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Madagascar : l’ancien président Didier Ratsiraka annonce son nouveau retour

6 novembre 2012, 00:00

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L’Amiral Didier Ratsiraka s’engouffre dans la brèche ouverte par le blocage dans la mise en œuvre de la Feuille de route pour passer à l’offensive dans son projet de conférence au sommet élargi. De Paris, il annonce un éventuel retour.

L’ancien président revient à la charge. Didier Ratsiraka, à Paris, prépare l’opinion sur son intention de revenir au pays avec l’idée d’une conférence au sommet élargi pour la sortie de crise.

« Nous avons hypothéqué notre maison à Paris pour obtenir un prêt, pour rentrer au pays », a déclaré Didier Ratsiraka au cours d’une intervention téléphonique hier à Anosizato. L’objectif de l’opération est de « pouvoir discuter avec vous, dans le but de rechercher une solution à la crise qui fait parler les muets », a-t-il poursuivi à l’occasion de la célébration de son 76e anniversaire au sein du parti Avant-garde pour la rénovation malgache (Arema) qu’il a fondé.

L’ancien président joue sur la fibre émotionnelle de l’opinion et distille quelques signes annonciateurs pour montrer sa détermination. « J’annoncerai, non plus cinq, mais trois jours avant la date prévue de mon retour pour nous permettre de servir la patrie », affirme-t-il. « Nous allons nous revoir bientôt », ajoute-t-il après avoir évoqué une anecdote sur sa volonté de trouver une solution à un problème éludé jusqu’alors.

Didier Ratsiraka, et les membres de sa famille qui étaient avec lui à Paris, avaient fait un bref passage dans la Grande île en novembre 2011. L’ancien Président avait jeté les jalons de son projet de conférence au sommet élargi pour la sortie de crise. Cette fois-ci, il avait laissé entendre un séjour plus long que celui de novembre 2011. Il évoque la
« promesse faite par certains en 2009 » de lui fournir une maison « alors qu’il n’en est rien encore ! »

Le nouveau retour de Didier Ratsiraka s’apparente à une nouvelle étape pour donner un coup de fouet à son projet. Ange Andria­narisoa, chef de délégation de la mouvance Ratsiraka, réaffirme que « la conférence au sommet élargi aux chefs de parti ayant leur poids, à la société civile, aux syndicats et aux militaires, constitue l’unique voie de sortie de crise (…) avec comme facilitateur le Conseil chrétien des Eglises (FFKM). »

Bourbier

Le camp de l’ancien Président, qui n’a pas signé la Feuille de route, enclenche la vitesse supérieure dans la concrétisation de son initiative au moment où la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’embourbe dans la conduite du processus de crise. L’on ne sait pas si la rencontre entre Leonardo Simao et la délégation de la mouvance, lors du passage du membre de l’équipe de médiation, constitue un élément contribuant à cette nouvelle offensive. L’ancien président de l’Assemblée nationale anticipe les attaques contre la démarche qui pourrait remettre en cause le calendrier électoral. « Les élections ne constituent pas une fin en soi. Il ne faut pas se précipiter d’y aller. Dialoguons d’abord », exhorte-t-il.

Dans une certaine mesure, la démarche pour la relance du dialogue semble trouver un écho sur l’échiquier politique, même si les positions des uns et des autres restent nuancées sur le sujet. Elle est poussée d’une manière indirecte par l’hésitation du bloc économique régional et par le blocage dans la mise en œuvre de certaines dispositions de la Feuille de route.

Dolin Rasolosoa, président du Congrès, tout comme le professeur Raymond Ranjeva, insistent sur la mise en valeur du « dialogue malgacho-malgache » pour la sortie de crise. De son côté, le FFKM poursuit sa réflexion sur le rôle qu’il pourrait tenir dans le processus depuis huit mois, l’appel de ses interlocuteurs allant dans ce sens.

Les partisans d’Andry Rajoelina, président de la transition, continuent de refuser l’initiative. « Il faut aller aux élections car la population souffre trop à cause de la crise. Si certains veulent organiser quelque chose, qu’ils le fassent, mais le calendrier des scrutins ne doit plus être retouché », rétorque Hery Rasoamaromaka, coordonnateur régional du Tanora malaGasy Vonona (TGV), parti fondé par le président de la transition.

Le membre du bureau politique du TGV réfute toute tentative de torpiller la Feuille de route. « Celle-ci est déjà une loi votée par le Parlement », soutient-il avant de lancer une pique contre l’initiative de Didier Ratsiraka. « On se demande si un tel rendez-vous déboucherait sur un autre accord. Jusqu’ici, beaucoup d’initiatives avaient été prises sans qu’il y ait de résultats palpables, à part la Feuille de route », se défend-il.

 

Alain Iloniaina
Source L’Express de Madagascar