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Madagascar : La SADC impose le retour de Ravalomanana

14 juin 2011, 00:00

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Madagascar : La SADC impose le retour de Ravalomanana

Les membres de la SADC insistent sur la participation des anciens Présidents au processus de sortie de crise. Une position inconfortable pour le régime transitoire.

Le Sommet de la Communauté de développement de l''''Afrique australe (SADC) rééquilibre la feuille de route. Ses résolutions tendent en faveur des mouvances des trois anciens Présidents et au détriment du régime de transition et ses alliés, à l''inverse du contenu du document paraphé par ces derniers le 9 mars.

« Le Sommet a exhorté (...) la Haute autorité de transition (HAT) de permettre à tous les Malgaches en exil pour des raisons politiques de retourner au pays sans conditions, y compris M. Marc Ravalomanana », ont décidé les chefs d''État et de gouvernement des pays membres du bloc économique régional, après la réunion de Sandton en Afrique du Sud, dans son communiqué final, le dimanche 12 juin. Il demande à la HAT de « développer et de promulguer d''urgence les instruments juridiques en suspens afin d''assurer la liberté politique de tous les Malgaches dans le processus inclusif ».

 

(photo: Madagascar était le seul pays membre absent à Sandton, dimanche (Afp)
Outre le retour des exilés, le Sommet de la SADC donne une consigne pour la retouche de la feuille de route. Il « entérinera » celle-ci « après que les amendements nécessaires y auront été apportés ». Dans la foulée il a « exhorté les dirigeants des mouvances Ratsiraka, Ravalomanana et Zafy de parapher la feuille de route dans les meilleurs délais dès que les amendements nécessaires y auront été apportés ».

Les décisions des chefs d''État et du gouvernement de la SADC confirment la tendance tracée par le précédent Sommet de Windhoek le 31 mai. Ce dernier avait déjà « noté qu''il est nécessaire (...) pour MM. Ravalomanana et Ratsiraka d''être autorisés à retourner à Madagascar afin de participer au processus politique », selon le document distribué aux acteurs politiques à Gaborone, les 6 et 7 juin. Il a « exhorté les mouvances Ravalomanana, Ratsiraka et Zafy d''adhérer à la feuille de route et aux institutions de la transition qui sont encore à restructurer ».

Médiation pas sérieuse
La position de la SADC apporte de l''eau au moulin des mouvances des trois anciens Présidents qui militent pour la retouche de la feuille de route. « Nous acceptons cette décision », s''empresse de confirmer Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation de la mouvance Ravalomanana. « Il appartient aux Malgaches de la mettre en œuvre. Tout le monde doit mettre de côté sa fierté. C''est dans l''intérêt du peuple malgache. C''est ce qui apportera la paix au pays. Et la mouvance Ravalomanana s''engage à respecter cette décision et appelle tout un chacun à prendre part à sa mise en œuvre », conclut-il.

De son côté, le régime de transition affiche la prudence et s''accorde du temps pour donner une position tranchée sur la question. « Il appartient au président de la HAT et aux acteurs politiques d''en décider. Les responsables se réunissent encore », soutient Harry Laurent Rahajason, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et directeur de communication à la Présidence.

Cela n''empêche pas le membre du gouvernement de livrer son « constat personnel » sur le Sommet de Sandton. « La SADC se met à nue devant la planète entière. Ses décisions montrent que sa médiation n''est pas sérieuse », tempête-t-il. « Elle se contredit en ouvrant la voie à la contradiction en réclamant un retour sans condition de Monsieur Ravalomanana alors que 24 jours plus tôt, elle avait émis des conditions à cela. Elle risque ainsi de créer un climat délétère pouvant provoquer une guerre civile », affirme-t-il tout en soulevant l''idée d''amendements de la feuille de route « contraire à la précédente de la SADC ».

Nouvelle donne aux négociations
Les résolutions du Sommet de Sandton ouvrent la voie à de nouveaux rounds de discussions. Si elles n''ont pas précisé les points à amender dans la feuille de route, ceux-ci devront toucher, entre autres, les « institutions à restructurer » et non pas élargies.

Les mouvances des trois anciens Présidents reviennent de loin et se trouvent en position relativement confortable après avoir été tout proches d''être exclues du processus de sortie de crise. La décision de la SADC d''imposer le retour sans condition de Marc Ravalomanana et de Didier Ratsiraka avant même les discussions risque de peser dans la balance des négociations.
Le projet de restructuration des institutions de la Transition devrait aboutir à une redistribution des cartes établies par le processus d''élaboration de la feuille de route. Dans une certaine mesure, l''équipe de médiation, artisan du paysage politique actuel, reçoit un coup du fait de la poursuite des négociations.

La question qui se pose concerne la forme que vont prendre les nouvelles discussions et la durée de celles-ci. En tout cas, la nouvelle échéance est fixée au mois d''août, date de la tenue du prochain sommet de la SADC dans la capitale angolaise.

Rejet attendu par le régime
Le ton est au durcissement. Selon certaines indiscrétions, le régime de transition ne compte pas se soumettre aux résolutions de la SADC et veut afficher une position ferme, surtout contre le retour sans condition de l''ancien président Marc Ravalomanana. Il se pourrait également qu''il s''en tienne à la feuille de route paraphée le 9 mars.


Iloniaina Alain