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Logements sociaux : Où l’inconfort et l’oisiveté font davantage ressortir la ghettoïsation

15 janvier 2012, 00:00

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Logements sociaux : Où l’inconfort et l’oisiveté font davantage ressortir la ghettoïsation

Les logements sociaux font polémique. Décriés par certains, acclamés par d’autres. Qu’en est-il au juste ?

Une incursion à Riche-Terre, à deux kilomètres de Ste-Croix. Pour se rendre chez la famille Rughoobar, il faut parcourir à pied un trajet d’une vingtaine de minutes à partir de l’arrêt d’autobus. L’entrée est barrée par des morceaux de bois. La maisonnette de couleur saumonée équipée de fenêtre PVC a belle mine.

C’est au mois de septembre que la famille Rughoobar se voit offrir cet abri de 24 mètres carrés couvert de tôle, estimé au coût de Rs 150 000. « Après presqu’une année de démarches », précise Dulla Rughoobar, 63ans. Ce dernier était déjà propriétaire d’un terrain, et était donc éligible à être bénéficiaire de ce Concrete cum CIS, comme le stipule le critère d’éligibilité.

Cependant, l’intérieur de la case dément l’impression première. Une maisonnette superficielle qui dissimule de l’inconfort. Le Concrete cum CIS n’offre, en effet, que deux chambres à coucher, une cuisine alors que les toilettes et la salle de bain ont été aménagées dans une même pièce. Sans douche.

« Je ne veux pas jouer aux éternels insatisfaits, car auparavant j’habitai une maison qui n’avait pas de fondations solides. En temps pluvieux, ce n’était pas évident. Aujourd’hui ma famille et moi sommes à l’abri des intempéries », fait ressortir Dulla Rughoobar. Ce dernier ne peut cependant pas masquer l’incommodité qui règne dans cet abri quatre pièces, où habitent son épouse et son fils de 15 ans.

« Heureusement que je n’ai pas démoli mon ancienne maison, car sinon où est-ce que nous aurions gardé toutes nos affaires ? Cette maison que nous avons reçue est bien trop petite pour contenir nos effets personnels », poursuit-il.
Conscient de la générosité dont on leur en a fait grâce, la famille Rughoobar ne veut s’aventurer à remettre en question la politique de relogement du gouvernement. « Mais ce genre d’habitat n’est pas adéquat », avance-t-il.

Des maisons inappropriées. C’est le refrain habituel pour la plupart des personnes ayant bénéficié de logements sociaux. A Bambous, La Valette par exemple difficile pour les quelque 200 familles relogées d’affirmer qu’elles sont contentes. « Que voulez-vous ? On ne peut plaire à tout le monde », lâche Claudino Pierre, habitant de la Valette et propriétaire de l’unique boutique de la localité.

« J’ai pendant des années vécu à Cité Karo Kalyptis dans des conditions précaires et aujourd’hui avec Rs 800 par mois je suis persuadé de devenir propriétaire, une fois que je me serai acquitté de la somme de Rs 409 000 », poursuit-il.

« On nous avait clairement promis un logement plus décent. Nous sommes à six à habiter une maison de 50 mètres carrés, qui ne contient qu’un salon/salle à manger, d’une seule chambre à coucher, d’un coin cuisine, et d’une salle de bains/toilettes. Je suis âgé de 19 ans et je dois encore dormir dans la même chambre à coucher de mes parents », s’indigne Brian Augustin.
A La Valette, il paraît que l’oisiveté a gagné toute la jeunesse. Les portes du seul terrain de jeu qui y existe ne sont en effet qu’ouvertes entre 17 heures et 19 heures. « Et il arrive même qu’ils oublient d’enlever les verrous, ce qui fait que le terrain de jeu reste fermé », poursuit le jeune homme.

Parmi les autres doléances formulées par les habitants de la localité, figure en tête de liste le problème d’autobus. « Nous avons droit à un système de transport rigoureux. Nous avons ainsi droit à un autobus à 7 heures, 9 heures, 16 heures et 17 heures. Si vous l’avez, par malheur, raté, il ne vous reste plus qu’à marcher jusqu’à l’arrêt d’autobus situé à proximité du supermarché Winners, soit à un kilomètre de la Valette. »

Selon une enquête menée par Alternet Research and Consulting, sous la houlette de Jean-Claude Lau Thi Keng en août 2011, le programme de relogement à La Valette s’apparente davantage à un processus de ghettoïsation.