Publicité

Les pilotes du Rio-Paris ont lutté avec les commandes

27 mai 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Les pilotes du Rio-Paris ont lutté avec les commandes

Les pilotes du vol AF447 d''''Air France ont lutté le 1er juin 2009 pendant plus de quatre minutes avec les commandes de l''appareil avant qu''il s''abîme dans l''Atlantique, entraînant la mort de 228 personnes.

Le Bureau d''enquêtes et d''analyses (BEA) a décidé de rendre publics les données et les enregistrements de conversations des pilotes du vol Rio Paris extraits des "boîtes noires" repêchées début mai, à la suite d''informations contradictoires publiées ces derniers jours dans les médias.

La publication du rapport d''étape qui doit expliquer les causes de la catastrophe est toujours prévue d''ici fin juillet.
Après le désengagement du pilotage automatique pour des raisons non précisées, l''A330 d''Airbus est monté jusqu''à 38.000 pieds, puis l''alarme de décrochage s''est déclenchée et l''avion a effectivement décroché.

"Les ordres du pilote en fonction ont été majoritairement de cabrer", souligne le BEA, précisant que la descente a durée 3 mn 30 pendant lesquelles l''avion est resté en situation de décrochage. "Les moteurs ont fonctionné et toujours répondu aux commandes de l''équipage".

Le pilote en fonction qui est resté aux commandes de bout en bout est le plus jeune des trois. Le commandant de bord avait au décollage la fonction de copilote.

Au moment de l''événement, le commandant de bord venait de partir en repos tandis que les deux copilotes se trouvaient dans le cockpit, mais il est revenu dans le poste de pilotage "environ 1 mn 30 après le désengagement du pilote automatique", soit à 2 h 11 minutes 40 secondes GMT, précise le BEA.

"CONSTATATIONS", PAS "COMPRÉHENSION"

Au moment où le commandant de bord revient dans le cockpit, l''avion a déjà décroché, a-t-on expliqué au BEA. L''avion a perdu 3.000 pieds et l''avion subit des oscillations qui atteignent parfois 40 degrés.

"Je n''ai plus aucune indication", dit le pilote en fonction, à 2 h 12 minutes 02 secondes GMT. L''hypothèse d''un problème de sondes de mesure de vitesse du type Pitot, fabriquées par Thales et qui équipaient les A330 et A340, a été avancée comme une cause possible du drame. Les Pitot ont été remplacées par d''autres sondes sur toute la flotte Air France après l''accident.

Les sondes Pitot de l''épave pourraient être remontées plus tard. Ces petits tubes placés à l''avant de l''appareil givraient à haute altitude, ce qui aurait pu perturber le pilotage.

Avant l''analyse des boîtes noires, le rapport d''expertise judiciaire soulignait que neuf incidents similaires étaient survenus sur vols Air France dans les mois précédant l''accident et que les équipages n''étaient pas "préparés à les affronter" faute "d''information et d''entraînement".

Le résultat des deux enquêtes, celle conduite par deux juges d''instruction et celle du BEA, revêt de forts enjeux judiciaires et industriels. Airbus et Air France ont été mis en examen en mars pour homicides involontaires.

"Ce que nous publions aujourd''hui, ce ne sont que des constatations et ce n''est pas la compréhension de l''événement", a déclaré Jean-Paul Troadec, le directeur général du BEA, évoquant comme au début de l''enquête une combinaison de facteurs techniques et humains. "Pour comprendre comment tout cela s''est enchaîné, c''est un travail qui commence".

Il a affirmé que le BEA n''avait subi aucune pression d''Airbus ou d''Air France, les seules pressions étant "les pressions médiatiques".

Airbus a indiqué dans le communiqué que les informations publiées par le BEA "constituent un pas important en vue de l''identification de la totalité de la chaîne d''événements qui a conduit à l''accident tragique du vol Air France 447".

(Source : Reuters)