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?Les opérateurs mauriciens sont bien placés pour participer à des projets en Afrique?

1 novembre 2006, 00:00

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lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

● <B>Quelles sont les principales références de ?Loita Capital Partners? sur le marché des capitaux en Afrique ? </B>

Loita Capital Partners est une société engagée dans l? investment and merchant banking. Nous sommes engagés en Afrique depuis 14 ans, soit depuis la création de la compagnie. Nous réalisons des montages financiers et nous procédons aux levées de fonds pour financer des projets sur le continent. Nous avons à ce jour levé un fonds de $3 milliards pour différents projets dans plusieurs pays.

Cette année-ci nous avons réussi plusieurs grosses transactions. Nous avons ainsi donc collecté $50 millions pour une activité d?importation de pétrole au Zimbabwe. Nous avons réalisé cette opération en partenariat avec la Banque nationale Paris Bas. Nous sommes particulièrement satisfaits de la réussite de cette entreprise dans la mesure où très peu de groupes veulent investir au Zimbabwe en ce moment.

Loita Capital Partners a aussi aidé à créer un fonds d?export en Zambie totalisant $80 millions. Il existe dans ce pays un énorme potentiel d?exportation. Ce fonds est destiné à financer les activités des exportateurs.

Nous avons travaillé avec l?institution bancaire panafricaine, l? Afri-Exim Bank, pour ce projet.

?Les opérateurs mauriciens sont bien placés pour participer à des projets en Afrique(...) Nous pouvons les aider à trouver des financements ainsi que des partenaires financiers.?

Nous avons aussi récemment finalisé une très grosse transaction au Kenya en mettant en place un consortium pour lancer le deuxième opérateur de télécoms dans ce pays. Il y avait un appel d?offres pour une licence de deuxième opérateur national. Nous avons identifié les partenaires pour participer au consortium. Loita Capital Partners les a conseillé à divers niveaux du processus des appels d?offre, c?est-à-dire au niveau du technical bid et du financial bid.

Nous avons procédé à l?évaluation de la licence et vérifié la viabilité du projet. On a amené les financiers, dont les banques et les fonds de capital-risque, à soutenir ce même projet. Nous avons qui plus est eu l?accord de principe de cinq banques basées au Kenya pour assurer la syndication des dettes.

Rien que la licence en elle-même coûte $170 millions. La mise en ?uvre du projet va coûter le double. Ce sera la plus grosse entrée d?investissement direct étranger jamais enregistrée au Kenya.

● <B>Quels sont les types de projets que vous financez ? </B>

Nous faisons beaucoup de trade finance. Les opérateurs nous sollicitent pour que nous fassions la structuration de leurs activités d?import-export.

Nous sommes une banque d?investissement. Le client nous donne un contrat pour effectuer des levées de fonds et réaliser des montages financiers. Nous amenons les banques avec qui nous travaillons à entrer dans la syndication. Nous travaillons ainsi donc avec les grandes banques en Afrique.

Le montant minimal des transactions dans lesquelles nous nous engageons est de $5 millions. Nous travaillons surtout dans des pays où les banques classiques ont des difficultés à financer l?import-export. Nous intervenons en les réunissant autour des syndications.

En ce moment, nous sommes en train de travailler au Nigeria et au Soudan, soit des pays qui inspirent la peur. Mais nous arrivons à trouver des financiers pour soutenir des opérations même dans ces pays.

L? investment banking est un concept qui existe depuis longtemps aux Etats-Unis et qui s?est répandu dans d?autres places financières. Loita Capital Partners est le lead arranger dans des programmes d?émissions d?obligations et des offres publiques d?actions.

À part les activités d?import-export, nous faisons aussi du project finance pour des gros projets tels la production d?énergie et la construction des grands hôtels.

● <B>Quelles sont les opportunités pour ce type de financement à Maurice ? </B>

Nous n?avons pas de projet à ce stade à Maurice. Mais nous souhaitons amener les sociétés mauriciennes à travailler en Afrique. Il y a beaucoup de projets en Afrique qui peuvent intéresser les banques mauriciennes. Nous pouvons les amener autour des syndications.

Les opérateurs classiques locaux qui évoluent dans les secteurs de l?hôtellerie, de la distribution et de la télécommunication peuvent y trouver leur compte. Il y a aussi des opérateurs sucriers et de textile qui peuvent être partie prenante des entreprises sur le continent.

