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Lucien Finette, directeur du «Mauritius Examinations Syndicate» : «Le HSC Pro sera comme un début d’initiation»

5 octobre 2013, 13:49

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Lucien Finette, directeur du «Mauritius Examinations Syndicate» : «Le HSC Pro sera comme un début d’initiation»

Les examens du HSC ont déjà débuté tandis que ceux du SC et du CPE ne tarderont pas à commencer. «L’express» en a profité pour poser quelques questions à Lucien Finette autour de ces épreuves accueillies avec appréhension par la plupart des familles.

 
À quelques semaines des examens du CPE, quelles sont les mesures prises pour s’assurer que tout se passe à la perfection ?
Le CPE est préparé sur une période d’à peu près six mois. Nous acceptons des entrées jusqu’au dernier moment. L’accès à plusieurs personnes telles que des prisonniers est donné. Nous avons plus de 100 cas cette année-ci qui demandent une considération spéciale. Il faut aussi s’occuper des questionnaires et s’assurer qu’il n’y a pas d’erreurs. Une fois que nous les recevons, ils restent dans la chambre forte sous surveillance policière.
 
Est-ce qu’il y a des cas de tricherie pendant les examens du CPE ?
Il peut y avoir des cas de tricherie mais c’est assez limité par rapport à ce qui peut se passer au niveau secondaire. Mais c’est très limité. Par contre, nous faisons très attention à la violence pendant les examens, ou pendant la récréation entre deux papiers. Les responsables ont maintenant l’autorité nécessaire pour exclure quelqu’un de la salle d’examens en cas de violence caractérisée. L’accès aux salles de classe du centre d’examens est une zone restreinte, strictement contrôlée.
 
Que pensez-vous du «surmenage» causé par les leçons particulières, en cette période pré-examens CPE ?
Écoutez, ce serait bien difficile pour quelqu’un d’être tout à fait contre les leçons particulières car, que vous le voulez ou non, il y a une sélection et une compétition. Mais quand même, il faut bien comprendre que trop, c’est comme pas assez. Lorsque l’enfant subit un bourrage de crâne, cela peut avoir l’effet inverse. Au lieu de travailler mieux, il travaille plus mal. La pression peut alors devenir comme un chantage psychologique, l’enfant peut sentir qu’il déçoit, qu’il n’est pas compris. Il est obligé d’avoir tel collège sinon il est un bon à rien. Je pense que ce genre de choses n’est pas dans l’intérêt des enfants. Il faut qu’ils fassent leur possible dans une compétition saine pour faire sortir ce qu’il y a de meilleur.
 
Parlons du «CPE resit», qui aura lieu pour la première fois cette année. Un examen en décembre, est-ce justifié ?
Bien, dans ce cas si, c’est totalement justifié. Ce n’est pas qu’un examen en décembre, c’est la seconde chance pour ceux qui ont échoué dans une matière à ne pas avoir à refaire toute une année. Environ 2 500 candidats, pour une raison ou une autre, échouent dans une matière. On essaie de donner un maximum de chances aux enfants. Par exemple, s’ils sont malades, ils n’arrivent pas à obtenir 30 points dans un papier et ils échouent. Je trouve cela très dur à accepter. Là, ils auront un moyen de se rattraper. On a le droit de se sentir moins bien un jour. Il faut voir cela de façon positive.
 
Le taux d’échecs aux examens du CPE demeure tout de même important. D’après vous, quelle en est la cause ?
Le taux d’échecs diminue, il faut voir le taux de réussite qui augmente (rires). On aurait pu avoir 100 % de réussite, il suffit de faire un examen où il y a très peu de matières. C’est le seul examen que vous avez après 6 ans. L’enfant entre au primaire, il va jusqu’à la sixième en promotion automatique. C’est en sixième que les élèves vont être évalués. On s’attend à ce qu’il y ait des échecs dans le système actuel. Vous savez, il ne faut pas prendre le taux d’échecs sur une année, sur un examen. Il faut voir combien échouent le CPE et combien ne passent pas la rampe du CPE. C’est pourquoi nous avons introduit la notion de «cohort», l’année dernière, ils étaient 82 % à réussir.
 
Vous vous attendez à quel pourcentage de réussite cette année ?
Non, non, je ne peux pas savoir… Mais moi je pense que ceux qui vont réussir à passer cette barrière du CPE seront plus nombreux. Pour plusieurs raisons, je crois que les enseignants, les parents et même les enfants sont de plus en plus conscients qu’ils doivent passer. Les parents euxmêmes sont des pédagogues maintenant (rires). Les enfants ont beaucoup de loisirs, tout cela permet à l’enfant de mieux s’épanouir. Le ministère a également pris des mesures pour les aider. Il ne faut pas oublier l’examen de Resit, cela va leur permettre de se reprendre.
 
