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Manière de voir : Physique

11 octobre 2010, 00:00

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Manière de voir : Physique

A aucun moment Angelina Jolie ne dit «Mon nom est Salt, Evelyn Salt…» dans ce film, mais c’est tout comme, sinon encore mieux. Non seulement la seule et unique grande star féminine du fi lm d’action hollywoodien affiche une forme étonnante dans ce film signé Phillip Noyce, mais elle pourrait en plus donner quelques leçons à Daniel Craig.

Changeant constamment d’apparence alors qu’elle est traquée sans relâche, elle finit même par se déguiser en homme. Il est vrai qu’elle a recours au latex et qu’on arrive facilement à la reconnaître, mais, le gag est amusant et la séquence vient souligner le fait que de nos jours, les casseurs de bras appartiennent aux deux sexes. Cela est d’autant plus convaincant dans le cas d’Angelina Jolie qui, en jouant Lara Croft, semblait sortie d’un jeu vidéo, alors que dans ce film elle nous apparaît véritablement comme un personnage.

Ce qui en soi tient du tour de force, vu que l’intrigue est des plus invraisemblables : une histoire d’enfants introduits dans la société américaine par le KGB durant la Guerre froide. Devenus plus tard de jeunes adultes brillants et ultra-performants, ils sont recrutés par la CIA. Mais, toujours fidèles à la cause du bolchevisme, ces agents dormeurs attendent le moment de frapper. Mariée à un arachnologue (détail important), Evelyn Salt est l’agent le plus brillant de la CIA et sa loyauté ne fait pas l’ombre d’un doute. Mais les allégations d’un transfuge des services secrets russes remettent tout en question et lancent la machine infernale… Le récit a beau n’être qu’un prétexte, il est néanmoins bien ficelé. Chaque révélation sur l’identité réelle de l’héroïne amène son lot de questions quant à ses motivations. Questions qui, tout en maintenant le spectateur dans une sorte d’attente, finissent par mener à une explication qui, tout en tenant la route, amène d’autres questions jusqu’au dénouement. On s’aperçoit alors que le film n’était pas incohérent, puisque tous les éléments du puzzle finissent par s’emboîter et qu’en entretenant notre paranoïa (comme les thrillers d’espionnage du temps de la Guerre froide), le récit aura retenu notre attention. Et, tout en félicitant les scénaristes, on a presque envie de s’en plaindre.

Car, ce récit bien écrit l’est un peu trop, pour un film qui se veut avant tout physique. De par son héroïne, qui résiste à la torture, saute d’un pont sur un porte-conteneur roulant à toute vitesse, puis sur un camion-citerne, etc., descend une cage d’ascenseur en sautant d’un support à l’autre et qui improvise un lance grenades à partir de produits d’entretien (impardonnable imprudence du personnel d’entretien de la CIA) et de meubles de bureau. De par l’actrice qui l’interprète également : musclée et se jetant dans son rôle avec une énergie très animale. Incroyablement, Angelina Jolie n’apparaît pas comme surhumaine, mais plutôt comme une combattante courageuse et déterminée. Elle est évidemment très belle et la caméra de Phillip Noyce nous le fait remarquer l’air de rien, insistant beaucoup plus sur le côté «dur» du personnage. Les scènes d’action n’en sont que plus convaincantes.

On a beau être blasé en la matière, une bonne scène d’action reste toujours un plaisir. Cela demande un sens de la cohésion spatiale et une continuité de mouvement, même en ayant recours aux effets numériques. Phillip Noyce confirme sa bonne réputation en ce domaine, jouant principalement sur les effets de caméra, le rythme, et le montage. Contrairement à certains de ses confrères, ses scènes d’action ne cherchent pas à dissimuler des incompétences (de scénario ou autres), mais à montrer du mouvement pour tenir le spectateur en haleine et créer la surprise. C’est à cela qu’on reconnaît un maître-artisan.

G. N

G.N.