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Madagascar-Blanchiment d''argent : La fraude fiscale en tête de file

7 mars 2012, 00:00

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Madagascar-Blanchiment d''argent : La fraude fiscale en tête de file

82% des sociétés formelles à Madagascar usent de fausses déclarations fiscales. Celle-ci est en tête des infractions d''''origine du blanchiment d''argent.

Seuls 18% sont clean! Jean Claude Razaraniaina, directeur général du service de renseignement financier de Madagascar (SAMIFIN) a rapporté, mardi, que la fraude fiscale figure en tête des infractions d''origine de blanchiment d''argent. Les études menées démontrent que près de 82% des sociétés formelles effectuent de fausses déclarations. « Des sociétés malgaches ou étrangères ne donnent pas de chiffres réels dans leur déclaration fiscale, ce qui peut être à l''origine du blanchiment d''argent », révèle le premier responsable du Samifin. La fraude douanière se situe à la deuxième place. Selon les explications fournies, des importateurs et exportateurs procèdent aux échanges commerciaux avec du cash au lieu de la domiciliation bancaire, rendant difficile, voire impossible de retracer l''argent.

Des sociétés spécialisées dans l''exploitation minière sont aussi pointées du doigt par Samifin. Apparemment, certaines ne possèdent même pas de compte bancaire, ce qui suscite des questions sur l''origine de l''argent. « Nous avons décidé de travailler étroitement avec le service financier des pays où il y a le plus de ressortissants soupçonnés d''être trempés dans le blanchiment d''argent, comme Maurice, Thaïlande, Emirats Arabe Unis, France et Monaco », confie toujours Jean Claude Razaraniaina.

Branches multiples

Mais le blanchiment d''argent ne concerne pas uniquement ceux qui utilisent des capitaux sans passer par des établissements tels que la banque. Le Samifin constate, d''ailleurs, une baisse du nombre de déclarations de soupçon reçue en 2011, qui est passée de 93 en 2010 à 67 en 2011, soit un gap de 26. « Nous ne comprenons pas pourquoi nous avons reçu moins de déclarations, alors que le nombre de personnes subitement riches ne cesse d''augmenter. Est-ce que les organes assujettis ne maitrisent pas la manière de détecter des opérations suspectes Et pourtant nous avons passé trois ans à les former et informer. Ou alors, ils font exprès de ne pas faire de déclaration pour protéger leurs clients », se demande Jean Claude Razaraniaina.

La réponse semble être le mélange des deux. En effet, si le Samifin attend la déclaration des sujets assujettis, c''est à dire tous les établissements susceptibles de faire des opérations de capitaux, certains de ces derniers attendent la même chose en retour. « Nous demandons à nos clients de faire une déclaration sur l''honneur de l''origine des sommes de plus de Ar 10 millions. Si la justice ou le Samifin veut ces informations, nous sommes obligés de collaborer. Mais il ne faut pas non plus oublier que nous avons le devoir de respecter le secret bancaire », explique un responsable d''une banque primaire dans la capitale.

Si la complicité de l''organe est prouvée, il peut être pénalisé par la loi. « Le responsable de la banque peut encourir une peine d''emprisonnement. Mais la complicité peut aussi entrainer la fermeture de l''établissement lui-même ou le paiement d''une amende », indique le premier responsable du Samifin, tout en soulignant que « face à cette baisse de déclaration, nous comptons faire tout notre possible pour appliquer cette loi».

(Photo : Jean Claude Razaraniaina, directeur général du Samifin).

(Source : Judicaëlle Saraléa, L’Express de Madagascar).