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Madagascar : Les sanctions de l’UE aggraveront la vague de licenciements

23 mars 2010, 00:00

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Madagascar : Les sanctions de l’UE aggraveront la vague de licenciements

Après les Etats-Unis et l’Union africaine (UA), ce sera au tour de l’Union européenne (UE) d’examiner ses relations avec Madagascar. Elle devrait même prendre une décision formelle à ce sujet en avril devant l’impasse politique sur la Grande île. Entre-temps, des opérateurs mauriciens craignent les mesures éventuelles de Bruxelles.

«Nous sommes une société de services dans les accessoires textiles. La situation est déjà difficile. Par rapport à la période avant la crise malgache, notre chiffre d’affaires a diminué de 50 %. S’il y a des sanctions de Bruxelles, cela risque d’avoir un impact négatif sur notre société», dit Albert Wong, directeur de A &W Wong. L’UA a voté, la semaine dernière, des sanctions à l’encontre des dirigeants malgaches. Elles incluent des restrictions sur les visas, le gel de comptes bancaires et des refus d’accréditation auprès d’organisations internationales.

Depuis un an, l’instabilité politique a conduit la plupart des bailleurs de fonds internationaux à suspendre leur aide à la Grande île. Depuis décembre, Madagascar ne bénéficie plus des privilèges découlant de l’Africa Growth and Opportunity Act. Cette situation a entraîné une vague de licenciements dans les entreprises exportatrices vers les Etats-Unis. Mais, l’impact de l’instabilité politique à Madagascar sur les activités des sociétés mauriciennes reste mitigé.

«De janvier à mars 2010, il n’y a pas vraiment eu de repli majeur dans nos opérations. Mais ce n’est pas une situation de tout repos, estime Didier Descroizilles, Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Stationery Manufacturers Ltd (MSM). L’année dernière nous avons souffert de la crise politique. Nous aurions aimé avoir bien plus de visibilité pour les prochains mois afin de déterminer la marche à suivre pour les années à venir», dit-il. Celui- ci dit néanmoins constater, avec étonnement, que la monnaie malgache, Ariary (100 Ariary = Rs 1,57) est restée plus ou moins stable ces derniers mois et s’est même légèrement appréciée face à l’euro. «L’Ariary ne montre pas des signes de faiblesse, mais il faudra attendre quelques mois pour savoir comment la monnaie malgache va évoluer», ajoute Didier Descroizilles.

La situation n’a pas non plus changé pour La Nouvelle Brasserie de Madagascar – où les actionnaires sont en majorité Phoenix Beverages Ltd et Unibra de Belgique. Elle attend depuis neuf mois le feu vert des autorités pour reprendre ses opérations. Ses investissements dans la brasserie sont de Rs 700 millions.

«Cette attente nous coûte entre Rs 1,6 et Rs 2 millions par mois comme frais fixes. Nous restons optimistes de pouvoir démarrer, tôt ou tard, nos opérations», affirme Richard Wooding, CEO de Phoenix Beverages Ltd. A Cédric de Spéville, Group Chief Operating Officer de Food and Allied Group of Companies d’ajouter : «A ce jour, nos activités qui sont fortement intégrées au tissu économique et social malgache se déroulent normalement. Nous suivons la situation de près. Malgré le contexte politique actuel, nous sommes confiants de poursuivre notre croissance dans la Grande île.»

Pour VIEO Industries Ltd, compagnie de textile, les opérations se déroulent normalement car elle n’exporte pas vers les Etats-Unis. «Le problème est que nous ne pouvons pas faire une planification à long terme», dit Arif Currimjee, directeur de cette compagnie.

Même sentiment du côté de CIEL Textile, un des plus gros opérateurs mauriciens à Madagascar. «Les sanctions et la situation politique n’ont pas vraiment d’incidence sur les opérations de cette usine de
textile», estime Eric Dorchies, directeur exécutif d’Aquarelle Clothing Ltd.

De son côté, Jean-Michel Giraud, General Manager de l’United Basalt Products, considère que les activités économiques dans la Grande île «sont déjà réduites à leur plus simple expression car des gros projets sont bloqués depuis plusieurs mois déjà».

Alain Barbé
(Source : l’express – cahier Economie – mardi 23.03.10)