements Impact Assessment Study, l’Etat a pris l’engagement, envers ces habitants, au nombre d’environ 37 familles, de les délocaliser dans un endroit plus sain, soit à Marie Jeannie, à Rose-Belle.

Mais, à ce jour, une dizaine d’années après la mise en route du CET de Mare Chicose, les habitants du village attendent toujours d’être relogés. Pourtant, le site d’enfouissement géré depuis 2006, par une société privée, Sotravic pour le compte du ministère des Collectivités Locales, connaît, lui, des développements. Un accord a été conclu, la semaine dernière, entre Sotravic et le Central Electricity Board (CEB) pour l’implantation d’une centrale électrique sur le CET de Mare Chicose, dans le cadre du projet «Gas to Energy».

Les tergiversations du côté des autorités n’arrêtent pas sur ce dossier très controversé. Les forces vives de Mare-Chicose, aujourd’hui, divisées en deux groupes, l’un se nomme Millenium Active Group, l’autre Forces Vives de Mare Chicose, ne comptent plus le nombre d’entretiens avec le gouvernement. L’Etat a même, en 2007, fait provision d’un budget de Rs 82 M pour la délocalisation des habitants. Cet argent financerait l’allocation de terrains, sous forme de troc, aux habitants déjà propriétaires de terrains avec bâtiments, le paiement de compensations aux propriétaires de terrains pour les bâtiments existants suite à des évaluations officielles, ou encore l’offre aux locataires et aux familles élargies, de l''''option d''acheter des terrains.

Un tirage au sort de familles élargies qui pourraient acheter des terrains a été effectué par les autorités en août 2010. Selon un groupe des Forces Vives de Mare-Chicose, le Millenium Active Group, la liste de la vingtaine de familles tirées au sort est une préoccupation, car certaines d’entre elles ne vivant pas à Mare Chicose, y figurent et «alors que d’autres, qui mériteraient vraiment l’option d’achat de terrains à Marie Jeannie, n’en font pas partie».

Finalement, le débat est relancé pour la énième fois, ce qui remet à un autre jour, très flou, la délocalisation concrète des 37 familles du village. Le fait que les forces vives soient divisées en deux groupes, ayant des divergences sur certains points, n’aide pas non plus.

Selon le président du Millenium Active Group, Rohit Behari, la dernière rencontre en date, de ce groupe de forces vives avec un représentant du gouvernement, soit le ministre des Collectivités Locales, Hervé Aimée, remonte à fin septembre 2010.  «Depuis cette rencontre, nous n’avons eu aucune nouvelle», déclare Rohit Behari.

Pendant ce temps, les habitants du village de Mare Chicose continuent à endurer leur sort. Sur ce point là, tous les habitants de ce lieu sont d’accord. La frustration et le doute règnent.

«Il faut que le gouvernement réalise que nous avons accepté de quitter nos terrains et maisons, lesquels pour nombreux d’entre nous, nous ont été légués en héritage. Ce n’est pas une décision facile… Les autorités nous ont dit que nous serions délocalisés mais cela fait dix ans que nous attendons et que nous souffrons, entretemps, avec nos enfants, de ce landfill», fait ressortir Rohit Behari.