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Madagascar-Élections : La CÉNIT s''arme de prudence

31 mai 2012, 00:00

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Madagascar-Élections : La CÉNIT s''arme de prudence

L''''organe chargé de préparer et d''organiser les élections se donne jusqu''au mois d''août pour annoncer la date des scrutins. Il met les autres parties concernées devant leurs responsabilités.

La Commission électorale nationale indépendante pour la transition (CÉNIT) joue la montre. Elle évite de se prononcer sur un calendrier électoral et se limite à dévoiler un « calendrier partiel » lié au processus de préparation des consultations populaires. « La CÉNIT (…) adopte un calendrier électoral partiel de démarrage du processus matérialisé par un chronogramme matriciel prévu s''achever le 11 novembre 2012 », a déclaré Béatrice Atallah, présidente de l''organe chargé de préparer et d''organiser les consultations populaires, mardi.

Dans sa délibération, la CÉNIT se garde d''annoncer une date des scrutins à l''expiration des deux mois prévus par la loi pour le faire. Pour y remédier, elle promet la publication de la « réalisation des normes pouvant aider à la détermination définitive des catégories et des dates des élections », selon Béatrice Atallah, devant des représentants de la communauté internationale, ceux des signataires de la Feuille de route et des membres du gouvernement.

Dans sa délibération, la CÉNIT donne des indications sur la possibilité de tenir des élections avant le mois de novembre. Ce chronogramme de six mois diffère de celui établi par les experts des Nations unies qui préconisent huit mois. Mais Béatrice Atallah affirme avoir « pris acte des recommandations émises par des experts des Nations unies, de l''Union européenne et de l''Organisation internationale de la Francophonie », avant de trancher.

La CÉNIT laisse une fenêtre entr''ouverte sur la possibilité de fixer la date des élections en cas de bonne marche des préparatifs. « On pourra se prononcer au mois d''août, si tout va bien », avance Béatrice Atallah, soit quatre mois avant l''expiration de la saison électorale fixé par le code électoral.

Conditions de réussite

En agissant ainsi, l''organe chargé de préparer et d''organiser les élections met les acteurs politiques et la communauté internationale devant leurs responsabilités concernant la tenue des élections cette année. Dans son intervention, Béatrice Atallah rappelle, à plusieurs reprises, l''autre condition de la réussite de ce « calendrier partiel ». Elle met l''accent sur les conditions financières et matérielles pour mettre en branle le processus. L''annonce exige, d''une manière implicite, le règlement des questions politiques pendantes à la tenue des consultations populaires.

Les réactions divergent concernant l''appréciation de la position adoptée par la CÉNIT. Le Premier ministre, Omer Beriziky, exhorte les parties concernées « à se concentrer sur la préparation des élections » tout en rappelant sa position « contre la précipitation » dans l''organisation des scrutins. En répon­se à l''appel de la CÉNIT, il promet de faire le nécessaire auprès de la communauté internationale. Andry Rajoelina, président de la transition, avait indiqué le déblocage des fonds à partir du mois de juin, lors de son intervention médiatique le mardi 22 mai.

Hery Rasoamaromaka, coordonnateur régional du Tanora malaGasy Vonona (TGV), parti fondé par Andry Rajoelina, se garde de faire des commentaires. Par contre Hery Rakotobe, membre du Conseil supérieur de la transition (CST) « se réjouit » de la déclaration de la CÉNIT. « Cela devrait clarifier la donne et obliger les acteurs politiques à régler leurs différends avant les scrutins, au risque d''hypothéquer leur avenir politique immédiat », soutient le membre de l''Espace de concertation politique (Escopol).

Gert Grobler, ambassadeur de l''Afrique du Sud, se félicite également de l’« avancée » de la CENIT qui donne « plus de garanties » dans le processus électoral. Le diplomate note quand même un calendrier « serré » proposé à Alarobia.
Par contre, les partisans de l''ancien président Marc Ravalomanana soulèvent l''inopportunité de la tenue des élections dans la situation actuelle. « Toutes les conditions ne sont pas réunies en ce moment », avance Ger­main, membre du Congrès, au rassemblement des partisans de l''ancien Président au Magro, à Behoririka, hier. « Le régime est à cours d''argument et tente un forcing pour ces consultations populaires », avance-t-il.

(Photo : Béatrice Atallah (à dr.) passe à la loupe le processus électoral).

(Source : Iloniaina Alain/L’Express de Madagascar).