Les opérateurs mauriciens sont bien placés pour participer à des projets en Afrique. Ils ont de l?expertise et pourront se présenter en tant que partenaires stratégiques pour des sociétés africaines.

Nous pouvons les aider à trouver des financements ainsi que des partenaires financiers.

● <B>Quelles sont les perspectives d?investissement pour les entreprises mauriciennes en Afrique ? </B>

Il y a des choses intéressantes qui se passent dans le secteur bancaire sur le continent. Il y a des opportunités pour les banques mauriciennes dans le domaine du corporate banking et des financements des projets dans des arrangements du type syndication. Dans le moyen terme, elles peuvent même envisager des activités de retail banking.

L?année dernière le Nigeria comptait 85 banques. Aujourd?hui, suite à une nouvelle politique de la Banque centrale de relever le minimum de capital d?une agence bancaire à $250 millions, il y a eu un mouvement de consolidation au sein de l?industrie. Il n?y en a aujourd?hui plus qu?une vingtaine.

La plus petite banque nigériane est plus grande que la première banque de Maurice. Du coup, les banques nigérianes sont devenues hyper liquides et sont en train d?investir dans d?autres pays. Elles sont même en train de racheter des petites banques dans d?autres pays.

Ces agences sont en pleine expansion. Cela peut ouvrir de nouvelles voies pour des banques mauriciennes qui souhaitent participer à des financements. Il y a des ouvertures surtout en Afrique de l?Est et du Sud.

Il y a également des débouchés pour les sociétés de leasing. Les activités de crédit à bail ne sont pas encore bien développées en Afrique.

D?autre part, des groupes financiers mauriciens peuvent monter et opérer des fonds d?investissement à Maurice et investir sur le continent.

Plusieurs économies africaines sont en train d?enregistrer de fortes croissances. Le Nigeria a beaucoup profité des prix élevés du pétrole. Il y a beaucoup de secteurs à exploiter au niveau de la consommation interne. C?est aussi le cas pour la Zambie qui vient de découvrir le pétrole. D?autres pays comme l?Angola réalisent des taux de croissance économique de 20 % par an.

La plupart de ces pays ont toujours eu pour politique d?importer pratiquement tout ce qu?ils consomment. Des entreprises manufacturières mauriciennes devront s?y intéresser de près et se positionner dans ce business de substitution à l?importation qui a un énorme potentiel.

● <B>Les sociétés sud-africaines sont très agressives sur le continent?</B>

Les groupes sud-africains ont beaucoup d?argent et ont d?ambitieuses stratégies de développement en dehors de leur pays. Pour eux, tout le continent n?est qu?un seul et même pays.

Ils sont partout. Leurs enseignes sont présentes dans pratiquement tous les pays africains. Ils sont aussi très forts dans l?hôtellerie. Un groupe sud-africain est en train d?investir $300 millions dans un projet hôtelier en Zambie à côté deVictoria Falls.

Ils investissent aussi beaucoup dans les télécommunications dans plusieurs pays.

Les banques sud-africaines connaissent aussi beaucoup de succès grâce à cette stratégie des opérateurs de diversifier leurs activités ailleurs. Si les entreprises mauriciennes veulent investir en Afrique, elles n?ont qu?à faire appel aux banques et aux fonds de capital-risque en Afrique du Sud. Ces derniers sont très intéressés à financer les sociétés mauriciennes.

Les entreprises mauriciennes peuvent maintenant émettre des instruments de dettes sur les Bourses sud-africaines. La Mauritius Commercial Bank vient d?ailleurs de profiter de cette nouvelle possibilité en y levant des fonds.

● <B>Quel type de montage financier serait-il plus approprié aux sociétés mauriciennes qui veulent se lancer en Afrique ? </B>

Les groupes mauriciens ont une success story en Afrique et ils ont de l?expertise dans plusieurs domaines. S?ils viennent avec des projets, il y aura plusieurs banques et fonds d?investissements qui seraient intéressés à les financer et à travailler avec eux. En moyenne, je pense que les entreprises mauriciennes n?ont qu?à investir entre 15 à 20 % du capital. Le reste pourra être financé par des banques et des fonds de capital-risque.

● <B>Dans quelle mesure peuvent-elles investir à l?étranger sans mettre de la pression sur le marché de change à Maurice ? </B>

Cela dépend si elles empruntent en devises étrangères ou en monnaies locales. Si elles investissent dans un projet qui ne va pas générer des revenus en devises étrangères, il serait peut-être mieux qu?elles structurent l?investissement en monnaies locales.