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Libye: A quoi joue l''OTAN?

20 septembre 2011, 00:00

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Libye: A quoi joue l''OTAN?

Il serait temps que l’on se pose la question suivante: que fait encore l’Otan en Libye? Officiellement, le régime de Kadhafi est tombé, la population civile de Benghazi n’est plus menacée comme c’était le cas en mars dernier et l’ancien «Guide» est en fuite, caché quelque part dans le sud libyen, écrit Akram Belkaïd dans SlateAfrique. Extraits.

Quatre semaines après l’entrée des rebelles du Conseil national de transition (CNT) dans Tripoli (le 21 août 2011), il semble bien que les forces de l’Alliance atlantique soient en train de passer outre le mandat qui leur a été conféré par la résolution 1973.

Une grosse odeur de pétrole

« Bien entendu, il ne s’agit pas de verser dans l’angélisme et de feindre de s’étonner face à ce qui était prévisible. L’auteur de ces lignes était pour l’intervention contre Kadhafi, tout en se doutant bien que l’implication militaire de la France et de la Grande-Bretagne, sans oublier celle des États-Unis, ne s’est pas faite uniquement pour le bien-être du peuple libyen. On le sait, l’affaire avait, dès le départ, une grosse odeur de pétrole et ce n’est pas le groupe Total qui démentira la chose, lui dont le patron n’a même pas attendu que toutes les armes se soit tues pour déclarer au quotidien économique allemand Handelsblatt qu’au-delà des activités qui existent déjà, la compagnie pétrolière voyait aussi en Libye des opportunités pour de nouvelles affaires », poursuit l’auteur.

« Soyons clair, il ne s’agit pas de bouder la satisfaction de voir un autre dictateur arabe être chassé du pouvoir en espérant que d’autres suivront. Mais il est temps de remercier les forces de l’Otan et de les prier de rentrer chez elles, quitte à passer pour d’infâmes ingrats. C’est même un conseil qui relève du bon sens. Chaque jour qui fuit rapproche ces forces d’un futur bourbier, politique et militaire, qu’il leur est encore temps d’éviter », estime Akram Belkaïd.

Kadhafi encore dangereux ?

Pour justifier le maintien des bombardements de l’Otan, nombre de responsables occidentaux ont expliqué que Kadhafi serait encore dangereux. Il faudrait savoir! Est-il en fuite ou tout simplement susceptible de revenir aux affaires? Et, là aussi, il serait normal de s’en tenir à la résolution 1973 ou d’en adopter une nouvelle qui préciserait le champ d’action d’armées étrangères qui sont désormais aux côtés des nouveaux maîtres de la Libye.

Comme le relève si bien l’expert Patrick Haimzadeh, la terminologie en vigueur est en train d’évoluer. Il y avait les «troupes de Kadhafi» contre les «rebelles» on évolue désormais vers une variante qui oppose les «troupes du CNT» aux «loyalistes». Et peut-être que demain, on aura affaire à «l’armée libyenne» (fidèle au CNT) contre les «nouveaux rebelles» (les loyalistes d’aujourd’hui).


Les civils de Syrte et de Bani Walid ?

Au passage, relevons cette contradiction majeure dans l’action de l’Otan. Avoir sauvé la population civile de Benghazi restera bel et bien à son actif. Mais qui défendra les civils de Syrte ou de Bani Walid? Dans ces villes encore tenues par les «loyalistes», ces civils semblent être dans le mauvais camp. Ne doit-on pas les protéger aussi contre d’éventuelles exactions, en évitant par exemple que ne se répètent ces chasses à l’homme que connaît Tripoli depuis la fuite du berger devenu colonel, puis «roi des rois» d’Afrique?

Ce qui se passe actuellement autour des «derniers bastions kadhafistes» relève de la responsabilité directe des parrains du CNT. Il serait terrible que la chute du régime de Kadhafi soit entachée de massacres de civils punis pour lui être restés fidèles.

Photo (Reuters) : Des combattants anti-Kadhafi à Herawa, 52 km à l''''est de Syrte, le 18 septembre 2011.

Source : SlateAfrique