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L''ONU obtient peu d’aide en faveur du Pakistan

16 août 2010, 00:00

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L''ONU obtient peu d’aide en faveur du Pakistan

Le secrétaire général des Nations unies, qui s’est rendu au Pakistan, hier (dimanche 15 août),  a demandé à la communauté internationale de se montrer plus généreuse, et  d''''accélérer son aide au Pakistan. 

Cet appel pressant intervient à un moment ou l''ONU est loin du chiffre de 459 millions de dollars nécessaires pour les opérations d''urgence, ayant  recueilli jusqu’ici  à peine le quart.

Ban Ki-moon a d’abord  rencontré le premier ministre Yusuf Raza Gilani et le président Asif Ali Zardari, avant de se rendre dans l’un des multiples camps de réfugiés, en l’occurrence  dans la région de Multan, au centre du Pendjab.

Ces camps montés à la hâte, sont surpeuplés et  mal organisés. Ils  pourraient rapidement devenir de véritables nids à épidémies, écrit Marie-France Calle, dans un reportage publié ce matin par le journal français Le Figaro.  L''eau potable et la nourriture y font cruellement défaut et au moins un cas de choléra a été recensé au nord-ouest du pays. Comment pourrait-il en être autrement? Les crues ont ravagé les récoltes et souillé les puits sur près d''un quart du territoire pakistanais.

«Ces inondations sont d''une telle ampleur que même le gouvernement le mieux préparé aurait du mal à y faire face», reconnaît l''Institute for Defence Studies and Analyses (IDSA), un think-tank indien à Delhi. Ajoutant: «Mais elles ont mis en lumière, s''il en était besoin, l''incapacité et les inaptitudes du leadership politique pakistanais et de son administration».

Une opinion que partagent bien des Pakistanais, écœurés par le comportement de leurs dirigeants. «Oui, les défis à relever sont de taille, mais ils ne sont pas insurmontables», lance l''analyste Cyril Almeida dans le quotidien Dawn. «En fait, ce qui effraie le plus les gens, c''est l''attitude du gouvernement actuel. Tels des passagers de première classe exigeant du caviar à bord d''un Titanic en train de couler, le gouvernement fédéral semble superbement ignorer la tempête qui pourrait bien finir par l''emporter.» Quant à l''IDSA, il avertit: «La démocratie en tant que telle traverse déjà une grave crise au Pakistan, aucun parti politique n''étant vu sous un jour favorable par la population. À long terme, les inondations pourraient encore affaiblir la crédibilité du gouvernement.»

Et puis, il y a le peu d''enthousiasme des donateurs internationaux. Même les pays islamiques se sont montrés singulièrement peu généreux. Seuls les États-Unis ont, une fois de plus, décidé de payer. Ce peu d’enthousiasme de la communauté internationale est une aubaine pour les islamistes.

«Plus qu''un désastre, les talibans voient les inondations comme une énorme opportunité pour recruter au Pakistan», relève le journaliste et écrivain pakistanais Ahmed Rashid, spécialiste des talibans. «La destruction des infrastructures et des communications entravera pour plusieurs années les opérations de l''armée pakistanaise contre les talibans. (…) les terroristes liés à al-Qaida dans les zones tribales auront la vie plus facile. Cela signifie que la guerre en Afghanistan va devenir encore plus sanglante», conclut Ahmed Rashid.