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Manière de voir : Vous avez dit «pudding» ?

28 juin 2010, 00:00

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Manière de voir : Vous avez dit «pudding» ?

Il existe toutes sortes de puddings en terre d’Albion : Christmas Pudding, Steak and Kidney, Lemon and Treacle, etc. Et si les indigènes en sont friands, les étrangers, pour leur part, font généralement la moue face à ces excentricités culinaires si spécifi quement britanniques, pour finir un jour par s’y habituer et même les trouver savoureux… A condition toutefois de réunir de bons ingrédients et d’être bien préparés.

Au vu de sa consistance, de ses ingrédients et de la façon dont ils sont réunis, Nanny McPhee et le Big Bang, fi lm de Susanna White, fera certainement penser à ce plat si typiquement britannique. En l’occurrence, un pudding très sucré censé plaire aux enfants, exactement comme l’était le premier fi lm, sorti en 2005. Il faut croire que l’ingrédient principal, à savoir le personnage de Nanny McPhee, est cher à l’actrice Emma Thompson, puisque celle-ci revêt pour la deuxième fois le costume austère de cette gouvernante aux pouvoirs surnaturels tout en assurant également le scénario (d’après les romans de Christianna Brand, 1924 – 1975) et la production du fi m.

Comme Mary Poppins, Nanny McPhee se sert elle aussi de sa canne pour taper sur le sol afi n de mater les enfants dont elle a la charge. On aurait préféré la voir taper directement sur les enfants tant ils sont insupportables et tant, hormis le recours à la magie, rien n’arrive à les calmer. Rien, pas même l’aspect repoussant de leur nouvelle nounou, la réalisatrice insistant sur les excroissances épidermiques ou défauts dentaires avec des gros plans qui sont à la limite de la cruauté.

Nanny McPhee… est un conte pour enfants, donc un conte moral, et un conte anglais, ce qui suppose généralement un mélange de noirceur, d’humour, de fantastique et de suspense, qui font que les plus jeunes se sentent traités avec moins de condescendance qu’ailleurs. L’action se déroule dans le contexte d’une Deuxième Guerre mondiale qui n’est jamais mentionnée : il y est juste question de «la guerre». (Aucune mention n’est faite des Allemands non plus, juste une scène de bombardement accidentel durant laquelle on voit un gros avion sur lequel il est écrit «avion ennemi». Jolie trouvaille.) Et, dans ce contexte, Mme Green/Maggie Gyllenhaal doit s’occuper, seule, à la fois de sa ferme en difficulté et de ces trois enfants qui se chamaillent sans arrêt, tout en recueillant leurs deux cousins insupportablement snobs venus de Londres. Tout ce petit monde ne parvenant pas à s’entendre, la présence de Nanny McPhee se trouve justifiée.

Le prétexte n’est pas plus mauvais que n’importe quel autre et il faut reconnaître que dans ce bout de campagne anglaise où l’on marche plus souvent dans la bouse que sur les pâquerettes, les enfants apportent une note de gaieté. Les ingrédients sont donc réunis pour faire de ce fi lm une gentille comédie familiale, mais l’humour n’est hélas pas au rendez-vous et le scénario verse souvent dans une mièvrerie qui, traitée au premier degré comme elle l’est, risque d’ennuyer même les enfants.

On se tourne alors vers la distribution pour sauver ce conte champêtre du bourbier et le spectateur de l’ennui. Outre Emma Thompson et Maggie Gyllenhaal, il y a Maggie Smith jouant une vieille épicière démente et Rhys Ifans dans le rôle d’un perfide beau-frère, en plus de quelques autres acteurs connus.

C’est un peu la crème du cinéma britannique qui s’étale sur ce morceau de pudding, mais ces grands acteurs sont si insipides dans leurs rôles qu’il faudra parler, hélas, de crème allégée. Les enfants, par contre, s’en tirent assez bien, surtout la jeune Rosie Taylor-Ritson (Celia) qui éclipse carrément les autres. Les petits cochons, eux, sont remarquables.

G.N.

G.N.