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Madagascar : Sortie de crise - L’Union européenne alerte la Transition

8 novembre 2012, 00:00

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Madagascar : Sortie de crise - L’Union européenne alerte la Transition

Des défis attendent le régime pour tenir des élections acceptées par tous en vue de sortir de la crise. Le dialogue politique entre l’Union européenne et le Gouvernement de transition le confirme.

Une Feuille de route pour arriver aux élections. L’Union européenne crève l’abcès sur les sujets chauds dont le régime de Transition qui doit tenir compte, pour offrir les conditions nécessaires à la tenue de scrutin afin de déboucher vers une sortie de crise acceptable.

« La rencontre a permis à l’Union européenne d’exprimer ses appréhensions et au gouvernement de faire part des mesures prises pour y remédier », a confié une source proche de Mahazoarivo hier. Elle a ainsi résumé le dialogue politique entre l’UE et le Gouvernement de transition afin de normaliser les relations entre la Grande île et l’organisation européenne.

Dans son communiqué, celle-ci a constaté des « faiblesses et des dysfonctionnements dans l’ensemble des sujets soulevés ». Ceux-ci concernent, entre autres, le fonctionnement des institutions de la Transition, les mesures de confiance et d’apaisement, l’État de droit, le processus électoral, la gouvernance. L’UE a exhorté les institutions « à respecter les engagements fixés dans la Feuille de route et à multiplier leurs efforts pour surmonter les obstacles politiques qui en fragilisent actuellement la mise en œuvre ». Elle n’a pas manqué d’insister sur un « environnement politique
apaisé
» en vue des scrutins.

Leonidas Tezapsidis, ambassadeur de l’Union européenne, accompagné des diplomates représentants des pays membres, a évoqué « l’absence de coordination entre la Présidence, le gouvernement et le Parlement ». Il a rappelé que « la Feuille de route n’est pas encore appliquée dans tous ses aspects ».

Des sources au courant du dossier laissent filtrer certains détails qui entourent ces déclarations officielles. L’UE a exprimé sa vision sur les divergences au sein de l’Exécutif et suggéré leur règlement ainsi que la suspension des campagnes électorales avant la lettre qui pourrait compromettre la neutralité de la Transition. Elle a demandé l’application de l’article 20 de la Feuille de route, à savoir le retour des exilés politiques. Elle a aussi insisté sur le maintien du calendrier électoral.

Imperfections concédées
L’UE a également donné sa vision des dossiers socio-économiques. Elle a proposé de rechercher une solution au problème d’insécurité dans le Sud ou encore d’accélérer le processus de sortie de crise en parallèle au bouclage des projets susceptibles d’être financés.

Le Premier ministre Omer Beriziky, entouré de plusieurs membres du gouvernement, « a tenté de convaincre ses interlocuteurs », selon une source proche de Mahazoarivo. En substance, le chef du gouvernement a réitéré les explications qu’il avait déjà données devant le Congrès au cours de la séance de questions-réponses à la Chambre basse, lundi. Il a évoqué les efforts du régime pour appliquer la Feuille de route. Il a concédé des  « imperfections » dans l’application des mesures d’apaisement.

Le défi est de taille pour régler toutes les questions en suspens, notamment le cas de l’ancien président Marc Ravalomanana, alors que les présidentielles du 8 mai 2013 arrivent à grand pas. Leonidas Tezapsidis a assuré qu’il était possible de respecter le calendrier à condition qu’« il existe une volonté » d’y arriver. Il a en même temps laissé entendre la nécessité « d’accélérer les décisions » au niveau des autres instances internationales, telles la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).


Rendez-vous en janvier
Une deuxième session en vue.

Le gouvernement et l’Union européenne prévoient une autre rencontre dans le cadre du dialogue politique au « début de l’année prochaine », selon le communiqué de l’UE, à l’issue de la rencontre à Mahazoarivo hier. Ce rendez-vous vise à « revoir l’état d’avancement de la mise en œuvre de la Feuille de route, dans le cadre d’un processus de transition neutre et plus généralement, du retour à l’État de droit ». En quelque sorte, il s’agit d’un suivi de la mise en œuvre des échanges.

Ce dialogue politique est le premier du genre, après la sanction de Madagascar qui a limité les relations entre l’UE et la Grande île, en vue de normaliser les relations entre les deux parties. La décision avait été prise par l’organisation européenne à l’issue du  « transfert par la force du pouvoir, survenu à Madagascar le 17 mars 2009 []qui viole le respect des droits de l''''homme, des principes démocratiques et de l''État de droit définis dans l’Accord de Cotonou] », selon les conclusions de l’UE. Le Conseil de l’Union européenne devrait réexaminer le dossier malgache après avoir reconduit de douze mois les sanctions contre la Grande île, le 5 décembre 2011.


Iloniaina Alain