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Libye : la libération proclamée dimanche

22 octobre 2011, 00:00

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Libye : la libération proclamée dimanche

Les nouvelles autorités libyennes annonceront, le dimanche 23 octobre, la libération totale du pays, a déclaré le ministre libyen de l''''Information, Mahmoud Chammam, malgré les incertitudes sur le sort de la dépouille de Mouammar Kadhafi et sur les circonstances de sa mort.

La mort, le jeudi 20 octobre, de l''ancien homme fort de Libye et la prise de Syrte, sa ville natale, ont mis un point final à une révolution, suivie d''une guerre civile et d''une intervention militaire extérieure, déclenchée il y a huit mois.

Prévu jeudi, puis vendredi, puis samedi, le "discours de libération" sera finalement prononcé dimanche à Benghazi, berceau de la révolution, par le président du Conseil national de transition (CNT) Moustapha Abdeljalil. Il marquera le début du calendrier vers l''établissement d''un régime démocratique.

"Cela aura lieu dimanche après-midi, vers 16h00" (14h00 GMT), a précisé vendredi soir le ministre de l''Information. "Ce sera une annonce publique, je pense sur la grand-place de Benghazi, par Moustapha Abdeljalil."

La fuite vers le Niger de Saïf al-Islam, ex-dauphin présumé du "guide", et d''Abdallah al Senoussi, l''ancien chef des services de renseignement, laisse toutefois un goût amer aux nouvelles autorités.

Le corps de Kadhafi, conservé sous haute garde à Misrata dans une chambre froide, le contrôle des armes de l''ancien régime et de ses ressources pétrolières sont autant de motifs de désaccord entre les factions qui ont renversé ce régime autoritaire.

Ces rivalités régionales et tribales repoussent la date de l''enterrement de Mouammar Kadhafi, dont la tempe porte la marque d''une balle et le corps les stigmates de son arrestation mouvementée.

Le haut commissariat de l''Onu aux droits de l''homme et la veuve de l''ancien "guide", réfugiée en Algérie, ont demandé l''ouverture d''une enquête sur les circonstances du décès.

SANS DOUTE ABATTU

Mouammar Kadhafi, 69 ans, se cachait dans une canalisation sous une route lorsqu''il a été retrouvé par des combattants du CNT. L''aviation de l''Otan avait quelques heures plus tôt frappé un important convoi de véhicules fuyant la ville de Syrte.

Le Premier ministre du gouvernement intérimaire, Mahmoud Djibril, assure que Kadhafi a succombé à une blessure par balle à la tête reçue lors d''une fusillade entre ses gardes et les combattants du CNT, alors qu''il était transporté vers un hôpital.

Mais une nouvelle vidéo, le montrant ensanglanté et battu par ses gardes, laisse penser qu''il a été exécuté. On peut entendre un homme qui demande de le "laisser en vie", puis Kadhafi disparaît de l''image et des coups de feu éclatent.

"Alors qu''il était en train d''être emmené, ils l''ont battu et ensuite ils l''ont tué", a dit à Reuters une source de haut rang au sein des nouvelles autorités. "Il a peut-être résisté."

La dépouille de Mouammar Kadhafi est dans une chambre froide qui conserve habituellement de la viande et d''autres produits frais près du vieux marché de Misrata.

Une source haut placée dit à Reuters que les nouveaux dirigeants du pays sont divisés sur le lieu de l''enterrement: "Selon le rite musulman, il doit être enterré rapidement mais ils doivent trouver un accord pour savoir s''il sera enterré à Misrata, Syrte, ou ailleurs."

Selon un haut responsable des forces du CNT, des membres de sa tribu, les Kadhafa, discutent de la possibilité de récupérer son corps pour l''enterrer dignement, procédure qui respecterait une tradition déjà observée pour Saddam Hussein.

Mais le CNT souhaiterait que Kadhafi et son fils Moutassim, également tué jeudi, soient inhumés en un lieu secret, à l''inverse de l''ancien dictateur irakien, pour empêcher que son tombeau devienne un lieu de pèlerinage.

RIVALITÉS RÉGIONALES

Le gouvernement intérimaire a aussi gambergé sur le lieu de "la déclaration de libération" mais a fini par annoncer qu''elle serait prononcée dimanche à Benghazi, deuxième ville du pays, et non à Tripoli, l''actuelle capitale.
Le gouvernement prévoit d''annoncer à cette occasion son transfert à Benghazi, dans l''Est, d''où est partie l''insurrection mi-février.

Les combattants de Misrata, troisième ville de Libye qui a payé le plus lourd tribut à la répression menée par Mouammar Kadhafi, espèrent aussi obtenir plus d''influence au sein du gouvernement.

Les rivalités régionales sont fortes dans un pays formé de toutes pièces par le colon italien dans les années 1930. Kadhafi a parfois tiré profit de ce puzzle tribal pour contrôler le pays, peuplé de six millions d''habitants seulement mais aux grandes ressources énergétiques.

La communauté internationale appelle d''une seule voix à l''unité et au lancement du processus de démocratisation.
Les Libyens doivent "surmonter les blessures du passé, regarder vers l''avenir sans sentiments de rancune ou de revanche", a dit le chef de la Ligue arabe Nabil El Arabi.

"C''est vraiment aux Libyens de construire l''avenir, pas à nous", a renchéri Nicolas Sarkozy. "J''attends qu''ils nous disent très exactement quelles sont leurs demandes."

L''Otan devrait mettre fin à ses opérations militaires en Libye le 31 octobre, a déclaré à Bruxelles le secrétaire général de l''Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen.

"Nous avons constaté que nos opérations étaient très proches d''être achevées et nous avons pris une décision préliminaire, celle de mettre un terme le 31 octobre à la mission", a-t-il dit. Jusqu''à cette date, a-t-il poursuivi, "l''Otan surveillera de près la situation et conservera sa capacité à répondre à toute menace contre les civils".

Une décision officielle sur la fin de la mission sera prise en début de semaine prochaine, a ajouté Rasmussen.
Les grands dirigeants mondiaux n''ont pas regretté la disparition sans procès de Mouammar Kadhafi, pourtant réclamé par la Cour pénale internationale (CPI).

Un procès aurait pu plonger dans l''embarras gouvernements étrangers et compagnies pétrolières occidentales, qui se sont rapprochés de Mouammar Kadhafi ces dix dernières années.

(Source: Reuters )