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Libye : les pressions s''intensifient pour contraindre Kadhafi au départ

29 mai 2011, 00:00

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Libye :  les pressions s''intensifient pour contraindre Kadhafi au départ

L''''aviation de l''Otan a détruit la nuit dernière les tours de guet d''une résidence de Mouammar Kadhafi à Tripoli, a annoncé samedi un responsable de l''alliance.

Un peu plus tard, un raid aérien a été lancé en plein jour sur Tripoli, dans le cadre d''une intensification des pressions militaires et diplomatiques exercées sur le dirigeant libyen pour qu''il renonce au pouvoir.

"Les Typhoons de la RAF ainsi que d''autres appareils de l''Otan ont utilisé la nuit dernière des armes à guidage de précision pour détruire des tours de guet sur les murailles entourant le complexe de Bab al Aziziyah du colonel Kadhafi, dans le centre de Tripoli", dit un communiqué du général John Lorimer, porte-parole militaire britannique.

"Ce grand complexe n''était pas seulement sa résidence, mais aussi une importante caserne et un QG militaire au centre de son réseau de police secrète et de renseignements. De précédentes attaques de l''Otan avaient frappé des installations de commandement et de contrôle au sein de ce complexe", ajoute le communiqué.

Cette cinquième nuit consécutive de bombardements sur la capitale libyenne a été suivie, vers 08h00 GMT, d''une forte détonation dont on ne sait si elle a été causée par une bombe ou par un missile, ni quelle en était la cible.

Un porte-parole militaire de l''Otan a déclaré que le raid en plein jour avait ciblé "un entrepôt de véhicules à 600 ou 800 mètres à l''est de la ''zone privée'' où est plantée la tente de Kadhafi". "Il ne fait pas partie du principal complexe de Kadhafi", a-t-il ajouté.

La radio-télévision libyenne et la chaîne arabe d''information Al Arabia ont rapporté que, dans la nuit de vendredi à samedi, des raids de l''Otan avaient aussi causé des dommages "humains et matériels" près de Mizda, au sud de Tripoli.
Médiation russe

La Russie s''est jointe, le vendredi 27 mai, aux dirigeants occidentaux pour exhorter Kadhafi à quitter le pouvoir, et elle a offert sa médiation à cet effet.

Ce changement d''attitude de Moscou, qui avait précédemment critiqué les bombardements de l''Otan en Libye, vient conforter l''alliance.

L''Otan effectue depuis dix semaines des raids aériens dans le cadre d''un mandat du Conseil de sécurité sur la protection des civils contre les attaques des forces kadhafistes.

Ce faisant, l''alliance s''est néanmoins placée de fait aux côtés des insurgés qui cherchent à renverser Kadhafi.
Lors de la réunion du G8, à Deauville, le Premier ministre britannique David Cameron a dit que la guerre menée en Libye abordait une nouvelle phase et que le déploiement d''hélicoptères Apache britanniques accroîtrait la pression sur Kadhafi.
Le président russe Dmitri Medvedev a affirmé que Kadhafi, qui s''est emparé du pouvoir en 1969 à la faveur d''un coup d''Etat, n''était plus considéré comme le dirigeant de la Libye par la communauté internationale.

Il a ajouté qu''il envoyait un émissaire en Libye pour entamer des discussions, sans cependant présenter de plan précis pour un départ du colonel Kadhafi.

A Tripoli, le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a déclaré lors d''une conférence de presse que le gouvernement n''avait pas été officiellement informé de la position russe. "Toute décision sur l''avenir politique de la Libye appartient aux Libyens et à personne d''autre", a-t-il souligné.

En dépit du revirement russe, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, s''est montré sceptique quant aux perspectives de départ volontaire du dirigeant libyen.

"Connaissant son état d''esprit, je ne pense pas qu''il soit prêt à céder", a-t-il dit.

De précédentes tentatives de médiation menées par l''Union africaine, la Turquie et les Nations unies se sont heurtées au refus de Kadhafi de partir et à celui des insurgés d''accepter toute autre issue.

Sur le terrain, Misrata, aux mains des insurgés, a été vendredi, pour le deuxième jour consécutif, le théâtre de violents combats.

Des médecins de l''hôpital de Misrata, troisième ville de Libye, ont fait état de cinq morts et une quinzaine de blessés parmi les insurgés.

Combats dans l''ouest

Les forces kadhafistes ont aussi intensifié leurs attaques contre Zentane, dans une région montagneuse à la frontière tunisienne, où les rebelles résistent depuis plusieurs mois à leurs assauts.

Dans une lettre ouverte adressée via internet au secrétaire général des Nations unies, Ban ki-moon, le Mouvement de la jeunesse libyenne lance un appel à l''aide pour la population de deux villes de l''ouest, Yafran et Qala''a, assiégées depuis le 3 avril par les forces gouvernementales.

La lettre, dont le contenu n''a pu être vérifié, explique que les habitants sont privés d''électricité et sont à court de vivres, d''eau et de médicaments. Elle ajoute que trois civils ont été tués ces dernières 24 heures et que deux personnes ont succombé à une crise cardiaque ces deux derniers jours.

Samedi, Djouma Ibrahim, porte-parole des insurgés à Zentane, a déclaré que Yafran restait contrôlé par les gouvernementaux mais que les insurgés avaient attaqué les forces kadhafistes à al Kiklah, à 15 km à l''est de Yafran.
"Trois révolutionnaires ont été tués dans la bataille, a-t-il dit. Les révolutionnaires ont détruit plusieurs véhicules militaires, notamment des véhicules de transport de troupes et des batteries d''artillerie. Trente soldats de Kadhai et deux officiers ont été pris en otages."

A Benghazi, deuxième ville du pays et siège d''un gouvernement provisoire instauré par les insurgés, l''ancien gouverneur de la banque centrale libyenne, Farhad Omar Bin Guidara, qui avait quitté le pays en février, a annoncé vendredi qu''il apportait sa coopération aux rebelles.