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Madagascar : Rajoelina sème la confusion en parlant d’amnistie

27 juin 2011, 00:00

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Madagascar : Rajoelina sème la confusion en parlant d’amnistie

Le président de la Transition a lancé une bombe en lâchant dans un contexte particulier, « famotsoran-keloka » (amnistie) au lieu de « famelan-tsazy » (grâce), hier à Iavoloha.

Est-ce une erreur, un lapsus ou un ballon-sonde ? Andry Rajoelina, président de la Transition, a affirmé qu''''il avait décidé un « famotsoran-keloka » (amnistie) en lieu et place d''un « famelan-tsazy » (grâce) concernant un sujet politique sensible.
C''était durant son allocution à l''occasion de la célébration de la fête nationale. « On accorde une amnistie générale à ceux qui ont plus de 65 ans, à l''exception de ceux qui ont commis des crimes, surtout de sang », a-t-il déclaré hier à Iavoloha, en présence de Leonardo Simao, membre de l''équipe de médiation. Et il a souligné: « Nous ne l''accepterons jamais, ni aujourd’ hui ni demain. »

Quelques heures plus tard, Harry Laurent Rahajason, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et directeur de communication à la Présidence, a précisé l''intention présidentielle. « Il s''agit d''une grâce et non d''une amnistie », a-t-il soutenu avant d''ajouter. « Deux catégories de grâce ont été établies. La première concerne une réduction de peine de trois mois pour les délits, tandis que la seconde touche les condamnés et détenus âgés de plus de 65 ans. »

Le ministre Rahajason éclaircit la déclaration présidentielle. « Andry Rajoelina  se veut pragmatique dans l''utilisation des termes pour être compris de l''opinion », a-t-il ajouté, laissant entendre d''une manière indirecte que le sens juridique généralement admis n''a pas été pris en compte.

Aussitôt, l''annonce du président Andry Rajoelina a fait son effet. Elle n''a pas laissé insensible une partie de l''assistance, qui s''est interrogée sur les tenants et aboutissants de sa déclaration. Interrogé sur le sujet, Honoré Rakotomanana, ancien président du Sénat, a préféré éluder la question. « Il faudra demander à celui qui a prononcé le discours le sens qu''il veut donner à sa déclaration. »

Réalité politique

Par coïncidence, l''ampleur de la décision correspond, d''une manière objective, à certaines réalités politiques. Andry Rajoelina n''a pas caché sa clémence concernant le retour de l''ancien président Didier Ratsiraka. Pierrot Rajaonarivelo, ministre d''État chargé de l''Économie et de l''industrie a fêté ses 65 ans ce mois-ci. En revanche, l''ancien Premier ministre Tantely Andrianarivo serait recalé à cause du critère de l''âge, tandis que l''allusion contre l''ancien président Marc Ravalomanana était à peine voilée.

Toujours est-il que l''annonce de Andry Rajoelina est intervenue au moment où le processus d''adoption du projet de loi sur l''amnistie ralentit, donnant une autre dimension à la déclaration. Le projet de loi, au même titre que celui sur les partis et celui sur le statut de l''opposition, a été adopté en conseil des ministres le 1er juin.

Cependant, le gouvernement ne les a pas encore soumis au Congrès ou au Conseil supérieur de la transition, obligeant les deux Chambres à remanier leur ordre du jour. Au Congrès, la prochaine réunion du bureau permanent suivie d''une conférence des présidents, censée proposer les textes à inscrire à l''ordre du jour, se tiendra mardi, soit le 28 juin.

Une source autorisée au sein de l''Exécutif indique que ces projets de loi seront incessamment déposés au Parlement. Mais cela ne laissera que quelques jours aux deux Chambres pour les examiner, à moins qu''une session extraordinaire ne soit convoquée. La session parlementaire en cours prendra fin début juillet alors que des membres du Congrès et du CST sont encore dans leurs circonscriptions respectives à l''occasion de la fête nationale.

Iloniaina Alain
L’Express de Madgascar


(Photo: Le couple Rajoelina avant la réception d’Iavoloha, hier (Photo Sergio Maryl)