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Madagascar : Andry Rajoelina se rend en Israël pour trouver un nouveau soutien

3 janvier 2013, 00:00

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Andry Rajoelina, président de la Transition à Madagascar, s’est rendu en pèlerinage en Israël avec sa famille. C’est ce qui ressort d’un communiqué de la présidence, alors que ce déplacement suscite des interrogations sur les motifs réels du chef d’état malgache.

Un voyage qui suscite des questions. Andry Rajoelina, président de la Transition, accompagné des membres de sa famille, a rallié Israël. Un communiqué de la Présidence, publié hier, parle en premier lieu d’un motif culturel et cultuel à ce déplacement.

«Ils se sont envolés pour Israël, ce lundi 31 décembre dans la soirée, afin d’y effectuer un pèlerinage», annonce-t-il avant de poursuivre : «L''''occasion leur sera offerte, notamment de se recueillir sur la tombe de David.»

Le même communiqué se montre ensuite discret concernant les rendez-vous politiques. « Durant ce séjour en Terre Sainte, le chef de l''État aura également des entretiens avec les principaux hauts dirigeants de l''État hébreux », affirme-t-il. Il ne donne pas d’autres précisions. « Les détails de ce périple présidentiel feront l''objet de communiqués de presse ultérieurs », soutient l’annonce officielle.

Cependant, certaines sources qui semblent au fait de l’objectif de ce voyage, n’écartent pas la possibilité d’entretiens avec les premiers responsables de l’Exécutif israélien, à savoir le Premier ministre Benyamin Netanyahu et le président Shimon Peres.

Une autre source, militaire celle-ci, suppose l’une des raisons de ce déplacement. «Il n’est pas exclu que le régime de transition tente d’acquérir, entre autres, des appareils militaires comme les drones, en Israël.»

Équipements militaires
Andry Rajoelina avait promis des équipements militaires pour lutter contre l’insécurité dans le Sud durant son déplacement à Betroka en septembre 2012. Il avait signalé l’acquisition d’hélicoptères mais également de surveillance satellitaire «dans les prochaines semaines». Mais l’opération ne s’est pas déroulée comme prévue.

Une troisième source suit la piste diplomatique. «Le déplacement ressemble à une matérialisation des changements prônés par le président Andry Rajoelina. Il pourrait être perçu comme une opération visant à jeter les bases d’une nouvelle orientation diplomatique dans le cas de son éventuelle élection», soutient-elle.

Un analyste politique pense à une éventuelle recherche de soutien diplomatique au moment où la Transition se trouve à la croisée des chemins dans le processus de sortie de crise. « Il se peut qu’il s’active pour trouver de nouveaux partenaires techniques et financiers », avance-t-il, rappelant la menace brandie par Andry Rajoelina d’aller «respirer à l’Est si l’on veut nous étouffer à l’Ouest».

Le même analyste voit, dans ce déplacement, une tentative de «chercher le soutien des Juifs».

«Il se peut que le président de la Transition le cherche, étant donné le poids des Israéliens auprès des États-Unis», observe-t-il. «Par tous les moyens, Andry Rajoelina cherche à influer sur la position américaine comme il l’avait tenté avec l’un des groupes parlementaires du Congrès américain, sans succès», rappelle-t-il.

Dans ce cas, l’on se demande quelle sera la portée de la manœuvre initiée par la Présidence. «Nous connaissons très bien les liens qui unissent Israël aux États-Unis. D’ailleurs, il est difficile d’occulter l’alignement de la communauté internationale sur une position commune concernant le processus de sortie de crise. Un alignement qui risque d’être difficile à bouger», conclut-il.

Relations diplomatiques autrefois fructueuses
Les relations diplomatiques entre Israël et la Grande île ont connu des hauts et des bas. Elles étaient au beau fixe durant la 1ère République. La visite officielle de Philibert Tsiranana, premier président, pour signer un «traité d’amitié et de paix perpétuelle israélo-malgache» en 1961 en est l’illustration. Il en est de même d’autres visites de hauts responsables des deux pays comme celle du vice-président Calvin Tsiebo, et des ministres André Resampa et Jacques Rabemananjara en Israël, du chef du gouvernement israélien Lévi Eshkol et du chef de la diplomatie Golda Meir respectivement en 1966 et 1963, à Madagascar.

Israël avait ouvert une ambassade à Antananarivo. Ces relations avaient débouché sur une coopération technique pour ne citer que l’équipement des Forces républicaines de sécurité et la formation des hauts responsables des forces de l’ordre. Sans compter la réalisation du projet de l’orangeraie de Bezezika à Morondava.

Les deux pays avaient également entretenu des relations économiques, comme l’avait concrétisé la signature de l’accord de coopération économique et technique en 1964. Une commission mixte avait siégé à Antananarivo en 1968. Les secteurs minier et touristique, dont la construction de l’Hôtel Madagascar Hilton, ont été explorés par les deux pays.

Les relations diplomatiques entre Madagascar et Israël se sont refroidies durant la IIe République, sinon durant le gouvernement transitoire du général Gabriel Ramanantsoa. Au début des années 90, le président de l’époque, Albert Zafy, par le biais de ses collaborateurs, avaient tenté de renouer des contacts avec Israël mais sans réussir.

Actuellement, Israël est représenté par un ambassadeur non-résident. Son gouvernement avait dépêché un diplomate pour suivre l’évolution du procès de Joseph Akiva, l’un de ses ressortissants qui se dit opérateur économique mais qui a été condamné avec sursis par la justice pour affaires politiques, au début de l’année 2012.


Iloniaina Alain
(Source : lexpressmada)

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