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Loto: Portrait d’un joueur invétéré

6 janvier 2010, 00:00

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Jean-Marie Perrine habite  Port Sud-Est, à Rodrigues. Il est l’un des heureux gagnants du dernier tirage du Loto du samedi 2 janvier. Mais avant d’empocher les 3 millions de roupies, Jean-Marie Perrine a dépensé plus de 2 millions aux divers jeux de hasard, tant il est possédé par la fièvre du gain. Voici son histoire.

Jean-Marie Perrine a 57 ans il est séparé de sa femme qui lui a donné six enfants. Trois d’entre eux sont à Rodrigues, deux sont à Maurice et une fille vit en Suisse. Il essaie tant bien que mal de gagner sa vie à travers des petits boulots qu’il cumule dans la cour de certains particuliers. «C’est en allant jouer toutes les Rs 100 obtenues dans la matinée du dimanche, après avoir effectué un petit boulot, que j’ai appris la bonne nouvelle», affirme-t-il.

Avant de devenir millionnaire, la vie n’a pas été tendre avec lui. «J’étais un enfant maltraité et je n’ai jamais connu une vie facile. Je n’ai rien fait d’illégal, mais j’ai dû apprendre à me battre et j’ai dû jeter mon dévolu sur le jeu pour m’en sortir», ajoute Jean-Marie Perrine.

Cet analphabète de Port Sud-Est a travaillé pour le gouvernement pendant une partie de sa vie pour nourrir sa famille. Mais il faillira plusieurs fois à cette tâche à cause de sa dépendance au jeu. «C’est presqu’un vice chez moi, je touchais 6,000 à 7,000 roupies par mois, et souvent je dépensais le tout au jeu. Ma famille n’avait rien à manger pendant tout le mois. Cela s’est produit plusieurs fois. J’ai souvent demandé de l’argent pour jouer. C’était l’enfer pour rembourser cet argent puisque je ne gagnais que très rarement», avoue-t-il sans aucune gêne.

Jean-Marie Perrine est conscient de son état de dépendance. «Ma fille qui se trouve actuellement en Suisse refuse de m’envoyer de l’argent parce qu’elle sait que je vais tout dépenser au jeu, ce qui n’est pas faux», dit-il presqu’en rigolant.

A la question : que fera Jean-Marie de son argent ? Voici sa réponse : «J’ai toujours rêvé d’avoir une voiture. J’ai eu six mobylettes. Mais mon plus grand rêve, c’est de posséder une voiture. J’aimerais bien améliorer ma situation et celle de mes enfants. Je compte acheter deux maisons à Maurice pour chacun de mes fils. Et à Rodrigues, je vais investir dans un restaurant», révèle-t-il.
Mais chasser le naturel, il revient au galop. « Je ne vais pas arrêter de jouer. Je ne vais tout de même pas jouer les 3 millions de roupies, mais je vais continuer. C’est plus fort que moi», avoue-t-il. «J’ai beaucoup prié et je pense que Dieu m’a exaucé. Mais je vivais un enfer. J’étais dans un problème financier critique et la chance m’a souri à temps. Vous savez, je n’ai pas toujours fait de belles choses parce que je suis un accro du jeu. Je me suis souvent retrouvé dans une situation de surendettement à cause du jeu. Que voulez-vous, j’en suis devenu dépendant», dit-il sur un ton grave.

Tous les zougadères n’auront pas la même chance que Jean-Marie Perrine. Il est une des rares personnes gagnées par le vice du jeu à s’en être sorti, pour le moment, par un concours de circonstances favorables. Devrons-nous trouver là un sursis ? L’avenir nous le dira. En attendant, pour le joueur pathologique qu’est Jean-Marie Perrine, la vie n’aura de sens qu’après avoir touché un plus gros lot… et pourquoi pas la cagnotte  de… Rs 50 millions !