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L''Italie déplore un "climat de haine" suite à l’agression de Berlusconi

15 décembre 2009, 00:00

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L''Italie déplore un "climat de haine" suite à l’agression de Berlusconi

Au lendemain de l''''agression contre Silvio Berlusconi, l''Italie, de droite comme de gauche, déplore lundi le "climat de haine" qui se serait installé dans la Péninsule.

Le président du Conseil a dû être hospitalisé dimanche avec plusieurs dents cassées, le nez fracturé et des entailles sur les lèvres.

L''agresseur, un homme de 42 ans suivi depuis dix ans pour des problèmes psychiatriques, lui a lancé en plein visage une petite statue du célèbre Duomo, la cathédrale de Milan, à l''issue d''une réunion publique dans la capitale lombarde.

Selon un bulletin de santé diffusé à la mi-journée, l''état de santé de Berlusconi ne suscite pas d''inquiétude mais il devra rester à l''hôpital au moins jusqu''à mardi. Il se plaint de douleurs au visage et à la tête et a perdu un litre de sang.

Son médecin, Alberto Zangrillo, a déclaré lundi soir à l''agence de presse italienne Ansa qu''il ne reprendrait pas ses activités officielles avant dix jours.

Tous les quotidiens italiens affichent en Une des photographies montrant le visage ensanglanté du "Cavaliere" et c''est le mot "haine" qui revient le plus fréquemment dans les commentaires des éditorialistes.

Car bien au-delà du simple compte rendu des faits, les journaux s''interrogent sur l''état du pays, après des mois de conflit politique et d''escalade verbale autour de la figure controversée de son chef du gouvernement conservateur.

Revenu au pouvoir en avril 2008, Silvio Berlusconi défraie la chronique depuis mai dernier en raison de révélations sur sa vie intime ou les soupçons de corruption dont il fait l''objet.

La société civile a organisé le 6 décembre à Rome une manifestation massive dans le cadre d''un "No Berlusconi Day" mais l''opposition reste désorganisée en l''absence de chef de file rassembleur.

"Nous en sommes arrivés là. Un climat de haine contre Berlusconi a produit des effets dévastateurs", souligne le quotidien conservateur romain Il Tempo.

Quelles responsabilités ?

Même les journaux de gauche, à la pointe des campagnes contre Berlusconi, reconnaissent que les tensions politiques en sont arrivées à un stade inquiétant et que cette attaque ne fera rien pour les apaiser, en tout cas dans l''immédiat.

"C''est la preuve d''une détérioration de l''affrontement politique en Italie", souligne Ezio Mauro, rédacteur en chef de La Repubblica. Pour l''Unità, l''organe du Parti démocrate, le principal parti d''opposition, cette agression est "une folie".

Mais la présidente du parti, Rosy Bindi - elle-même moquée pour un physique soi-disant ingrat par le président du Conseil - estime que Silvio Berlusconi "ne devrait pas jouer les victimes" car il participe de ce climat en insultant ses opposants et en assimilant toute opposition à des "communistes" déterminés à le renverser.

L''ancien magistrat anti-corruption Antonio Di Pietro, à la tête aujourd''hui d''une petite formation d''opposition, a été sévèrement tancé par les alliés du chef du gouvernement pour avoir jugé que Silvio Berlusconi était à l''origine de sa propre agression par sa politique de confrontation permanente.

Il Giornale, propriété de la famille Berlusconi, écrit que l''agresseur certes était un déséquilibré mais "nous savons tous qui est responsable moralement". "L''agression a été rendue possible par un climat: on qualifie Berlusconi de dictateur, de fasciste, de tyran, de monarque absolu qu''il faut renverser à tout prix."

Malgré son année tumultueuse, le président du Conseil bénéficie toujours d''une forte popularité, même si un sondage Ipsos publié samedi par La Stampa a montré un effritement de sa cote de confiance, en baisse de quatre points à 50%. C''était toutefois à la veille de son agression, qui devrait le voir bénéficier d''un regain de sympathie.

(Source : Reuters)