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Londres : incertitude après des émeutes ultraviolentes

8 août 2011, 00:00

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Londres : incertitude après des émeutes ultraviolentes

Londres se préparait, le dimanche 7 août, à une reprise possible des violences après des émeutes sans précédent depuis des années, que les milieux politiques et la police imputent à des bandes criminelles mais que certains habitants expliquent par des tensions locales et par le chômage.

Des émeutiers armés de cocktails Molotov ont semé le chaos durant la nuit à travers le quartier défavorisé de Tottenham, dans le nord de la capitale, incendiant véhicules de police, bâtiments, magasins et un autobus à impériale.

"Il y a des échanges sur Twitter dans lesquels il est demandé aux gens de se rassembler à nouveau à Tottenham, nous sommes tous préoccupés mais nous serons évidemment beaucoup mieux préparés cette fois", a déclaré Richard Barnes, adjoint au maire de Londres, à la BBC-télévision.

Un responsable de Scotland Yard, Adrian Hanstock, a déclaré à Reuters que les réseaux sociaux voyaient "circuler beaucoup de conjectures inexactes" pouvant enflammer la situation.

"Si nous recevons le moindre signe annonciateur de nouvelles violences ou de nouveaux délits, un solide plan de maintien de l''''ordre est en place et nous réagirons de façon appropriée avec les moyens dont nous disposons", a-t-il dit.

La police a ensuite fait savoir qu''on l''avait sollicitée à Enfield, à quelques kilomètres au nord de Tottenham, où des jeunes avaient brisé deux vitrines de magasin et endommagé un véhicule de police. "Pas une émeute, mais des troubles sérieux", a indiqué le député local Nick de Bois sur son compte Twitter.

Appel au calme

Les forces de l''ordre font état de 26 policiers blessés par des émeutiers qui les ont criblés de projectiles divers. Des groupes ont pillé des bâtiments tels que banques, magasins et locaux municipaux et brûlé trois véhicules de police près du commissariat de Tottenham, dans le nord de Londres.

Les troubles, qui ont donné lieu à 55 arrestations, ont fait suite à une manifestation de protestation suscitée par la mort d''un homme de 29 ans, Mark Duggan, jeudi lors d''une fusillade avec les forces de l''ordre. A l''issue du rassemblement, environ 200 personnes ont jeté bouteilles et projectiles sur les policiers avant de saccager véhicules et édifices.

Des habitants ont dit avoir été contraints de fuir leurs foyers pour échapper aux affrontements tandis que la police montée et des unités anti-émeute chargeaient pour tenter de repousser les émeutiers.

Au lever du jour, l''ampleur et la durée des affrontements ont suscité des questions sur l''efficacité de la police londonienne à un an des Jeux olympiques de Londres.

Le calme n''a été rétabli dimanche qu''après plusieurs heures d''accrochages sporadiques. De la fumée s''élevait encore de plusieurs bâtiments, des briques jonchaient les rues et des sirènes d''alarme retentissaient encore.

"Ils ont presque tout pris", a dit Saad Kampal, responsable d''une chaîne de magasins. "Ce qui reste est endommagé." Le député travailliste local David Lammy a lancé un appel au calme. Il a dit ignorer si tous les occupants d''appartements situés au-dessus des magasins détruits avaient pu s''échapper.

"Nous comptons déjà une famille en deuil dans notre communauté et de nouvelles violences n''apaiseront pas sa douleur. La véritable justice ne sera que le résultat d''une enquête minutieuse", a-t-il déclaré.

"Pour comprendre les faits, nous avons besoin de calme."

Il a également mis en cause l''attitude de la police : "Je m''étonne qu''une manifestation pacifique (...) ait dégénéré et (...) que cela ait duré des heures avant que la police adopte l''attitude appropriée."

Chômage et tensions

Tottenham compte un grand nombre de minorités ethniques et certains secteurs affichent des taux de chômage parmi les plus élevés de Londres.

En octobre 1985, sa cité de Broadwater Farm avait été le théâtre d''émeutes marquées la mort d''un policier, Keith Blakelock, mis en pièces au cours d''affrontements entre forces de l''ordre et jeunes émeutiers d''origine afro-antillaise. Les émeutes avaient été déclenchées par la mort d''une Antillaise lors d''une perquisition de la police.

Selon plusieurs habitants, la colère montait depuis un certain temps contre les contrôles policiers. "J''habite à Broadwater Farm depuis 20 ans et depuis le premier jour, la police soupçonne toujours les Turcs et les Noirs", a dit un travailleur social d''origine turque âgé de 23 ans.

Un habitant d''une cinquantaine d''années disait comprendre les émeutiers: "Nous savons que le gouvernement nous prend pour cibles, nous néglige. Quand on met un million de jeunes au chômage, comment voulez-vous que nous nous taisions ?"

Un porte-parole du Premier ministre David Cameron a dénoncé des violences "totalement inacceptables". "Rien ne justifie les agressions subies par la police et le public, ni les atteintes à la propriété", a-t-il dit.

(Source: Reuters)