Publicité

Madagascar : Le fossé se creuse entre Beriziky et Rajoelina

23 décembre 2012, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Madagascar : Le fossé se creuse entre Beriziky et Rajoelina

Le clash entre le président de la Transition Andry Rajoelina et le Premier ministre Jean Omer Beriziky s’amplifie de plus en plus. Plusieurs questions attendent encore des réponses.

 Tels ont été les mots du Premier ministre. D’habitude discret sur la teneur de ses relations avec le locataire d’Ambohitso­rohitra, Omer Beriziky s’est montré prolixe hier, lors d’un petit-déjeuner de presse à Mahazoarivo.

Fidèle à sa qualité d’ancien diplomate, le Premier ministre a pesé ses mots dans toutes ses prises de paroles. Mais cela n’a pas empêché le malaise qu’il y a dans ses rapports avec le président de la Transition de transparaître.

Plusieurs points de discorde existent entre ces entités dirigeantes du régime de Transition. Un de ces sujets de désaccord concerne le remaniement ministériel.

Le Premier ministre est, entre autres, considéré par une certaine partie de l’opinion comme le principal obstacle au remaniement ministériel réclamé depuis plusieurs mois par certaines mouvances. Sur ce point, la réponse de Beriziky est claire : « Mon pouvoir est institué par la Feuille de route, elle ne me donne pas un pouvoir de nomination, seulement de proposer les noms des remplaçants présentés par la mouvance concernée. »

Sans équivoque

Une réponse qui semble renvoyer la responsabilité aux mouvances qui ont demandé le remaniement, mais aussi au président de la Transition qui a refusé la nomination des personnes qui lui ont été proposées. De plus, selon toujours le Premier ministre, « si tout va bien, il ne reste plus que cinq mois de Transition, donc je ne vois plus où est l’utilité d’un remaniement ministériel. »

Le Premier ministre Beriziky déplore certaines décisions d’Andry Rajoelina. Sur ce point, ses paroles ont été fermes et sans équivoque devant la presse. « Personne ne doit prendre de décisions unilatérales dans ce pas. Toutes décisions prises doivent être concertées car nous sommes dans une transition avec un gouvernement d’union nationale. » Laissant entendre que la plupart des décisions prises par le président de la Transition a été de façon unilatérale.

Par exemple, concernant le salaire alloué aux joueurs de l’équipe nationale de rugby, le Premier ministre a avoué avoir été surpris par cette annonce d’Andry Rajoelina, en ajoutant : « Je pense que c’est une initiative personnelle du président de la Transition, je pense qu’il faudrait réfléchir sérieusement à son application. »

Jean Omer Beriziky regrette également la façon dont Andry Rajoelina a décidé d’investir les recettes des investissements colossaux des industries minières à Madagascar. Il a fait notamment référence aux paroles du numéro un de la Transi­tion à Andohatapenaka selon lesquelles, le financement des grands projets qu’il a entrepris, notamment les hôpitaux, le Coliseum de Madagascar et autre stade Maki, provient des redevances allouées par la société Wisco.

Cette société exploite le fer à Soalala.  Un investissement des fonds publics dont le Premier ministre affirme ne pas avoir eu connaissance. Son absence remarquée lors des différentes cérémonies d’inauguration de ces différentes cons­truc- tions pourrait être interprétée comme étant une façon de montrer son désaccord avec le président de la Transi­tion. Beriziky a pourtant justifié ses absences en jouant la carte de la neutralité.

Lors de ce petit déjeuner avec la presse, la question de sa prise de position sur le « ni… ni… » lors du voyage à Maroantsetra du Premier ministre Beriziky a été abordée.

Lors de sa prise de parole devant les responsables locaux de cette ville, il s’est notamment prononcé en faveur du retrait des deux principaux protagonistes de la crise actuelle, Rajoelina et Ravalomanana. Une déclaration qui n’a pas aidé à réchauffer l’atmosphère de ses relations avec Ambohi­tsorohitra. « J’ai déjà avancé ce ni… ni… bien avant la SADC », s’est-il justifié, en ajoutant : « J’ai même proposé cinq ni, en y incluant ma personne ajoutée à celle de Rajoelina, Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka. » Interrogé sur le fait s’il a eu une quelconque influence sur cette position de la communauté internationale, il a simplement répondu : « Je n’ai pas le pouvoir d’influencer la communauté internationale. »

(Source: lexpressmada)