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Les Sud-Soudanais votent pour la partition avec le Nord du pays

9 janvier 2011, 00:00

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Les Sud-Soudanais votent pour la partition avec le Nord du pays

Quatre millions d''''habitants du Sud-Soudan, majoritairement des chrétiens ou animistes, s''apprêtent à voter, à compter de ce dimanche, pour la partition avec le Nord du pays, principalement musulman.

Le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, a été le premier à déposer son bulletin peu après 08h00 locales (05h00 GMT) à Djouba. Des électeurs ont dormi à la belle étoile et de longues files d''attente se sont formées avant l''aube devant les bureaux de vote de la capitale provinciale.

L''issue de la consultation, prévue par des accords de paix qui ont mis fin en 2005 à un demi-siècle de guerre civile, ne fait pratiquement aucun doute et le président islamiste Omar Hassan al Bachir a semblé se résigner à cette sécession mardi lors d''une visite à Djouba, la future capitale du Sud.

Mais des questions cruciales irrésolues ont été différées au lendemain du vote, qui ont trait à la citoyenneté, au partage des revenus du pétrole, dont le Sud possède 70% des gisements, au tracé exact de la frontière et au sort de la zone litigieuse d''Abyeï, dont les deux parties se disputent la souveraineté et où un référendum séparé est prévu.

La fragilité de la situation a été illustrée vendredi et samedi par des affrontements entre l''armée du Sud-Soudan et des miliciens rebelles qui ont fait six morts.

"Nous n''avons plus que quelques heures avant la plus importante décision de notre vie. Je vous exhorte à prendre votre décision de manière pacifique", a déclaré Salva Kiir avant le démarrage de la consultation.

Quel nom pour le futur état ?

A Djouba, les habitants du Sud ont célébré par avance un vote en faveur de l''indépendance, présenté sur des banderoles comme la "dernière marche vers la liberté".

"Bien sûr que je voterai pour la séparation. Il faut qu''on se libère des Arabes", a déclaré Justin Victor, pasteur d''une congrégation épiscopale.

Dans le Nord, la partition est accueillie avec un mélange de résignation et de ressentiment. "On ressent de la tristesse et de la colère en même temps", a déclaré Ibrahim Ghandour, un haut responsable du Parti du Congrès national au pouvoir à Khartoum, la capitale où aucune banderole ne signalait dimanche la tenue de ce scrutin historique.

Nombre d''observateurs prédisent que le gouvernement central de Khartoum retardera le plus possible son acceptation du résultat de la consultation - attendu avant le 15 février - car il a d''ores et déjà fait état de fraudes aux inscriptions sur les listes électorales et les a portées devant la Cour constitutionnelle, dans l''espoir de retarder le processus.

Le Sud espère quant à lui être en meilleure position de négociation après la proclamation du résultat du référendum et ne plus avoir le couteau sous la gorge pour discuter des modalités de son divorce avec le Nord.

Même le nom du futur 54e membre de l''Union africaine (UA) et 193e pays du monde, dont le statut est revendiqué par les indépendantistes, n''est pas une affaire réglée. Parmi les appellations envisagées: Nouveau Soudan, Equatorie, Djouwama et République du Nil.

Le Nord et le Sud devront s''entendre sur une forme de partage des richesses pétrolières, dont ils dépendent tous deux. Si le Sud recèle 70% des gisements, toutes les infrastructures se trouvent dans le Nord, aussi les royalties dépendent-elles de bonnes relations bilatérales.

Une fois les lampions éteints...

Une fois les lampions des festivités d''indépendance éteints, les dirigeants des deux Etats distincts devront s''asseoir à une même table pour prendre des décisions dans l''intérêt mutuel de leurs populations et de leurs économies respectives.

Le rôle de la communauté internationale sera crucial à cette étape. Si la plupart des pays donateurs concentreront leur aide et leur attention sur le Sud, pour prévenir l''échec du nouvel Etat, handicapé par sa pauvreté, la communauté internationale devra aussi éviter que le Nord ne glisse vers le radicalisme islamique.

"Nous proposons des incitations économiques pour encourager le Nord à une gouvernance plus pluraliste et ouverte après la sécession", précisé à ce propos un haut diplomate occidental, mais les analystes les estiment insuffisantes.

L''inculpation de Bachir par la Cour pénale internationale de La Haye pour génocide et crimes de guerre au Darfour demeure l''obstacle majeur à la véritable incitation que constituerait la levée des sanctions commerciales décrétées par les Etats-Unis contre Khartoum et à l''effacement de sa dette extérieure.

Aussi, si le résultat du référendum sur l''indépendance du Sud-Soudan ne fait guère de doute, les problèmes du Soudan sont-ils loin d''être résolus.

(Source : Reuters)