Après l’allocation des collèges, bonjour la grogne. Les parents accusent le MES de pratiquer un système opaque. Qu’avez-vous à répondre ?
Une grogne ? Oui peut-être. Le système n’est pas transparent, mais je ne pense pas qu’il puisse exister un système complètement transparent. Pour cela, il faudrait ouvrir toutes les portes, laisser tout le monde consulter tous les papiers… Aucun organisme ne peut fonctionner ainsi. Je pense qu’il y a peut-être parfois de l’incompréhension et une mauvaise interprétation. Nous avons un système où nous ne voulons pas trop traumatiser les gens en donnant des points. Nous avons des grades. C’est comme un groupe, au lieu de dire que celui-ci est premier et l’autre second, on dit qu’ils sont tous dans le premier grade. C’est dans cet espritlà qu’il faut voir les choses.
 
Le HSC Pro sera introduit comme projet pilote en 2015 dans les collèges. Qu’est-ce qui va changer ?
(Exclamation) Tout va changer ! Tout le monde dénonce le programme du HSC, que c’est trop académique. Les employeurs aussi vous disent que quelqu’un qui a fait le HSC ne peut pas travailler. Le HSC n’a pas évolué. Il est resté très axé sur l’entrée à l’université. Le HSC prend 2 à 3 ans, il faut qu’en sortant de là, les jeunes puissent entrer dans le monde du travail. Seulement 2 500 candidats sur 10 000 participent au HSC pour être boursier. Le reste est là pour obtenir un diplôme seulement, pour être déversé sur le marché du travail. Le HSC Pro est un mélange de compétences académiques et professionnelles. Pendant les deux années du HSC, les étudiants bénéficieront d’une formation. En quittant l’école, ils seront employables Immédiatement.
 
Et que fait-on des études supérieures ? Ne seront-elles pas importantes pour trouver un job ?
Non, ce n’est pas cela… Les études supérieures vont plus loin encore. Les étudiants seront encore meilleurs ! Le HSC Pro sera comme un début d’initiation. Les gens déjà formés pourront porter cette connaissance vers de plus hauts sommets. Au contraire, le HSC Pro permettra d’aspirer aux études supérieures. Au lieu de commencer, les étudiants vont continuer.
 
Quelles sont les filières identifiées ?
L’on commence par la technologie informatique. La deuxième filière est toujours en train d’être évaluée. Il y a plusieurs choix, parmi l’agriculture, le tourisme, l’hôtellerie, la science marine… Les étudiants semblent accueillir le HSC Pro de façon extrêmement favorable.
 
Beaucoup pensent que Cambridge est dépassé et qu’il faut passer à l’International Baccalaureate (IB). Quelle est votre opinion ?
(Soupir) C’est un vieux débat. Cambridge évolue chaque année, c’est une institution très moderne qui s’adapte. IB est un système différent. Et puis Cambridge ne peut pas être dépassé, plusieurs services sont disponibles. Oui, l’IB est quelque chose de très valable mais il faut penser en termes de pays, un système national. C’est très difficile d’adapter le système d’IB dans un pays, car il faudra changer complètement. Les enseignants devront suivre une autre formation. L’IB inclut beaucoup de volontariat, cela coûte très cher aussi. Il est très élitiste, il faut voir si on a toutes ces compétences. C’est un très bon système pour ceux qui peuvent le faire mais offrir à toute la nation ce système, c’est très compliqué.
 
Que pensez-vous de ce fléau qu'est l'absentéisme dans  les collèges ?
Écoutez, l’école reste encore un lieu où on va passer ses examens. Il y a une pression sur les enfants pour réussir les examens. Il faut pouvoir relâcher la pression, mettre autre chose dans la vie que la réussite scolaire. C’est la réussite de l’individu qui compte. À quoi cela sert-il d’être brillant dans ses études et d’être une catastrophe quand il s’agit d’autres valeurs ? Les enfants s’absentent pour se concentrer sur les études, car il n’y a que cela à l’école pour eux. Il y a trop de pression pour qu’ils réussissent brillamment, pour qu’ils soient meilleurs que leurs voisins ou d’autres membres de leur famille. On se crée une compétition. C’est pourquoi les Mauriciens aiment beaucoup les courses hippiques ! (rires) Ils aiment voir qui sont les premiers, ils valorisent beaucoup ceux qui sont premiers. Ils ne valorisent pas la réussite, mais la réussite est meilleure que les autres !
 
«On essaie de donner un maximum de chances aux enfants.»